Disponibilité de l’eau

De tous temps, la disponibilité de l’eau a été primordiale pour que des populations puissent se sédentariser. Il y a 5000 ans, des tribus néolithiques avaient choisi de s'installer sur les bords du Mignon. Cette rivière qui passait au sud de la grande colline calcaire de La Foye, était alors beaucoup plus importante. Par la suite, les Gaulois s'établiront à Usseau et Priaires.


Situé en haut de la colline, le village de La Foye dut longtemps se contenter des puits pour s'approvisionner en eau. Ceux-ci disposaient d'une contenance suffisante en hiver et au printemps, mais ils se tarissaient en été. Et durant ces périodes de pénurie, il fallait organiser des corvées d’eau régulières pour en ramener du Mignon, au sud : 



Ou de la Courance au nord :


Comme ces deux rivières se situaient à environ trois kilomètres de part et d’autre du village, les corvées d'approvisionnement demandaient un effort considérable : c'était une véritable expédition. Mais les villageois s'en accommodaient et, des siècles durant, la vie s’était organisée en fonction de la réserve des puits. 

Le Mignon et la Courance étaient essentiels pour la région. Nombreux étaient ceux qui possédaient des petits lopins de terre dans les marais environnants, nommés « champbeaux », afin d’y cultiver des légumes. Il y en avait à Tesson, à Ussolière et à Vallans. Chacun se faisait une fête d’y aller, surtout par temps chaud, pour profiter de l'air plus frais des rives. L’herbe y était plus verte et plus tendre que dans la plaine, et les éleveurs venaient y faire pâturer leurs génisses.

Les rives étaient jalonnées de nombreux lavoirs, mais aussi de moulins à eau. L'automne venu, les villageois apportaient leurs récoltes de noix pour assurer la provision d’huile annuelle. 

L’été, le niveau rivières restait suffisamment élevé pour y conserver truites, vairons et anguilles. Mais à partir des années 1980, la pratique des cultures intensives bouleversa cet équilibre. Il fallait arroser les champs pendant la période de croissance : on entreprit de nouveaux forages pour répondre à la demande, qui vidèrent les nappes phréatiques. À leur tour, les rivières se trouvèrent à sec une bonne partie de l’année, avec de sérieuses implications pour l'écosystème. Actuellement, des efforts sont faits pour assurer une meilleure gestion de l’eau mais la situation demeure critique.

Le manque d’eau : une préoccupation permanente à La Foye 
Les archives rendent compte de ce problème dès 1788, lors de la rédaction du cahier de doléance, à la veille de la Révolution. Les habitants du village se plaignent du manque d'eau, surtout pendant l'été : « ... la paroisse de La Foye-Monjault n'a qu'un sol très sec et naturellement stérile, qu'elle n'est arrosée en aucune de ses parties de ruisseaux et de rivières quelconques, que même très souvent et une partie de l'année on y est privé d'eau pour boire, ce qui notamment est arrivé durant la cruelle et excessive rigueur de l'hiver de cette année, que ce manque d'eau ordinaire, naturel et général, prive les colons de pouvoir élever et nourrir du bétail d'aucune espèce… et qu'ils ne peuvent par le moyen de l'engrais rendre leurs terres fertiles et abondantes, que pour lors, la seule ressource qui leur reste et le seul parti qu'ils aient à prendre pour tirer quelques avantages de leurs terres, est de les planter en vigne, quoique, par les raisons ci-dessus alléguées, elles ne vivent pas longtemps. »

Plus tard, Henry Bastard de Péré écrira dans ses mémoires : « Que ce soit au nord de Beauvoir, les mamelons de Saint-Etienne-La-Cigogne ou bien le sommet de La Foye-Monjault, ces différents points ont été de tous temps réputés par leur sécheresse endémique, obligeant les paysans pour se ravitailler en eau à descendre vers Péré pour remplir quotidiennement les tonneaux. »

Plus près de nous, Maxime Arnaud rapporte qu'en 1947 : « ... la question de l’eau, si pénible, fut résolue grâce aux adductions d’eau et pompes électriques. Les châteaux d’eau ont remplacé les moulins à vent. Pour avoir de l’eau en suffisance, la commune de La Foye-Monjault, en 1927, a fait creuser un forage très profond. Cette eau, très bonne et très ferrugineuse, possède sans doute des qualités médicinales. Il serait à souhaiter qu’un jour, la commune de La Foye ait, par la qualité de son eau, la même renommée qu’elle avait autrefois pour son vin… »

