Jean-Joseph Mestadier, l’évêque sans-culotte

Fils de Jean-Guillaume Mestadier et de Jeanne Racapé, Joseph-Jean Mestadier naquit à La Foye-Monjault le 3 février 1739.

Ses contemporains le décrivent comme ayant les cheveux châtains, les yeux gris, et le menton fourchu

 
Né dans une famille de notables
Dans la famille Mestadier, depuis des générations, le prénom Jean était donné à tous les garçons.

Son grand père, Joseph-Jean était un docteur réputé à Saint-Jean d’Angély dont il fut maire de 1721 à 1722. Marié à Saint-Jean avec Marie Caffin, il semble qu’ils n’aient eu qu’un fils, Jean-Guillaume

Celui-ci, après de brillantes études vint s’établir à La Foye comme clerc de notaire. Plus tard il rejoindra le département des cartes à Niort (1742), deviendra Seigneur d'Amuré (1749), et s’établira au Vanneau en tant que notaire royal (1767).

A La Foye il avait rencontré Jeanne Racapé, la fille d’un notable, Louis Racapé dit l’aîné, qui était greffier, Marchand et Seigneur de la Chaussée (1723),
Ils s’étaient mariés en Mai 1738, et neuf mois après naissait leur premier enfant Joseph-Jean.

A cette époque, c’était le curé de La Foye, Ligault qui officia pour son baptême.

Signature du curé Ligault sur les registres

Des études cléricales
Comme son prédécesseur, le célèbre curé Bory, Joseph-Jean  Mestadier fit ses études au collège de Niort, dirigé par les Oratoriens. L’enseignement religieux y était très poussé et il embrassera l'état ecclésiastique.

En Février 1771, il sera nommé curé à Breuilles, au sud de Marsais, en Charente -Maritime. Il y restera jusqu'en mars 1791.

Signature de Mestadier sur les registres

La constitution civile du clergé.
Le 12 juillet 1790, au début de la Révolution française (1789-1799 ), l’Assemblée nationale constituante, adopte un décret concernant l'organisation de l'Église de France, notamment en raison de la nationalisation des biens de l'Église en novembre 1789.

Sanctionnée contre son gré par Louis XVI le août 1790, elle réorganise unilatéralement le clergé séculier français, instituant une nouvelle Église, l'Église constitutionnelle. Cette réorganisation est condamnée par le pape Pie VI en mars 1791, ce qui provoque la division du clergé français en clergé constitutionnel (les « jureurs ») et clergé réfractaire, division qui est à l'origine de la volonté de déchristianisation qui marque le mouvement sans-culotte à partir de 1791 et des gouvernements républicains à partir de 1792.

La Constitution civile du clergé sera abrogée en 1801 par le Premier Consul Napoléon Bonaparte, qui fait la paix avec le pape grâce au concordat, qui va rester en vigueur jusqu'en 1905.

Joseph-Jean Mestadier adopte la nouvelle constitution.
Dans son église de Breuilles, tout petit village rattaché au clergé de Saint-Jean d’Angély, dans le diocèse de Saintes, 
Joseph-Jean s’ennuyait, et souhaitait sortir de l'état d'obscurité dans lequel il vivait. Pour lui cette nouvelle constitution était une opportunité, et donc il en adopta avec enthousiasme tous les principes et prêta avec zèle le serment exigé des prêtres en fonctions.

Il faut savoir que dans cette nouvelle époque, les évêques n’étaient plus nommés, mais élus dans chaque circonscription.

L’élection du nouvel Évêque
Joseph-Jean partit donc avec les électeurs de Saint-Jean qui se rendaient à Saintes, pour y nommer l'évêque constitutionnel qui devait résider dans cette ville. Il se porta candidat, espérant peut-être que les suffrages des électeurs l'appelleraient à ce siège. Mais hélas un autre concurrent lui fut préféré.

Mais la chance lui sourit. Il fat savoir que dans les Deux-Sèvres, le département d’à côté, les électeurs avaient choisis comme prélat le 29 Octobre 1790, l’abbé Jacques Jallet, curé de Chérigné. Mais ce dernier avait hésité à accepter ce poste pour finalement le refuser le 23 février 1791. Et hélas, peu de temps après, le 14 Août suivant, celui-ci mourra d’apoplexie, une maladie très fréquente à l'époque.

Jacques Jallet, curé et député à la convention Nationale (1732 – 1791)


Puis, le 13 Mars suivant, une seconde élection avait désigné Charles Prieur, ancien chanoine de Ménigoute, qui avait accepté, puis se ravisant, avait envoyé sa démission. 

