Préservation du patrimoine :
les cantines des vignerons d'antan


L'une des cantines de La Foye, restaurée en 2005.
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Remerciements à Alain TRAON pour son reportage sur la rénovation de la Cantine à BIRARD (d'après l'article originellement publié sur le site des Fiefs Viticoles).
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Autour du village de La Foye-Monjault, la campagne était autrefois couverte de vignobles. Le travail nécessaire à leur entretien nécessitait de nombreuses journées de travail avec un personnel conséquent et du matériel, et il se faisait en partie dans la période froide et pluvieuse de l’hiver.

Comme les parcelles se trouvaient souvent loin des habitations, il était difficile de rentrer à midi pour déjeuner. Qui plus est, la saison ne se prêtait pas à déjeuner dehors.

Il fut donc nécessaire de construire des cabanes auprès des vignes, la plupart en planches (hélas disparues), mais certaines en pierre comme de vraies maisonnettes. Il en reste encore quelques-unes.

Paradoxalement, celles que l’on connait ont été construites après l’épisode du phylloxéra (1886-1895), au début des années 1900. Il est vrai qu’à l’époque on buvait beaucoup de vin, et toutes les fermes avaient replanté et conservé plusieurs vignes pour assurer leur consommation personnelle.

Ces cantines permettaient de se restaurer sur place, dans le vignoble, voire même d'y cuisiner. D'abord sommairement meublées, elles se dotèrent de tout le confort avec le temps. Certaines disposaient même d'une cave avec un escalier en pierre. La plupart étaient équipées d'une cheminée en pierre de taille pour faire confortablement la cuisine. Il est vrai que la taille de la vigne procurait du bois en abondance (les javelles). Pour certaines, un cadran solaire sur la façade permettait de lire l'heure.

Cette carte permet de localiser les cantines encore visibles de nos jours :





Les Cantines



La Cantine à Laidet

Située au milieu du fief de la Plante aux Moines, au nord du bois des Loges, elle est actuellement en piteux état :

Photo prise en septembre 2019.
À l’intérieur, elle dispose encore d’une belle cheminée en pierre :


On remarque sur les murs de nombreux graffitis d’époque. L’un d'eux indique la date de 1889 (21 février). Peut-être l’année de construction :


Il semble qu’elle ait été fréquentée pendant la guerre 39-45, comme en attestent certains graffitis des propriétaires de l’époque, Roger LAIDET  (19 juin 1939) :


Ou son fils : Pierre LAIDET (1940) :


On relève également J. BOURGERON (1940). Effectivement, une famille Bourgeron vivait à La Foye à cette époque, dont un membre, Charles Hippolyte était peintre au village.

Les anciens parlaient du ravitaillement nocturne des résistants qui se cachaient dans les bois. Est-ce dû à la proximité de cette cantine avec le bois des Loges ?


On remarque aussi le bel appareillage de pierres pour sa construction :


À l’extérieur, deux pierres saillantes comportent un trou permettant d’y passer le licol des chevaux de trait, utilisés pour le labour des vignes :




La Cantine à Martin

Elle se situe sur la Route de Beauvoir.


Elle fut construite par François MARTIN, vigneron. On raconte qu’il s’est suicidé en se jetant dans sa citerne. Il avait épousé Olive SAUVAGET en décembre 1885, et c’est par le jeu des héritages que cette cantine deviendra la propriété des Sauvaget. Ils habitaient au Coin Joyeux.


En 1907, Augustin SAUVAGET la fera rénover par COUTUREAU et le maçon DESSET. Il fera apposer une petite plaque, toujours visible, sur le manteau de la cheminée en bois :

Sur la plaque est écrit : « Vignoble de Sauvaget Augustin »

À l’intérieur subsistent encore quelques meubles :




La Cantine à Courtilleau (Moreau)

Située au sud du bois du Bouquet, elle s’est détériorée progressivement. Elle était assez grande et ceux qui l’ont connue l'ont trouvé plutôt spacieuse. Surtout, il y avait au-dessous une grande cave. Mais, comme d’autres, ses appareillages de pierre ont été volés ainsi que sa belle cheminée. Devenue une ruine, elle a été démantelée et rasée au début des années 2010 par André Moreau. Il n’en subsiste plus de traces.



La cantine à Noël (cantine de la Moinarde)

Située un peu plus bas, au bord du chemin de Gript, on peut encore apercevoir dans un bois les restes de ses murs en bel appareillage de pierre :

 


La Cantine de la Chênaie Bossette (Cantine à Prévoteau)

Située à l’intérieur du bois, au bord du chemin de la Louve, ses murs sont encore visibles mais la végétation détruit peu à peu ce qui reste :


Son appareillage devait être de qualité car on retrouve de magnifiques pierres, encore debout, la plupart d’entre elles ayant été pillées.




La Cantine à Birard (Cantine de la Plante aux Moines)

Elle est située sur le canton de la Plante aux Moines, à l’ouest du village. Elle a appartenue au célèbre négociant en vins, maire de La Foye et lieutenant des sapeurs-pompiers, Arthur BIRARD, qui lui laissera son nom.

C’est une maisonnette avec deux pièces, dont une réservée aux chevaux.

Au début des années 2000, elle était en ruine. Les habitants de la commune et les randonneurs se désespéraient de la voir dans un tel état :

La cantine de la Plante aux Moines, avant sa restauration.

France BIRARD, la fille d’Arthur, n’ayant pas eu d’enfant, la lèguera à la commune.

En 2005, l’association des Fiefs Viticoles décida de la restaurer en souvenir le la grande époque du vignoble de La Foye-Monjault.

L’année suivante, Mr Alain QUETE, président de l'Association des Fiefs Viticoles, remis à Mme Dany MICHAUD, maire de La Foye, un chèque de 2 500 euros pour permettre la restauration.


On voit le soin apporté à cette réalisation. Deux pièces dont une avec une superbe cheminée en pierre taillée :

Avant l'arrivée du Phylloxéra en 1865, il y avait de la vigne à perte de vue.
Sur cette photo, l'objet d'une autre préservation : celle du coupé Caravelle Renault
modifié en version cabriolet, qu'Alain avait reçu pour ses 18 ans.


Les Cantines de la Croix Nue

Sur la route du Grand-Bois, dans les virages, il subsiste plusieurs cabanes en bois faisant office de cantines. Deux sont encore debout. L’une est la cantine à Rouby, et l’autre celle du père Briffaut, situées au bout de leurs vignes :


Il y a aussi la cantine à Saunier sur la route du Puyroux :


Non entretenues, elles finiront par disparaitre. La culture de la vigne est fastidieuse et de longue haleine. La nouvelle génération est moins passionnée que celle des ainés. De nos jours, un certain nombre de ces vignes anciennes est à l’abandon, ce qui fait le bonheur du gibier sauvage.



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