Les foires de La Foye



« Approchez, approchez ! Venez voir mes belles oies et mes canets ben gros, ben gras… O ya aussi d’aux œufs tout frais, juste pondus du jour, et pis aussi d’aux belles poules pour mettre au pot, et tous les bons légumes qui vont avec... ».

En ce mercredi 25 octobre 1865, entourée de grandes panières d’osier, Madeleine Nourrigeon, que tout le monde à La Foye appelait « La Mado », haranguait les passants sur le champ de foire. Pour l’occasion elle avait mis sa belle robe noire et sa coiffe saintongeaise. Alignées à côté d’elle, plusieurs autres femmes du village faisaient de même.


Ce matin au lever du jour, Pierre Arnaud, le mari de Mado, petit, costaud, dans la force de la quarantaine, avait attelé la jument et chargé la charrette. Ils habitaient Treillebois où se situait leur ferme, héritée de feu le père Arnaud. Pour rejoindre le bourg, il avait fallu pousser dans la côte. L’humeur était joyeuse et le père Garnaud qui les accompagnait sifflait et chantait. Il avait amené plusieurs bourgnes d’escargots, des Lumas qu’il avait ramassés au bord des palisses au début des pluies. Le chargement comprenait plusieurs panières de volailles, des paniers d’œufs, de légumes, mais aussi des futs d’eau de vie et de pineau. Ils savaient qu’il y aurait des amateurs pour tout cela et chacun espérait qu’il pourrait tout vendre. À priori, il n’y avait aucune raison pour que cette foire ne soit pas aussi bonne que celle de l’an dernier. 

Malheureusement, il avait encore plu toute la nuit et les journaux rapportaient qu’il y avait eu des inondations dans plusieurs régions. Le nouveau champ de foire, acquis par la commune quelques années auparavant en remplacement de celui de l’ancien du prieuré, se trouvait à présent tout boueux ; les sabots étaient tout crottés.


En dépit de quoi, dès leur arrivée, Pierre et Madeleine avaient disposé les légumes et les œufs sur les tables à tréteaux qu’ils avaient laissées sur place la veille, et le reste à côté. 


Il était à présent neuf heures et tous s’affairaient sur le champ de foire à présent noir de monde. Les femmes, avec leurs paniers, se dirigeaient vers les vendeurs de volailles et légumes, et les hommes, blouse noire et chapeau sur la tête, s’agglutinaient autour des stands des vignerons. Plus tard, on irait voir les étalages des colporteurs, vendeurs de tissus, de vaisselle, mais aussi de produits ménagers et divers objets de toilette. Chacun pourrait se distraire et, en cette occasion, les bateleurs et les bonimenteurs tenaient le haut du pavé. C’était aussi la possibilité de se rencontrer, d'apprendre les dernières nouvelles, de causer de la pluie et du beau temps avec un voisin ou un cousin éloigné. Et surtout, dans les nombreuses buvettes, de trinquer d’un bon coup de folle, ce petit vin blanc qui avaient une si bonne réputation. 

C’était aussi l’occasion pour les propriétaires d’y rencontrer des domestiques. De leur côté, les jeunes filles parées de leurs plus belles robes jetaient des regards en coin, observant les hommes. Elles essayaient d’y trouver le beau parti qui fasse un mari courageux, et qui leur permette enfin de quitter le carcan familial où le père, chef de famille souvent autoritaire, les empêchaient de s’épanouir. Les gourgandines, elles, guettaient le bambocheur cousu d'or.


La foire avait démarré lundi matin et durerait toute la semaine. Le nombre de visiteurs culminerait samedi avec la Saint-Simon et Saint-Jude, fête des saints patrons du village. Elle se terminerait le dimanche soir avec un grand vin d’honneur offert par les vignerons : vin pour les hommes et pineau pour les dames, gâteaux du pays pour tout le monde. Et si le temps le permettait, la journée se clôturerait par un grand bal qui durerait jusqu’au petit matin. 