Le poste était à nouveau vacant, et donc Joseph-Jean décida de se porter candidat.

Pour la nouvelle élection, on s'assembla à Niort le 8 mai 1791. C’est Louis-Augustin Chasteau, président de l'administration du département, qui présidait l'assemblée électorale. Vien (Le célèbre maire de La Foye) était secrétaire et les scrutateurs Théophile Allaire, prêtre, Barré-Chaban et Thabault.

Louis-Augustin Chasteau Député des Deux-Sèvres (1754-1833)


Les discours prononcés lors de cette assemblée sont conservés aux archives départementales.

Dès l’ouverture, Chasteau déclara avec amertume : « Jallet a manqué de courage, et Charles Prieur de virilité et de caractère. Les ecclésiastiques de nos contrées s'enveloppent du manteau de la religion pour motiver une coupable conduite. L'égoïsme et l'orgueil du haut clergé s'arment d'une logique spécieuse pour inquiéter les consciences faibles et timides ». Il faut, s'écrie-t-il, donner à l'église des chefs qui en connaissent et respectent les vrais préceptes, et déférer la mitre à des prêtres d'un caractère uniforme et constant, qui offriront l'exemple de la soumission aux lois de l'état : "il n'y a point de puissance au monde qui puisse les dispenser de ce devoir."

 
On passe aux voix, les uns votent pour Mestadier, curé de Breuilles, district de Saint-Jean-d'Angély ; les autres pour l'abbé Frigard, supérieur du collège de l'Oratoire, « homme d'une science vaste et du patriotisme le plus exalté ».
A la seconde épreuve, Mestadier l'emporte par 97 voix sur 193 votants. L’on envoie auprès de lui deux membres du conseil de département : Jean-Baptiste Auguis, et Arnaud Tonnet, jeune, pour qu’il vienne s'expliquer devant l'assemblée.

Le 10 mai, il participe à une réunion avec le bureau, ainsi que douze électeurs représentant les six districts dont se compose le département. Mestadier y est officiellement choisi en tant qu’évêque.

En remerciement il prononce : "Je me borne, pour aujourd'hui, à vous assurer que c'est avec la satisfaction la plus complète, que j'accepte la place importante que vous avez cru pouvoir me confier.
Il est possible, Messieurs, que mon patriotisme connu, à l'ardeur duquel je dois peut-être le peu de réputation qui m'a valu vos bontés, m'en impose sur la mesure de mes forces ; mais je crois que ce n'est pas le moment de provoquer, par trop de réflexions, la défiance et la pusillanimité. Entourés de mécontents, devenus pour la plupart les ennemis implacables de notre admirable constitution, vous me conviez à partager avec vous les périls et la gloire de la défendre longtemps, et à combattre à vos côtés et sous vos yeux, le désespoir de l'orgueil et du fanatisme détrônés ...
Cela suffit pour affermir mon courage ; je tâcherai de rendre tous les instants de ma vie, toutes les facultés de mon âme, si utiles à l'état et à la religion, que vous serez peut-être un jour aussi satisfaits de m'avoir accordé vos suffrages, que je suis flatté, moi-même en ce moment, de les avoir obtenus."

Pour officialiser cette nomination, il fallait la célébration d'une messe solennelle. Or, l'heure était avancée, et l'on chercha longtemps un prêtre qui fût en état de monter à l'autel. M. Coudert-Prévigneau, de Saint-Florent, se trouva heureusement dans les conditions voulues, et ce fut lui qui officia.

Lorsque tous les corps constitués de la ville furent arrivés, Chasteau proclama évêque du département Joseph-Jean Mestadier, et termina la journée par un nouveau discours.

Le Directoire ordonna un Te Deum général dans toutes les paroisses du ressort.
 
Mestadier, élu évêque constitutionnel des Deux-Sèvres
Il partit, le 14 mai, pour Bordeaux où il devait se faire consacrer par le métropolitain Pierre Pacareau, ecclésiastique enflammé par les idées nouvelles.

La difficulté de réunir trois évêques et de se pourvoir d'une crosse et de deux mitres, reculèrent les cérémonies prescrites, jusqu'au 5 juin. La consécration lui fut commune avec les évêques du Lot-et-Garonne et de la Vendée. Le métropolitain était assisté des évêques de la Charente-Inférieure et de la Dordogne.