Caractéristiques géologiques
Le sol de la commune est composé de plusieurs couches, principalement du calcaire déposé à l’époque Jurassique (type Oxfordien). Ces couches contiennent des poches d’eaux alimentées en hiver par les pluies, profondes pour la plupart de 20 à 50 m (mais allant parfois jusqu'à 80 m). Comme elles se tarissent en été, on effectuera plus tard des forages atteignant la nappe phréatique, à une profondeur de plusieurs centaines de mètres. Ce dispositif permettra d'assurer un approvisionnement régulier en eau.

Carte géologique de la commune de La Foye

À chaque période ses solutions
Dans un premier temps, au Moyen-Âge, des puits communs servant à tous les habitants furent creusés (les puits « banaux »). Il y en avait dans chaque village et ils furent en service pendant des siècles. Parfois il fallait les réparer ou les recreuser, mais ils suffisaient à la consommation quotidienne. Par la suite, pour plus de confort, les propriétaires qui en avaient les moyens se firent creuser un puits dans leur jardin. Il en subsiste encore quelques-uns, scellés par une plaque de métal afin de prévenir les accidents.

Avec l’apparition du phylloxéra dans les années 1870, ce fut la fin du vignoble. Il fallut se reconvertir à l’agriculture et à l’élevage. Le besoin en eau pour abreuver le bétail augmenta considérablement : les puits ne suffisaient plus. Il y avait bien la grande mare au centre du bourg (creusée du temps du prieuré), mais elle était souvent bien trop loin pour y amener les troupeaux. Pour y remédier, la municipalité fit construire des mares communales dans chaque hameau, puis, au début des années 1900, dans chaque grande ferme. Toutes ces mares devaient régulièrement être curées ou réparées.

Enfin dans les années 20, avec le progrès des canalisations en fonte, on entreprit de créer un réseau d’adduction pour amener l’eau courante dans chaque maison. Il fallut au préalable faire de nombreux forages afin d’atteindre la nappe phréatique, l’eau étant plus profonde que prévue et de mauvaise qualité.

Néanmoins, à partir de 1930, le réseau se mettra en place grâce à l’apport des pompes électriques. Deux châteaux d’eau seront construits sur les points les plus hauts de la commune : l’un à La Grande Foye et l’autre à Limouillas, à une altitude d'environ 66 m. Ces châteaux d’eau seront en service jusque dans les années 60 et seront remplacés par un autre, plus haut, toujours à La Grande Foye.

Association des communes
Pour assurer un approvisionnement d’eau suffisant et de meilleure qualité, le réseau d’adduction de La Foye se connectera à la station de pompage d’Ussolière. Mais à la fin des années 80, avec la culture intensive et l'usage d'engrais chimiques qui s'infiltreront dans les sols, cette eau présentera un taux de nitrate trop important. 

Il fallut trouver une autre solution, et les ingénieurs se tournèrent vers le bassin de la Courance, au nord, avec ses nombreuses sources. Comme ce problème concernait la plupart des communes de la région, seize d’entre elles s’associèrent pour former un réseau commun. Le 30 juin 1993 sera créé la « Communauté de Communes Beauvoir Prahecq Saint-Symphorien ». En 1995, l'association changera de nom pour s’appeler désormais « Communauté de Communes Plaine de Courance ». Ce nouvel approvisionnement entraînera la fermeture des plusieurs château d’eau.

Actuellement, ce sont quinze communes qui partagent les mêmes sources : Beauvoir-sur-Niort, Belleville, Boisserolles, Brûlain, Fors, Granzay-Gript, Juscorps, La Foye-Monjault, Marigny, Prahecq, Prissé-La-Charrière, Saint-Étienne-La-Cigogne, Saint-Martin-de-Bernegoue, Saint-Romans-des-Champs et Saint-Symphorien. Une charte d’environnement très stricte est définie pour la gestion de l’agriculture dans la plaine de la Courance. Son syndicat est basé à Prahecq.

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