André Augustin Vien


Profil d'André Vien
[Merci à Nathalie Fenech, descendante d'André]


Origine et éducation


André Augustin Vien naît le 7 mai 1759 dans la paroisse de Saint-André à Niort, sous le règne de Louis XV. Ses aïeux sont des artisans, tailleurs de pierre ou d’habits selon les cas, qui s'établissent à Niort dès le XVIe siècle. Certains d'entre eux furent protestants et l'on relève quelques abjurations sous Louis XIV.

André est le huitième et dernier enfant d’Augustin Vien, maçon comme son père et son grand-père avant lui. Son rang au sein de sa fratrie ainsi que sa condition sociale le destinent à un avenir pour le moins modeste. Mais un caprice du destin lui donne pour parrain le père André Jules Bory, alors professeur à l'Oratoire. L'influence de cet homme, pourtant connu pour la dureté de son caractère, lui sera providentielle.

Comme cela se faisait à l'époque à l'issue des parrainages, Bory, ecclésiastique voué au célibat, allait adopter son filleul. On ne peut d'ailleurs pas exclure que les parents de Vien, très pauvres, n'avaient pas les moyens de l'élever : cinq de leurs huit enfants étaient déjà morts en bas-âge... Aussi, lorsque Bory est nommé curé de La Foye et qu'il vient y habiter, en août 1763, il est peut-être déjà accompagné de ce rejeton âgé d'à peine quatre ans. André reverra occasionnellement sa famille ; il sera parrain à Niort de sa nièce Marie Françoise Pouget en 1774, et assistera au mariage de sa soeur Marie quelques années plus tard.

Mais c'est au village qu'il passera le plus clair de sa jeunesse, bénéficiant de l'éducation sévère mais efficace du père Bory. En classe, de 1764 à 1768, il côtoie le futur écrivain Louis de Fontanes. Ce dernier est à peine plus âgé que lui, et ils jouent ensembles avec les autres garçons dans la cour du presbytère. [4]

Désormais coupé de son milieu familial, le voilà élevé par le fils d'un haut dignitaire parisien [5]. Outre son éducation littéraire et morale, ce sont ses manières et l'idée qu'il se fait de lui-même qui vont être forgées au sein de ce nouveau cadre social. De fils de maçon, il devient fils de notable.

André est cité pour la première fois dans les registres de La Foye-Monjault en 1774, alors que Bory est en voyage à Paris. Âgé de 15 ans, il est alors parrain d'André Louis Guitteau. La marraine n'est autre que Marguerite François, dite la Vallière, sa future épouse. Marguerite, de sept ans son aînée, est la fille d'un modeste journalier du village. Se lient-ils d'amitié à cette occasion ? André représente en tout cas un bon parti pour elle et, quatre ans plus tard, les deux jeunes gens se marient. C'est Bory qui administre le sacrement. À 19 ans, il n'est pas encore fait mention dans cet acte d'une quelconque profession, mais on remarque parmi les témoins des signatures avec ruche, dont celles des Jousseaume, Delavaud et Baudin, notables de la paroisse, et même Rouget, le fils de l'ancien maire de Niort. Selon toute vraisemblance, André est alors premier clerc employé chez le notaire et procureur Jean-Baptiste Delavaud.

Rédaction d'un acte de mariage par le notaire, sous l'Ancien Régime.

Sa progression sociale est rapide. Il bénéficie de toute évidence de l'aide de son parrain, capable d'obtenir certaines faveurs par l'intermédiaire de sa famille. Dès 1785, on le voit notaire de la paroisse, employant le domestique Louis Nervoir et portant le titre d'huissier au Châtelet de Paris – il a à peine 26 ans. Contrairement à un huissier royal qui ne peut opérer que dans une juridiction locale, souvent celle de sa châtellenie, André dépend du Châtelet de Paris : il peut exercer dans l’ensemble du royaume.

Mais si l'influence de Bory l'aide à gravir les premières marches, son succès tient à ses qualités personnelles : il est intelligent et fait preuve d'un certain charisme. En août 1788, à la veille de la Révolution, il préside à l’assemblée paroissiale. C'est à lui que l'on confie le soin de rédiger le Cahier de doléances de La Foye-Monjault.


En préparation à la rédaction du Cahier, le procureur de la commune
prend en compte les considérations des villageois.
[source : l'Histoire en Question]
Ci-dessus, un Cahier de doléances avec le nom des signataires.
Vien fut chargé de rédiger celui de la commune. Il est probable que
plusieurs personnalités de son entourage, en particulier Bory et Baudin,
eurent une influence considérable quant à son contenu.