De retour à Niort, le 10 juin, de grands honneurs furent faits à l'évêque des Deux-Sèvres. L'installation étant fixée au 12, jour de fête de Pentecôte, trois membres de l'administration départementale l'y accompagnèrent. Plusieurs villes voisines y envoyèrent des députations. Nous lisons dans les pouvoirs de celle de Parthenay : "Que l'évêque est un pasteur vraiment citoyen ; qu'il n'a été élevé à cette éminente dignité de l'église, que par la connaissance que MM. les électeurs avaient acquise de ses vertus religieuses, morales et civiques, et de ses rares talents; qu'on ne pouvait faire un plus digne choix ; que c'est un vrai bonheur pour le troupeau confié à ses soins ; qu'il fallait se féliciter de vivre sous la houlette d'un pasteur qualifié de toutes les vertus que Saint Paul exigeait d'un évêque."

La lettre pastorale de Mestadier ne parut que le 12 août ; il eut, conséquemment, tout le temps d'en mûrir les termes.

Suite à cette nomination, sa situation s’améliorera grandement. En effet, suivant l'article 3 du titre III de la constitution du clergé, le traitement des évêques, dans les villes d'une population inférieure à 50.000 âmes, était de 12.000 frs. Tels durent être les émoluments de Mestadier. Le premier vicaire avait un traitement de 3.000 frs, et le second de 2.400 frs. On le décrit comme ayant le goût du faste, et pas un « parangon de vertu ». 

Habité par la ferveur révolutionnaire
Il sera pendant deux ans et demi évêque constitutionnel des Deux-Sèvres, le siège de l’évêché étant à Saint-Maixent.  

Il s’installera dans le monastère des Bénédictins et officiera dans l’église abbatiale. Et de là, entouré de seize vicaires généraux, tous jureurs comme lui, il entreprendra de parcourir les paroisses des environs mais ils recevront un accueil très froid, beaucoup étant restés fidèles à l’ancien dogme.

L’abbatiale de Saint-Maixent

Au contact des plus fervents révolutionnaires et députés du département, il perdra sa foi religieuse du début et manifestera a de nombreuses reprises son engagement en tant que « sans-culotte », en opposition aux nobles de l’ancien régime qui eux, portaient « la culotte ». 
A son arrivée il avait écrit « La religion n’a jamais servie qu’à hébéter les sots ! ».

Il traquera sans relâche les nobles et les prêtres « insermentés » du département.

 

Jean-Philippe Garand, natif de Saint-Maixent (1749 ) Député à l’assemblée Nationale en 1791

Mestadier sera également conseiller municipal, il participera à la dissolution des communautés des dames bénédictines de la ville

Il sera nommé président de la « Société Populaire de Saint-Maixent, affilié au club des Jacobins de Paris. Plusieurs documents de cette Société Populaire sont conservés à l’hôtel de ville. On y parle beaucoup d’épuration, dans le plus pur style de l’époque : « La Société Populaire se regarderait comme criminelle si elle vous laissait ignorer que fatiguée d’entendre aboyer dans son sein des patriotes de six mois, elle a voulu une bonne fois pour toute se débarrasser de cette vermine qui pouvait corrompre l’air pur qu’elle respirait depuis les premiers jours de la révolution. Une commission épuratoire l’a dégagée de ces insectes… » 

Au côté des « Bleus » dans la guerre de Vendée.

Panique en 1793. Les Vendéens atteignent Champdeniers. Avec deux députés de chacune des trois autorités constituées, Mestadier participe à la marche du Général Westermann jusqu’à Parthenay, Bressuire et Chatillon

Pas de chance pour notre Évêque, les Vendéens contre-attaquent en plein milieu du Te-Deum qu’il est en train de chanter après la victoire. 

François-Joseph Westerman - Septembre 1751 - Avril 1794 (Guillotiné à 42 ans)


Westermann c’est le général dont le surnom sera « Le boucher de la Vendée ». Dans la région, il se montra implacable et pratiqua une politique de terreur à l'égard des contre-révolutionnaires.

Après la bataille de Savenay, il aurait écrit une lettre contenant le passage suivant, resté célèbre :

« Il n’y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l’enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay. Suivant les ordres que vous m'aviez donnés, j’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux, massacré les femmes, qui, au moins pour celles-là n'enfanteront plus de Brigands. Je n’ai pas un prisonnier à me reprocher. J'ai tout exterminé…» 

Quelques mois plus tard, Westermann est rappelé à Paris, et traduit devant le Tribunal Révolutionnaire
Il est accusé d’avoir échoué.

