Curés


Jules-Alexis Muenier - La leçon de catéchisme, 1890

En dehors des prieurs, la plus ancienne référence à un membre du clergé rattaché à l'église de La Foye concerne Michel SÉNÉCHAL (peut-être celui-ci), vicaire de La Foye-Monjault en 1619-1621, qui signe plusieurs actes dans les registres de Frontenay.



Les curés de La Foye, de 1631 jusqu'aux années 1960 :


  • Martial GUERGUIERA, ca 1631 [1]. Son nom apparaît dans un acte dressant le rôle de la taille. C'est un patronyme extrêmement rare, que l'on relève au XVIIe siècle en Charente Maritime sous la forme francisée GUERGUIER ou GUERGIER. Peut-être relié à Renée GUERRIER, épouse à La Foye de Pierre PASTUREAU.

  • Jean MONTBRIAL (ou MOMBRIAL, ca 1600-1680), successeur probable de Martial GUERGUIERA dès 1650 et prédécesseur d'Elie FAVIER, il est noté comme curé du village dès 1665, dans l'acte de mariage de François POUPEAU, son paroissien, à Sainte-Pézenne. Il décède à La Foye le 1er janvier 1680, âgé de 80 ans, et sera inhumé dans le chœur de l'église. Pierre PARRÉ, son neveu, assiste aux obsèques. Deux ans plus tôt, il signe l'acte de baptême d'Élie ARNAULT en février 1678, Élie FAVIER étant à cette occasion parrain de l'enfant. Jean était peut-être originaire de Queyssac-les-Vignes en Corrèze (voir cette famille sur Geneanet, dans laquelle on retrouve l'orthographe MOMBRIAL).




  • Elie FAVIER (ca 1647-1702), curé dès juillet 1674 (en tout cas d'octobre 1675) jusqu'à son décès en juillet 1702, âgé de 55 ans, inhumé à Notre-Dame. Il est le fils d'Élie, maître apothicaire à Niort, et de Marie GAMIN. Son grand-père, Georges FAVIER, vivait à Saint-Maixent, lui aussi apothicaire, docteur en médecine et échevin. Avant de devenir le curé de La Foye-Monjault, Élie fut diacre vicaire à Notre-Dame de 1672 à 1674 (il remplace le vicaire LEFEBVRE). Âgé de 25 ans, il assiste alors le curé François PRUNIER, avec l'aide de Philippe PIET, sous-diacre. C'est Élie qui tient les registres de Notre-Dame, remplacé à la plume après son départ par le vicaire HURTEBISE. En 1678, il marie à La Foye François FAVIER, son frère, maître apothicaire à Niort, avec Marie BEAUMIER. La famille Favier comptait des relations au village, puisque François fut aussi témoin au mariage de François TUSSEAU et Marie DELEZAY en 1681, témoin du côté de l'épouse. Du point de vue de la tenue des registres qui débutent avec lui, Élie fut peut-être le meilleur des curés de La Foye, avec plus tard Claude-Martin DESPRÉS. Son écriture au style souple très reconnaissable, est facile à lire. Les registres semblent relativement complets pour l'époque, à l'exception des trois années qui précèdent son décès.