Période républicaine


En juin 1789, Bory prend sa retraite mais continu de siéger avec lui lors des assemblées. Avec le syndic Pierre Baudin, ancien sacristain du curé bientôt élu maire, ils forment une coterie républicaine soudée qui domine la vie politique au village.

L'année suivante, Vien fait partie des notables qui participent au rachat des biens fonciers du prieuré, à l'occasion de la vente des biens nationaux : il acquiert notamment le pré de la cure pour la somme de 528 frs. Il achète aussi de nombreuses vignes, devenant l'un des grands propriétaires de la commune. Si la rémunération issue de ses fonctions notariales et municipales n'est pas négligeable, il bénéficie par surcroît du support financier de son parrain. Bory reçoit en effet 1800 livres de pension annuelle issues de l'héritage de sa mère, dont il ne semble pas faire grand usage.

Pour autant, l'engagement républicain d'André n'est jamais en doute : en 1793, il est nommé greffier du Tribunal criminel des Deux-Sèvres, répondant du Tribunal révolutionnaire créé en mars. Le 12 octobre, le district de Niort le nomme commissaire à l'emblavaison pour les communes de La Foye, Granzay et Thorigny-sur-le-Mignon. Le 26 février suivant, il est désigné pour former un Comité de surveillance à La Foye, de même qu'à Beauvoir, Usseau et Vallans.

Il fait preuve de souplesse et n'hésite pas à changer de poste, ce qui lui permet d'éviter les écueils de certaines réformes administratives : ainsi, en mai 1794, il se fait nommer juge de paix à Beauvoir-sur-Niort. Il fait bien car l'année suivante, en août, les districts sont supprimés. Avec eux, l’office du maire ainsi que la plupart des postes municipaux de La Foye-Monjault sont révoqués. Pour un temps l'appareil administratif régional est réduit au minimum. Il est centré à Beauvoir, chef-lieu du canton. Non seulement Vien en fait partie, mais il se trouve idéalement placé pour poursuivre son ascension.


De la République à l'Empire


Le  9 novembre 1799, Bonaparte fait irruption dans la salle de l'Assemblée et renverse le Directoire. Après le succès de ce coup d'État parlementaire (dit du 18 brumaire), destiné à éviter le retour de Louis XVIII et de l'Ancien Régime, le gouvernement est supplanté par une « dictature de salut public ». Sous le Consulat, qui s'appuie sur la Constitution de l'an VIII, les maires ne sont plus élus. Bonaparte s'étant opposé aux royalistes (qui tenteront de l'assassiner en décembre), les fonctionnaires de l'État sont avant tout choisis selon leur passif révolutionnaire. C'est au préfet qu'il revient de désigner le maire et son adjoint. Pour Dupin, Vien représente un candidat idéal. L'ancien commissaire de la République est ainsi nommé maire de La Foye-Monjault le 29 mai 1800.

Claude-François-Étienne Dupin, premier préfet des Deux-Sèvres [6].

Dupin lui assigne comme adjoint François Benoist, un marchand demeurant à Thorigny, fermier seigneurial de La Charrière sous l'Ancien Régime. Vien désigne quant à lui les dix autres membres du Conseil municipal. Ce sont des vétérans des assemblées révolutionnaires, mais en réalité il a dorénavant tous les pouvoirs. Sous Bonaparte, les officiers municipaux ne sont plus consultés qu'à titre facultatif.

Le nouveau maire n'ignore pas ce qu'il doit au premier Consul. En maintes occasions à l'issue de la messe et lors des grandes fêtes impériales, il adressera la foule des villageois avec des discours plein d'emphase, faisant l'apologie de l'empereur.

En 1804, évoquant l'attentat de la rue Saint-Nicaise au côté du curé Després, à l'issue de la messe, il explique aux fidèles que « les jours du Premier consul, Bonaparte, ne peuvent qu'être infiniment chers à tout Français et à tout ami de l'ordre et de son pays. Chacun doit s'empresser de bénir le ciel d'avoir encore une fois sauvé le héros de la France et son pacificateur, des mains de ses lâches assassins, soudoyés par la perfide Angleterre, et d'avoir fait avorter leurs criminelles entreprises. » Après quoi, il fait chanter un Te Deum en l'honneur de Napoléon.

À cette époque, le pays n'est pas sûr. Les autorités craignent également les brigands et les étrangers qui rodent dans les campagnes, souvent en bandes. La rumeur publique leur impute de nombreux crimes. Vien doit fournir à plusieurs reprises des passeports permettant de contrôler l'identité des voyageurs transitant par la commune. Lui-même en reçoit plusieurs du préfet dès 1803, l'autorisant à se déplacer librement dans le pays. Il obtiendra notamment deux passeports, en juillet 1807 et août 1809, avec pour intention de se rendre à La Rochelle, sans doute afin d'y négocier la vente de sa production de vins et de blé.