Pour l’occasion, un grand parquet avait été installé sur la pelouse. Toute la jeunesse des environs allait s’y donner rendez-vous pour danser au son des violons, et pourquoi pas y faire des rencontres... Ils seraient tout endimanchés et les mères et commères, assises tout autour sur des bancs, iraient chacune de leurs commentaires.


En début de semaine, les rouliers étaient arrivés d’un peu partout avec leurs grandes charrettes attelées de bœufs ou de grands chevaux. Ceux qui n’avaient pas de famille sur place couchaient dans les trois grandes auberges du bourg, ou dans l'un des quelques cafés qui louaient également des chambres. 

La veille au soir, une charrette venant de la côte, de Marennes, avait apporté tout un chargement d’huitres entreposées dans de nombreux paniers recouverts de paille. Des pécheurs du marais avaient apporté des anguilles qu’ils feraient cuire bientôt avec de l’ail. On allait se régaler... d'autant que le boulanger du village avait fait cuire dans son four des galettes, des fouaces, des craquelins et quelques bonnes miches de froment.


En préparation de la foire, on avait fait le tour des chais des vignerons des environs afin de sélectionner les meilleurs vins. Beaucoup seraient à destination de Niort, de La Rochelle ou du nord du département. Certaines barriques partiraient en gare de Niort pour le train de Paris, dont la ligne avait été inaugurée quelques années auparavant, en 1856. Quelques années plus tard, l’ouverture d’une gare à Beauvoir sur la ligne de Niort à Saintes, permettrait de faire des expéditions tout au long de l’année.














Des marchés réputés

Les foires de La Foye ont toujours été très connues, bien au-delà des limites du canton et de la seule réputation du vin. De nombreux auteurs en ont parlé. Dans les Annales des Deux-Sèvres, on peut lire que « Les foires de La Foye jouaient un grand rôle dans le commerce du vin mais aussi des bestiaux… Des assemblées foraines avaient succédé aux fêtes patronales qui s’y faisaient le lundi de la Pentecôte et le 25 octobre. Cette dernière était l’époque du vin nouveau qui y conserve un rôle important. On y vendait aussi quelques gros bestiaux et beaucoup de brebis. »



En 1885, le chanoine Auber rapporte « qu’on y vend quantité de vin rouge et vin blanc. Les marchands et les artisans s’y rendent nombreux. On y fixe le prix du vin. Une mention particulière est donnée à ses vins blancs… Les vins achetés à La Foye seront acheminés par les nombreux rouliers qui parcourent les foires et campagnes. » [1]

À la même époque, Maurice Poignat écrit dans Le pays Niortais : « Deux manifestations commerciales auxquelles étaient amenés de nombreux bestiaux, donnant lieu à de joyeux rassemblements populaires se tenaient jadis dans le bourg, le lundi de la Pentecôte et en octobre, lors de la fête des saints Jude et Simon. Le lendemain était spécialement réservé aux tractations sur les vins avec la venue des cabaretiers de Niort, des cantons voisins et de gâtine. » [2]




Les foires aux vins de La Foye-Monjault ont largement contribué au développement du village et de nombreux propriétaires viticoles s’y sont enrichis, ce qui leur a permis de se faire construire de grandes maisons bourgeoises au XIXe siècle. Elles conserveront leur réputation jusqu'au début du XXe siècle.

Famille de forains qui se déplaçaient de foire en foire.



En 1930, l’auteur mellois Lucien Fouladou témoigne qu'elles sont encore « célèbres pour la qualité des produits proposés. Les transactions durent huit jours. Négociants, marchands, courtiers, viticulteurs font vivre de nombreux métiers. »

Origine

Ces foires ont existé depuis le début du Moyen-âge. Il est difficile de dire de quelle époque date leur création mais, dès les premières années du prieuré, les moines ont favorisé l'implantation de la vigne dans la paroisse, ainsi que l'exportation du vin. Une, puis deux foires annuelles seront créées (succédant aux fêtes patronales du 25 octobre), qui acquerront rapidement une grande réputation.