  • Daniel MACARTHY, curé d'août 1702 jusqu’à sa mort en novembre 1714 (il est également inhumé dans le chœur de l'église). Avec lui, les registres ne sont plus tenus qu'occasionnellement, en particulier lors des mariages. C'est (hélas pour les généalogistes) une tendance qui perdurera jusque vers la fin de l'office de Louis LIGAULT. Le père MACARTHY était un immigré catholique venu d’Irlande. Il était accompagné par plusieurs membres de sa famille, dont Marie, sans doute sa sœur, marraine à La Foye. Et peut-être aussi par un frère dont le prénom ne nous est pas connu mais qui lui succèdera brièvement en 1714. Les Irlandais, alors nommés Hibernois par référence au nom antique de l’Irlande, avaient commencé à immigrer en France dès le début du XVIIe siècle. Beaucoup s'établirent à Poitiers [Cf. Sébastien Jahan, Les exilés irlandais en Poitou aux XVIIe et XVIIIe siècles]. Les MACARTHY arrivèrent vraisemblablement en France en 1691. Cette année-là, la tentative de Jacques II d'Angleterre pour reconquérir son trône avait échoué en Irlande. Ses troupes, les jacobites, alliées aux catholiques irlandais et au royaume de France, s'étaient opposées à Guillaume III d'Angleterre, appuyé par les Provinces-Unies, à la tête d'une armée composée d'Anglais, d'Écossais, de Hollandais, de huguenots français, de Danois, de Norvégiens et d'orangistes et protestants irlandais. Après la défaite d'Aughrim et le siège de Limerick, l'armée jacobite irlandaise quitta l'Irlande pour la France, devenant la brigade irlandaise. Elle fut accompagnée d'une émigration qui comprenait probablement les MACARTHY. Il faut ajouter qu'en 1698, Louis XIV réorganisa ses troupes irlandaises avec pour conséquence la démobilisation de 8000 hommes, réduits avec leur famille au chômage. Certains parvinrent à se replacer ou partirent offrir leurs services à d’autres puissances catholiques comme l’Espagne. Les autres furent réduits à la mendicité, la fin du règne de Louis XIV étant une période difficile pour l'ensemble de la population, notamment lors du terrible hiver de 1709 et de la crise frumentaire qui s'ensuivit.



  • de MAHONY, prêtre et aumônier sur les vaisseaux du roi, rédigea les actes en novembre 1714. [2]






  • MACARTHY, deuxième du nom, curé de novembre 1714 à 1716








  • Louis LIGAULT (1687-1744), curé de 1717 jusqu'à sa mort en août 1744. Fils de Charles LIGAULT, maître vitrier de la paroisse de Notre-Dame, Niort, et de Marie BOURDIN. Il est le dernier prêtre a avoir été inhumé dans le chœur de l'église. Avant de devenir curé de La Foye, il fut parrain en 1709 et 1711 à Niort, alors qualifié par le curé PIET de clerc tonsuré du diocèse de Poitiers et prieur de Montandret, en Charente Maritime [3]. En juillet 1723, il fut brièvement assisté par Louis SAUVAGET, prêtre vicaire d'Usseau. Du point de vue de la tenue des registres, de tous les curés de La Foye, Louis fut peut-être le moins appliqué. Sous son office, la plupart des actes manquent (en 1747, MARCHET, son successeur, aura recours aux anciens pour confirmer la parenté de Pierre BOUHIER à deux demoiselles venues de la Rochelle). Il écrivait souvent d'une façon brouillon, et l'on peut supposer à la lecture des actes qui précédent son décès qu'il fut longtemps mal portant. Mais il avait le respect de ses pairs : tous les curés des paroisses voisines se déplacèrent pour assister à ses obsèques. Son neveu, Jean LIGAULT, sera lui aussi curé à La Charrière, à Prahecq et au Cormenier, de 1741 à 1766.






  • DÉAN, prêtre vicaire d'Usseau, rédigea les actes en août 1744.






  • Pierre François MARCHET (1711-1779), curé de La Foye de septembre 1744 à juin 1763, puis curé de La Rochénard où il décédera. Avant cela, il fut prêtre vicaire de Marigny dès 1743, servant sous Savin DOLLEAU. Il est le fils de François MARCHET, maître cordonnier à Notre-Dame, Niort, et Suzanne FOURRÉ. Ce couple viendra habiter à La Foye durant son office (ils y sont notés en 1750). Mais les MARCHET comptent déjà de la famille au village dès avant 1684 : François (père du précédent, lui aussi de Niort) et son frère Laurent, de Marigny, sont témoins à La Foye au mariage de Jean LAIDET, dont la mère Marie MARCHET. Pierre François est le troisième enfant d'une fratrie de quinze (sept fils et huit filles, dont neuf mourront en bas âge). Son frère du même nom, Pierre François MARCHET, est également maître cordonnier à Niort. Sous sa plume, les registres sont de nouveau correctement tenus. En 1756, il fait procès pour injures au fils Laurent LEBRUN de LARGERIE et obtient un jugement favorable. BORY assistera à ses obsèques en 1779, et avant cela à celle de sa mère, Suzanne FOURRÉ, à La Rochénard (il signe les deux actes), en septembre 1763, où MARCHET venait d'être nommé curé.