Passeport de 1807. Signalement : âge : 48 ans, taille : 1.76m, cheveux, sourcils
et barbe noirs, front bien fait mais portant des cicatrices, yeux marrons, teint basané.
L'attestation vient de ses deux voisins : François Bastard, et, ce qui est intéressant,
Jacques Gabriel Marie Manceau, futur maire royaliste de la commune,
son successeur à ce poste.

Verso du passeport de Vien en 1808.

Avec plusieurs notables du village, il obtient également un permis de port d'arme de défense en 1804, renouvelé à plusieurs reprises. Il est accompagné dans ses déplacements par Pierre Géoffriau, garde champêtre reconverti en garde du corps.

En août 1806, lors de la célébration de la Saint-Napoléon (instituée le 15 août en remplacement de la fête du 14 juillet), il invoque « les puissants et innombrables motifs que nous avons de bénir le ciel, pour l'implorer de protéger et d'accorder de longs jours au sauveur de la France, à l'incomparable et immortel Napoléon ! »

L'usage des passeports permet aussi aux autorités de traquer les conscrits réfractaires et les déserteurs, à l'égard desquels le maire de La Foye, fervent patriote, n'éprouve aucune sympathie. En 1805, il considère qu'il est de son devoir « de veiller à ce qu'aucun lâche, qui a déserté les drapeaux de la patrie, ne trouve un coupable asile dans notre commune. » Et de nouveau, quelques années plus tard : « considérant que la conscription est le Salut de l'État et le moyen d'alimenter nos armées, et que celui qui se soustrait à cette loi salutaire est un lâche, il importe à tout ami du gouvernement de le faire arrêter et punir. »

Ce qu'il fera en 1809 avec Jean Soulier, cordonnier itinérant venu de Corrèze, reconnu comme déserteur lors d'une demande de passeport.

En 1812, Vien procure un passeport permettant
à Pierre MILLARET, autre cordonnier itinérant de Corrèze,
conscrit réformé, de circuler librement à l'intérieur du pays.

En janvier 1808, Vien est naturellement reconduit dans ses fonctions. Il traversera le Premier Empire tout comme la période révolutionnaire, en fonctionnaire modèle.

Chaque année, il organise solennellement les tirages au sort des conscrits et s'assure de leur départ vers leur régiment [1].  Il préside aussi aux cérémonies d'assermentation des gardes nationaux sur la place de l'église, avec lesquels serviront deux de ses fils, François Augustin et Pierre André en 1810.

Signature de Vien en fin des registres de conscription
pour le canton de Beauvoir en 1812, au côté de celles
des autres maires du canton.

Vien garde en général une haute idée des valeurs morales qu'il incarne. S'il condamne fermement les désertions, il ne tolère en aucun cas les abus commis par les représentants de l'ordre. En septembre 1804, il démet de ses fonctions le garde champêtre Pierre Géoffriau pour brutalités envers les contrevenants, après que de nombreux citoyens se soient plaints de lui. L'année suivante, des gendarmes de Mauzé poursuivent jusqu'au bourg le déserteur Pierre Gastineau, un jeune domestique d'Ussolière qu'ils blessent grièvement au cours de l'arrestation. Les habitants sont scandalisés. Comme pour Géoffriau, Vien en réfèrera au préfet en demandant la punition et le renvoie de l'agent responsable. 

Il est toutefois difficile de faire la part des idéaux qui sont vraiment les siens, et celle du théâtre politique que tous les hommes dans sa position pratiquent nécessairement de temps à autres. Comme tous les politiciens, Vien éprouve le besoin de plaire à ses concitoyens. La Révolution n'est pas loin et la colère du peuple est encore redoutée. Ce qui ne l'empêche pas de jouer son propre jeu. Lorsque le garde champêtre Géoffriau est démis de ses fonctions, sachant qu'il a lui-même demandé son renvoi, Vien le réemploie aussitôt à son service en qualité de garde du corps. Quant aux gendarmes de Mauzé, leurs méfaits lui permettent de reprendre une ascendance morale sur les officiers la commune voisine (le poste de gendarmerie de Mauzé ayant alors autorité dans la région. Voir L'affaire Gastineau : une bavure policière sous Bonaparte). Fervent révolutionnaire et procureur du peuple, il n'en devient pas moins l'un des citoyens les plus riches de la commune.