La Guerre de Cent ans affectera fortement l'activité des marchés de la région, et il faudra attendre la Renaissance pour que l'économie retrouve sa vigueur d'antan. 

Cependant et jusqu'au XIXe siècle, le mauvais état des chemins en cette fin d’octobre en rendra l'accès difficile. Il fallait aussi compter avec les nombreuses taxes à payer sur la vente du vin, les aides et les octrois à l’entrée des villes qui grevaient les bénéfices. En 1788, les habitants s'en plaignirent dans les Cahiers de doléances. Les troubles sociaux et la crise économique qui touchaient alors le pays dans son ensemble en avaient fortement diminué la fréquentation. Si bien qu'à la Révolution, il n’y avait plus qu’une seule foire à La Foye. 

Au début de l’Empire, en 1801, le conseil municipal décide par conséquent d’en créer une seconde à la fin du printemps. Encore faut-il obtenir l’autorisation du préfet. Avec son emphase coutumière, le maire Vien affirme devant le conseil et la foule des villageois son intention d'obtenir gain de cause : 

« Cette foire depuis ci-longtemps souhaitée par nos concitoyens que jadis elle fut demandée aux ci-devant intendants de la généralité de Poitiers, puis mentionnée dans le Cahier de doléances de la province... Mais les députés de la Révolution avaient d’autres priorités... Il est temps de renouveler cette demande ! Je vous rappelle que l’aridité de notre sol ne nous permet de récolter qu’une seule denrée, le vin. Nous devons faire en sorte d’attirer chez nous les marchands de vin de la plaine et du bocage, pour s’approvisionner, et que n’ayant qu’une seule foire ayant lieu dans un temps toujours mauvais, aux chemins environnants détestables que souvent la foire est nulle, il nous faut une seconde foire au beau temps, pour vendre notre vin en échange de grain toujours rare par ici, et d’ailleurs le commerce et l’industrie naissants dans notre pays ne pourraient qu’y gagner. Il faudrait la fixer à l’époque de la balade, qui a lieu le dimanche de la Trinité et est renommée aux environs, où l’on accueille les domestiques de la moisson et de l’année, afin de les réunir en un seul jour. Notre souhait est le 14 prairial de chaque année. Nous souhaitons présenter cette requête au préfet du département… »

Fort du support de sa municipalité, Vien s'adresse alors au préfet : 
 
« La seule foire annuelle ayant lieu le 9 brumaire de chaque année (30 octobre), époque à laquelle la saison est presque toujours pluvieuse et le temps et les chemins si mauvais que souvent la foire est nulle… que de raison jointe à une infinité d’autres, a toujours fait désirer aux habitants de la commune une foire dans les beaux temps. Considérant qu’une seconde foire, en procurant aux habitants de cette commune et de celles des environs les moyens de vendre leurs vins et boissons, leur unique récolte et ressources… Considérant qu’il existe dans cette commune une balade très renommée dans les environs pour accueillir les domestiques, et qu’elle a lieu le jour du dimanche de la Trinité... Considérant enfin qu’il parait plus avantageux pour la commune que la seconde foire soit fixée dans le courant du mois de prairial, époque de la tenue ordinaire de la balade, et qu’elle soit expressément réunie, tel a toujours été le vœu de nos concitoyens. »

Cette demande sera finalement accordée. La nouvelle foire aura lieu tous les 14 prairial (3 juin). Un arrêté est publié dans le Bulletin des Lois de la République du 18 thermidor an X (6 aout 1802), signé par le premier consul Bonaparte :



Réglementation

L’année suivante, la date d’ouverture approchant, le conseil municipal décide qu’elle se tiendra sur le champ qui prendra dès lors le nom de « La Balade », où seront parqués les bestiaux, ainsi que sur le terrain adjacent possédé par Clerc Duffiefranc jouxtant le grand chemin à l’Ouest [3]. Les places seront attribuées aux différents marchands moyennant paiement de 15 centimes par mètre. Et le maire demandera aux citoyens d’y enlever sous deux jours les encombrants, charrettes et autres dépôts qui s’y trouvent.