Mestadier qui l’a soutenu s’inquiète. Le 14 juillet 1793, il adresse avec ses deux vicaires, une déclaration à la Convention Nationale : « Nous avons été témoins de ses succès des 2 et 3 juillet, et de la déroute de son armée le 5. Nous croyons que ses succès sont dus à sa bravoure et à ses talents militaires et ses revers à la plus infâme perfidie ». Il ne faut pas 'imputer au général Westermann, la sévérité avec laquelle il a traité les propriétés des révoltés, surtout des chefs, les efforts réitérés pour résister au torrent qui entraînait son armée dans la fuite la plus immodérée, les dangers continuels qu'il a courus pendant près de 4 lieues au milieu du feu des ennemis, qui a détruit presque toute l'infanterie de sa légion, le désespoir bien prononcé de son attitude depuis qu'il a eu la certitude que le mal était sans remède, sa consternation attendrissante lors des malheurs du 5 juillet ne permettent pas de le suspecter le moins du monde de lâcheté ou de trahison dans cette affaire, ladite déclaration étant faite pour aider à bien juger un homme de l'innocence duquel ils sont intimement persuadés… »

Malgré cela, Westermann sera condamné à mort et fera partie des charretées de Dantonistes envoyés à la guillotine.

De la grandeur à la déchéance…

La chute de Robespierre sonnera le début de la révolution thermidorienne,et la fin de la Terreur. La chasse a tous ceux qui s'étaient trop compromis commençait. Mestadier s'inquiéta de la trop grande proximité qu'il avait eu avec Westermann. De plus, il lui fallait se  résoudre au fait que le nouveau culte ne s’enracinait pas dans les campagnes, beaucoup continuant le culte traditionnel.


Pour toutes ces raisons, il sera démis de ses fonctions d’Évêque  le 22 Novembre 1793,   

L’éphémère diocèse des Deux-Sèvres prendra fin avec lui.

 

Il restera quelques temps à Saint-Maixent et redoublant de zèle Montagnard, après avoir été Jacobin, il se fera élire conseiller du District et œuvrera pour que l’on débaptise la ville jugée trop catholique. Exit le « Saint-Maixent », La cité s’appellera dorénavant « Vauclair-sur-Sèvre ».

 

La mort de Danton en Avril 1794 apportera un changement important, et partout on voudra tourner une page. A Saint-Maixent, beaucoup se souvenaient des déclarations et de la chasse aux dissidents qu'avaient effectuées Mestadier. Déconsidéré, sous le mépris public, et craignant d’être pourchassé, il quittera « Vauclair-sur-Sèvre » pour reprendre son métier de Notaire en Avril 1795, une charge étant disponible à Saint Georges de Rex. Il avait alors 54 ans.

 

En fait il n'aura pas le temps d'exercer car en Juillet 1795 une autre étude, plus importante, venait de se libérer à Amuré, un village tout proche au bord du Marais. Conscient de sa valeur, il reprendra cette fonction. Mais là encore il se sentira dévalué c'est pourquoi après un an, il ira  s'établir à Coulon en Mai 1796.

 

Il se déclarera également avocat, mais son train de vie sera très nettement inférieur à sa vie d’évêque.

Ne renonçant pas, Mestadier tentera de récupérer son siège épiscopal en écrivant en vain en ce sens à l’Abbé Grégoire le 23 Juin 1795.

 

Plus tard, le 20 Messidor an VI (14 Juillet 1798), il enverra un courrier pour réclamer la pension que le Directoire donnait encore aux ecclésiastiques n’ayant pas rétracté le serment que l’on avait exigé d’eux en 1792.  Ce sera un nouveau refus.

 

Mestadier, l'éternel insatisfait...

Toute la région manquant de prêtres, il décidera de revenir a son premier métier. En Juin 1800, il reprendra ses fonctions sacerdotales en se faisant nommer Curé de Magné. Les habitants de Benêt auront également recours à lui pour des baptêmes, et le dimanche il célébrera la grand-messe à Coulon. 

 

Mais là encore, ayant été imprégné des idées révolutionnaires pendant plusieurs années, il n’arrivera pas à s’adapter. Il se fera élire au conseil  municipal à Coulon le 22 Décembre 1800, puis décidant une fois de plus de changer de métier, il écrira en Mars 1801 (Germinal an IX Il), à Claude-François-Étienne Dupin, premier préfet des Deux-Sèvres, afin d’obtenir « une très humble place d’instituteur public »

 

Baron Etienne Dupin (1767 – 1828)

 « Citoyen Préfet, je cherche à m’assurer le Victum et le Vestum pour le reste de mes jours. Article sur lequel il m’est bien cruel de n’être pas sans inquiétude à mon âge. J’ose espérer que vous n’oublierez pas dans ses malheurs, celui qui n’a jamais démérité de la patrie, ni du gouvernement, ni de ses concitoyens. Je prévois par votre intéressante circulaire, que notre instituteur sera remplacé. Ce brave homme, en effet, a perdu la confiance publique. On lui a retiré le jardin du ci-devant presbytère, et il ne se sert que de son logement que pour le débit du pain qu’il fabrique, et du vin qu’il détaille. Si ce remplacement a lieu (que je suis loin de demander), a lieu, et que vous vouliez me confier la place d’instituteur à Coulon, je vous promets de bonne besogne ».  Là encore, il n’obtiendra pas satisfaction.