  • André Jules BORY (1717-1797). Curé d'août 1763 à juin 1789. De loin le plus connu parmi les prêtres du village, cet homme de caractère a su laisser une empreinte dans l'histoire, notamment par le biais de l'écrivain Louis de Fontanes.

Une biographie lui est consacrée sur cette page.








  • Claude-Martin DESPRÉS (1755-1816). Natif de Tremblay-les-Gonesses (aujourd'hui Tremblay-en-France) en Seine-Saint-Denis, Île-de-France. Fils de François et Marie Louise JOLY, il est issu d'une modeste famille de charretiers de Sevran (donc non relié au sieur DESPRÈS, controlleur au bureau de Beauvoir en 1745). Il est le cadet d'au moins trois frères. Il succède à BORY à partir du 30 juin 1789 et jusqu'en mai 93, qui vit l'interruption de la pratique du culte à La Foye-Monjault [4]. Il n'est pas aussitôt installé au presbytère, qu'il se voit affecté par l'imposition des biens ecclésiastiques, faisant état des terres qu'il cultive autour de la maison curiale (il doit payer cinq livres et replanter trois arbres fruitiers qu'il a fait arracher dans un prés voisin, afin de le faire labourer). Il prêta serment en octobre 1792, et fut remplacé à la rédaction des actes à la mi-décembre par Jean-Phillipe CLERC DU FIEFFRANC, officier municipal et membre du conseil général de la commune, lors de la création des registres de l'État-civil. Le 10 mars 1793, lors d'une entrevue avec les autorités municipales en vue d'obtenir un certificat de civisme, il avait été décrit comme ayant une taille d'1.81m (5 pieds 7 pouces, plutôt grand pour l'époque), le visage maigre, les yeux, sourcils et cheveux noirs, et résidant à la maison curiale depuis six mois. Le 12 janvier 1794, lors de la réquisition des biens de l'église, le procureur de la commune se référait à lui comme du « prédicateur de morale ». Le 9 avril, il avait en effet déclaré au commissaire municipal Clerc du Fieffranc avoir rendu ses lettres de prêtrise en janvier de cette année-là (le cinq janvier). Ne pouvant plus être rémunéré comme curé, Després se fit nommer greffier de la municipalité le 18 mai 1794, puis instituteur le 20 avril 1795. Cette même année, en vertu de la loi 30 mai (11 prairial an III), autorisant la restitution légale des églises aux populations qui en feraient la demande, Després engage cette démarche le 2 août auprès des autorités municipales. Il redevient après cela le curé de La Foye et y rétablit le culte catholique. Suivant la visite d'un commissaire du district, le 22 septembre 1795 (6 complémentaire an III) visant à s'assurer du respect des lois républicaines, les habitants consacrent officiellement la réouverture de l'église le 17 décembre 1795 (26 frimaire an IV). À cette occasion, Després prêtera de nouveau serment à l'État. Il sera curé au village jusqu'à sa retraite au début de l'année 1803 (selon les Actes du 89e Congrès national des sociétés savantes, confirmé par un document faisant état des curés à la retraite au premier septembre 1803, dans lequel Després est cité comme ancien curé de LFM). Il y décède le 29 novembre 1816.












Les curés succédant à DESPRÉS furent ensuite :
  • GODEAU, curé peut-être dès 1803 et peut-être jusqu'en 1828.
  • Théodore PRUNIER (1802-), curé dès 1828 et jusqu'en 1852. Témoin au décès du maire Jacques Gabriel Marie MANCEAU en 1828, et noté sur le recensement de 1836, résidant à La Foye [No.27, lot 114, âgé de 34 ans].