Sous l'Empire, la France, souvent en guerre, subie les méfaits de bandes de brigands qui sévissent dans les campagnes. Les autorités recherchent par ailleurs les déserteurs qui circulent à travers le pays en quête de travaux d'appoint. Le 17 octobre 1803, quelques jours avant la foire d'automne, Vien publie un règlement visant à assurer « tranquillité et sécurité » aux visiteurs comme aux forains. Il rappelle que « les cabaretiers et aubergistes doivent exiger les passeports de leurs visiteurs, que tous les jeux de cartes et de hasard sont interdits. Les marchands ne doivent pas déborder des emplacements qui leur ont été octroyés, et ne doivent pas encombrer les chemins. Les bancs devront s’appuyer sur les murs appartenant à Clerc, Benoit, Prévoteau et Giraudeau. Pour maintenir le bon ordre il y aura une garde composée de douze hommes, un officier, un sergent et un caporal qui se tiendront à la chambre commune. Les habitants qui voudront vendre du vin chez eux devront au préalable faire une déclaration à l’adjoint au maire. »




Ce règlement est mis à jour chaque année afin d'éviter les écueils des rassemblements précédents. Celui du 26 octobre 1804 nous renseigne aussi quant à la composition des forains : 

« Chaque famille de marchand doit occuper une place précise sur le champ de foire : en face de l’entrée les quincaillers, et les autres de part et d’autre à une distance de 24 pieds : à l’Est seront placés les marchands de vin, de chapeaux, de grain, de viandes et autres comestibles. À l’Ouest les marchands de poissons. Les rôtisseurs et charcutiers ne devront allumer leurs feux qu’au levant et couchant des bancs, afin que la fumée n’incommode pas les marchands de vin et cause des incidents fâcheux aux marchands d’étoffe. En aucun cas les bancs de commerçants ne devront gêner le passage des voitures et visiteurs. Ils ne devront pas déborder sur le chemin. Les charrettes ne devront pas encombrer le chemin et être rangées en dehors du champ de foire. Vien, propriétaire du champ de foire et membre de l’assemblée municipale, devra veiller au respect de ce règlement. La foire sera surveillée par la garde et la gendarmerie nationale qui seront présentes pendant toute sa durée. Tout récalcitrant sera poursuivi… »

En février 1808, un nouveau décret impérial changera le jour de la tenue des foires de La Foye, puis plus tard, le 9 septembre 1810, le préfet fixera le droit de plaçage et d’étalage pour la foire afin de « permettre à la municipalité de générer de nouvelles recettes afin de couvrir ses dépenses : un franc pour chaque marchand, 10 centimes par bœuf, vache, cheval et jument, 5 centimes par cochon, chèvre ou âne, 3 centimes pour chaque brebis ou mouton. Ces taxes seront perçues par le garde champêtre. Les numéros d’emplacement devront être retirés chez le maire. »

En février 1839, sous Louis-Philippe, le montant des droits de plaçage sera à nouveau modifié : « les bouchers, marchands forains, marchands d'étoffes et marchands à étalages devront payer 25 francs par mètre carré, les cabarets et cafetiers ambulants paieront 2 francs ; pour les bestiaux, il sera demandé 5 centimes par tête pour les bœufs, les vaches et les chevaux et 2 centimes par tête pour le menu bétail, mouton, chèvre et cochon... »

Les différents champs de foire

Jusqu’au XVIIIe siècle, la foire se tenait dans l’enceinte du prieuré. Puis le succès aidant, elle se trouva trop à l'étroit sur ce terrain relativement petit et clos de murs. D’autant qu'elle était aussi devenue une fête avec de nombreux commerçants ambulants, et que le soir venu, on y dansait. 

Au début de la Révolution, cette surface limitée générait souvent des conflits concernant les emplacements. En 1790, le procureur Géoffroy rapporte que le citoyen David a placé ses barriques de façon a empêcher le citoyen Lamarre de disposer ses tables. Le maire Baudin doit intervenir [4].