 
En 1801, après le concordat, il fera une dernière tentative pour reprendre son poste d’évêque. Mais son image étant mauvaise, cela ne lui sera pas accordé. L’Abbé de Monsac, Vicaire général, avait de lui un jugement expéditif : « C’est un homme absolument nul et généralement méprisé. Son ignorance est telle qu’il n’a pas pu soutenir l’examen pour être instituteur primaire à Coulon, ou pourtant il fait office de notaire… »
 
undefined
Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, par le pape Pie VII, le 15 août 1801                  (le cardinal Consalvi recevant du Pape la ratification du Concordat)
 
Mais à force d'insistance, Mestadier réussira à s'attirer les bonnes grâces du Maire de Coulon. Quelques jours plus tard, le 6 Mai 1801, celui-ci destituera l'instituteur en place, Louis Guérit, au prétexte qu'il s'adonnait à la boisson, et donc Mestadier sera donc nommé Instituteur conformément à ses souhaits. 
 
Mais il s'apercevra très vite qu'il n'avait pas la vocation et voudra revenir à son métier de Notaire.
Epuisé, et affaibli, c’est là à Coulon qu’il décédera d'une apoplexie, le 3 octobre 1803 (10 Vendémiaire an XII), dans sa 65e année. 
Maladie ou hérédité ? Il est vrai que la plupart des hommes de sa famille étaient morts jeunes.
 
Humour de l’histoire, il recevra les derniers sacrements d’un certain « Garnier », un prêtre réfractaire.
La déclaration de sa mort sera faite à la mairie auprès du maire Soulisse, par un sabotier de ses amis, Pierre Mamoux, et son clerc, Pierre Julien, se disant "son fils adoptif". Plus tard, celui-ci deviendra gendarme à La Rochelle.
 
Cette histoire confirme la parole évangélique « Vous êtes le sel de la terre : Que si le sel s’affadit, avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon qu’à être jeté dehors et foulé au pieds des hommes (Matthieu V,13.)

Acte de Décès en Mairie de Coulon de Joseph Mestadier

Mestadier avait marié deux de ses vicaires à ses deux soeurs :
- Le 15 frimaire an II (5 décembre 1793), à Saint-Maixent, Antoine-Joseph Pupier de Brioude, fils de Guy-Joseph et de Marie-Hélène Trablaine, né à Montbrison (42) en 1752 ;  avec Suzanne Mestadier, âgée de 44 ans, née à Coulonges-les-Royaux, le 16 décembre 1749 (selon l'acte de mariage). Étaient témoins, entre autres, Joseph-Jean Mestadier, 53 ans et de Alexandre-Jean Mestadier (frère de Joseph-Jean), juge de paix du canton de Surgères, administrateur du département de la Charente-Inférieure, demeurant en la commune de Marsais, 52 ans. Pupier de Brioude est décédé à Saint-Jean-d'Angély, le 6 juillet 1813.

- Jeanne-Marguerite, mariée avec Jean-Baptiste Deruette, né à Mirebeau (86), fils de Urbain Deruette et de Radegonde Bigen (?), "professeur et prêtre pensionné" ; il est décédé à Saint-Jean-d'Angély, le 2 juin 1828. Jeanne-Marguerite est décédée à Saint-Jean-d'Angély, le 23 septembre 1815.

Une curiosité : Assiette représentant un Évêque constitutionnel de Dordogne : Pierre Pontard.

 ____________________________________________________________________________________

Acte de mariage de Jean-Guillaume Mestadier avec Jeanne Racapé le 10 Mai 1738 à La Foye
 

Sources :

Jules Richard - Mémoires de la Société de statistiques, sciences, lettres et arts du Département des Deux-Sèvres - Tome IX - 1844-1845 - pp. 154 à 157

Histoire de la ville de Niort ... de Hilaire-Alexandre Briquet

AD79 -  Registres paroissiaux de La Foye-Monjault et d'état-civil de Coulon

AD17 - Registres d'état-civil de Saint-Jean-d'Angély

Répertoire général des sources manuscrites de l'histoire de Paris pendant la Révolution française. Tome 11 / par Alexandre Tuetey - 1890-1914 - page 186 (article 533).