  • BRULAY, curé de 1852 à 1855
  • Émile RAMBAUD, curé de 1855 à 1892 [5], aumônier de la colonie pénitentiaire de Tesson dès 1881 (il remplaça dans ce rôle l'abbé DELAVALLE, curé de Beauvoir, qui était membre de la commission de surveillance). [6]  Il était assisté en octobre 1855 de E. BASTARD, président du conseil de fabrique, et des membres du conseil : Jean André FRANÇOIS (maire), Louis MARTIN, DANIAUD, BONNEAU (sans doute Pierre, l'adjoint) et CANTIN (instituteur). En 1872, Émile est secrétaire du conseil de fabrique, auquel participent BIRARD, GÉOFFRIAU et CARRAUD.









  • A. JEAUDEAU, curé de 1892 à 1910. Il contribuera personnellement à plus du quart du coût de reconstruction de la sacristie en 1895. C'est lui qui approuve et signe le devis pour un montant de 880 francs. Un procès verbal datant d'octobre 1912 rapporte que le presbytère est vacant depuis deux ans à cette date.









  • MÉTOIS, curé d'octobre 1912 à 1953. À son arrivé, il accepte la location du presbytère pour 120 francs/an (le procès verbal indique que depuis plus d'un siècle, les curés précédents avaient bénéficié gratuitement du bâtiment et de l'exploitation du prés et jardin attenants). 
  • MÉTAYER, curé de 1953 à 1960
  • GANNE, curé de 1960 à 1969
  • BODIN, curé en 1969 et jusqu'à la fin des années 70.

Les années 60 virent une très forte baisse des vocations religieuses en France, et le nombre de nouveaux prêtres sortant du séminaire diminua, en même temps que la fréquentation des églises. Cette situation poussa le clergé à mutualiser les prêtres. Lorsqu'il prit sa retraite à la fin des années 70, Bodin ne fut pas remplacé. Il fut le dernier curé de La Foye.

Aujourd'hui un groupe de prêtres de la paroisse Sainte Sabine, regroupant un vaste secteur incluant les cantons de Beauvoir, Prahecq, Saint Symphorien et Mauzé, effectue des messes dans chaque église à tour de rôle. À La Foye, il y a une messe au moins une fois par mois.





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Notes
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[1] Communes du Marais Poitevin, Élection de Niort, rôle des tailles en 1631. Martial est noté comme exempt de cet impôt (ce qui reflète simplement la loi, qui en exempte le clergé). Le document indique aussi que la paroisse est de 80 feux, pour une taille de 330 L.

[2] Voir au sujet des aumôniers de marine, l'article d'Histoire-Généalogie, Fleury Roulet, Aumônier des Vaisseaux du Roy

[3] BMS 1709-1710 pour Notre-Dame de Niort, vue 75/91, baptême de Louis Simon LIGAULT (son neveu), et BMS 1710-1711, vue 83/97, baptême de Louis ARNAULT. Louis LIGAULT est avant cela parrain de Louis DROUHET, en juillet 1700, mais sans précision quant à son titre (BMS 1700-1700 vue 56/101).

[4] Archives municipales de La Foye-Monjault.

[5] Le sud des Deux-Sèvres : un pays de mission dans le Poitou du XIXe siècle : III/IV, 3eme partie : La restauration des cadres religieux, Institut Jacques Cartier

[6] La colonie pénitentiaire de Tesson, ou la "traite des petits blancs", Bulletin de la Société historique et scientifique des Deux-Sèvres, 2e série, Tome XIII, 1980, n˚1.

[7] Relation probable du curé Pierre PRUNIER à Saint-Symphorien. Dans les années 1670, Pierre rédige des actes à Notre-Dame, en alternance avec François. En 1668, Léonard PRUNIER, curé de Siecq, se trouve également à Notre-Dame à l'occasion d'un mariage.

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