Le reste de l'année, le champ de foire n'ayant aucun usage, la municipalité qui espère ainsi gagner un peu d’argent l'ensemence de garobe, une céréale destinée aux volailles. La récolte sera mise aux enchères mais ne trouvera pas preneur. 

Le 2 mars 1791, les biens du prieuré et ses dépendances sont mis en vente et le seigneur De La Perrière, de Prissé, s'en porte propriétaire pour une somme de 195 000 francs. Cette acquisition oblige la municipalité à trouver un nouvel emplacement pour le champ de foire : le champ choisi est situé au nord du prieuré, au-dessus de la rue de La Mare aux Chèvres (cadastre N°1519, transformé en lotissements de nos jours). Les foires s’y tiendront pendant plus de soixante ans.

Une foire à Niort en 1830.



En mars 1857, le maire Jean André François et décide que cet emplacement n’est plus adapté à l’importance des foires qui ont lieu deux fois par an. La notoriété des vins de la Foye est telle qu’il faut beaucoup plus d’espace pour installer tous les négociants. Il faut par ailleurs accommoder les célébrations instaurées par Napoléon III.  

Non loin se trouve un champ de plus grande taille qui a appartenu au marchand et adjoint du maire Benoist, puis au maire Manceau et fils (cadastre n°162). Ce terrain est idéalement placé au bord de la route de Vallans. La municipalité, qui souhaite s'en porter acquéreur, espère l’échanger avec d’autres terrains en sa possession. Mais il faut au préalable la validation de la préfecture, et plusieurs échanges de courrier s’ensuivront. La transaction sera finalisée en 1860. 


Au début de la troisième République, le gouvernement décide de revalider toutes les autorisations de foires en France. Une circulaire ministérielle du 12 octobre 1871 précise que chaque demande devra dans un premier temps recevoir l’aval des communes environnantes. Parmi celles consultées pour La Foye, 33 communes des Charentes donnent un avis favorable, permettant au préfet de reconfirmer les deux foires. 

Le village est alors au sommet de sa prospérité. Les foires sont un évènement extraordinaire dans toute la région et tout le monde s’y presse. Un visiteur écrit : « Je me souviens de tous ces commerçants qui proposaient moult marchandises, on trouvait presque tout sur les divers étals : chaussures, vêtements, linge de maison, mercerie, literie, fruits et légumes, et autres denrées alimentaires, plants de légumes, graines, ustensiles de cuisine... Ces foires attiraient encore une foule de monde à la fin des années 1870, elles étaient l'occasion de retrouvailles entre gens du canton, et l'on se racontait les derniers potins ! »

Juste à côté, le bourg de Beauvoir avait lui-aussi acquis une forte réputation pour sa foire aux bœufs :


Il y avait par ailleurs la grande foire de Niort qui se tenait place de la Brèche et qui drainait tout le département. Les maraîchins s’y rendaient à pied pour y vendre leurs bêtes. Les vignerons de La Foye venaient y acheter chevaux ou mules, animaux indispensables pour la culture de la vigne.



La fin d’une grande époque

L'arrivée du phylloxéra (apparu dès 1875) va porter un coup dur à l'économie régionale. La mort progressive du vignoble entrainera la chute de la production de vin, ce qui réduira fortement l’attrait de foires comme celles de La Foye.

La conversion à l’agriculture permettra néanmoins d’assurer leur continuité jusqu’à la veille de la Première Guerre mondiale. On y vendra des légumes, des volailles, des œufs, du beurre, et surtout des bestiaux : bœufs, vaches, veaux, chèvres et moutons. Et pour un temps, on continuera de faire la fête à La Foye...

Progressivement au milieu des années 1920, les foires se transformeront en « balades » où seront présent de nombreux forains et camelots proposant toute sorte de marchandises, avec de nombreuses activités pour amuser les plus jeunes, telle la course au sac. Sur le terrain, on installera des tivolis (de grandes tentes de toiles permettant d’abriter la piste de danse pour le bal du soir). Des orchestres se déplaceront, jouant les airs réputés du moment, et la jeunesse s'y donnera rendez-vous.


On organisera des balades sur le terrain du champ de foire, mais aussi à Treillebois, où une rue portera plus tard le nom « chemin de la balade ». À la fin des années 70, elles attiraient encore une foule de monde : l'occasion de retrouvailles et d'échanges de potins entre gens du canton. Elles continueront jusqu’au début des années 1980 pour se transformer progressivement en bals, qui se tiendront principalement les soirs de week-end. Puis ils disparaitront à leur tour, la voiture permettant aux jeunes de se rendre en ville. 

Le renouveau

Au début des années 2000, un nouveau champ de foire sera acquis par la commune, un peu plus loin à l’Ouest de la mairie, sur lequel sera construite une salle des fêtes afin d’organiser divers évènements. Baptisée Monacalis, ce nom rappelle les grandes heures de la création du village...

Un groupe de passionnés fera également renaitre la foire du mois d’octobre sous forme de foire aux vins. 


L'association des Fiefs Viticoles compte près de cinquante membres et se réunit régulièrement chaque année en préparation du grand jour. 

Dès la veille les tivolis sont installés. Une cuisine permet d’assurer un repas à midi pour plus de 400 convives. Chacun y fait ses achats de vins auprès de la vingtaine de négociants et vignerons venus de toutes les régions de France. Il y a aussi plusieurs commerçants des environs proposant des huitres, fromages, pâtisseries, conserves, légumes et artisanat. Un orchestre rythme la journée et le manège amuse les plus petits. 


Le succès est à nouveau au rendez-vous : plusieurs milliers de visiteurs viennent de toute la région. Et avec un peu de chance, le soleil d’automne brille de tous ses feux...


Documents annexes


28 février 1810 - Décret du préfet pour les droits de plaçage et d’étalage à la foire de La Foye :



1881 - Enquête pour l’approbation des foires. Arrondissement de Niort :



En octobre 1884, on publie le tarif des emplacements pour les commerçants, et la liste des spécialités est particulièrement savoureuse et relate les nombreux petits métiers qui existaient à l’époque et qui courraient les foires.

« Droit de place pendant la durée des foires de la commune de La Foye-Monjault.

Par métier : 
  • Les comédiens avec baraque payeront par place : 3,50 francs. 
  • Les jeux de lancer et chevaux de bois, cafetiers, cabaretiers, marchands ambulants et comédiens avec voitures, paieront par place : 3 francs.
  • Les marchands de poterie et ferronnerie…
  • Les orfèvres les marchands de sabots, de lard et autre viande…
  • Les marchands de chaise, de gamelles de bois, et de balais…Les marchands avec banc et les marchands de fer…
  • Les opticiens et joueurs de tir, rôtisseurs, gargotiers, et rôtisseurs de marrons….
  • Les cordonniers et cordiers…
  • Les boulangers, fouaciers, marchands d’huitres, et les poissonniers…
  • Les marchands de fuseaux, charlatans en médecine, ou médecins hâbleurs à pied…
  • Les marchands de sardine et harengs…
  • Les marchands de toile…
  • Les marchands de fil, galons ou épingles… 
  • Les marchands d’ail ou oignon…
  • Les marchands de lin ou chanvre…

Par unité :
  • Pour chaque sac de marron
  • Par bœuf, vache, cheval, ou jument…
  • Chaque chèvre, cochon, brebis, ou mouton…



18 mai 1885 – Règlement municipal pour l’organisation des bals les jours de foire :



Horaires des bals :



Le champ de foire servait également pour les festivités du 14 juillet, comme ici en 1898 :



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Notes

[1] Histoire générale, civile, religieuse et littéraire du Poitou

[2] Publié en 1892.

[3] Séance du 21 mai 1803.

[4] Registre du 27 octobre de l’an I (1790).


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