Quoi qu'il en soit, deux qualités ressortent de la lecture des délibérations municipales, des discours et autres procès-verbaux écrits ou prononcés par Vien : d'une part son éloquence, soutenue par la finesse de son éducation, et d'autre part une indéniable rectitude morale. Forte tête, André prend son rôle très au sérieux. Il est à l'image des modèles de son temps, des hérauts de la Révolution à Bonaparte et ses maréchaux. En tant que maire, il se voit en officier de l'Empire et non pas comme un simple fonctionnaire. Et à l'instar des acteurs politiques de son époque, il se sent investi d'une mission. 

Avec le sens du sacré qui lui est imparti, le sentiment religieux n'est pas loin. Et l'on perçoit derrière ces qualités l'influence de Bory. En premier lieu pour l'éducation de premier ordre qu'il lui a prodigué, mais aussi pour les traits de caractère qu'André a visiblement hérité de son père adoptif, parmi lesquels sa force de tempérament et son orgueil [7].


La mairie


Sous l'Ancien Régime, toutes les réunions ayant trait à la gestion de la paroisse s'étaient tenues à l'église. Mais après les démantèlements de 1794, il ne restait de celle-ci qu'un bâtiment vétuste et délabré. Aussi, dès sa nomination au poste de maire en 1800, Vien fait part au conseil municipal de la nécessité de trouver une nouvelle « chambre commune, propre à la tenue des séances et assemblées de la mairie, et où les registres et papiers de la commune seraient déposés. »

Dans un premier temps, on loue une pièce à Pierre Lamiaud, tonnelier au prieuré et négociant qui possède une maison près de l'église.

Mais en 1810, la municipalité se retrouve une fois de plus sans lieu de travail. André décide alors qu'à partir du premier juin, sa maison ferait office de mairie. Les séances municipales se tiendront dans l'une des grandes salles de sa demeure, et son bureau de notaire servira à la rédaction des actes d'État civil. En attendant la location ou la construction d'une nouvelle mairie, les archives seront entreposées dans son grenier. Cette situation perdurera bien au-delà de son remplacement en 1816, la propriété de Manceau servant ensuite de maison commune.


La foire de printemps


Les notables de La Foye, parmi lesquels Vien et son adjoint, le riche marchand Benoist, ont toujours à cœur de faire fructifier leurs affaires. Il est donc dans leur intérêt de promouvoir le développement économique de la commune. En 1801, les guerres, la crise économique et les troubles révolutionnaires ayant réduit l'activité marchande à la seule foire d'automne, André décide d'en ouvrir une seconde au printemps. Encore faut-il obtenir l’autorisation auprès du préfet. Dans un premier temps, il rallie à sa cause la municipalité et les villageois :

« Cette foire depuis ci-longtemps souhaitée par nos concitoyens que jadis elle fut demandée aux ci-devant intendants de la généralité de Poitiers, puis mentionnée dans le Cahier de doléances de la province... Mais les députés de la Révolution avaient d’autres priorités... Il est temps de renouveler cette demande ! Je vous rappelle que l’aridité de notre sol ne nous permet de récolter qu’une seule denrée, le vin. Nous devons faire en sorte d’attirer chez nous les marchands de vin de la plaine et du bocage, pour s’approvisionner et que n’ayant qu’une seule foire, ayant lieu dans un temps toujours mauvais, aux chemins environnants détestables, que souvent la foire est nulle. Il nous faut une seconde foire au beau temps, pour vendre notre vin en échange de grain toujours rare par ici, et d’ailleurs le commerce et l’industrie naissants dans notre pays ne pourraient qu’y gagner. Notre souhait est le 14 prairial de chaque année. Nous souhaitons présenter cette requête au préfet du département… ».

Ce qui est aussitôt fait :

« Considérant qu’une seconde foire, en procurant aux habitants de cette commune et de celles des environs les moyens de vendre leurs vins et boissons, leur unique récolte et ressources… Considérant qu’il existe dans cette commune une balade très renommée dans les environs pour accueillir les domestiques, et qu’elle a lieu le jour du dimanche de la Trinité... Considérant enfin qu’il parait plus avantageux pour la commune que la seconde foire soit fixée dans le courant du mois de prairial, époque de la tenue ordinaire de la balade, et qu’elle soit expressément réunie, tel a toujours été le vœu de nos concitoyens. »

Dupin ne peut qu'approuver. La nouvelle foire aura lieu tous les 14 prairial (3 juin). Un arrêté est publié dans le Bulletin des Lois de la République du 18 thermidor an X (6 août 1802, ci-dessous), signé par le premier consul Bonaparte.



Le 17 octobre 1803, quelques jours avant la foire d'automne, il publie un règlement visant à assurer « tranquillité et sécurité » aux visiteurs comme aux forains. Il rappelle que « les cabaretiers et aubergistes doivent exiger les passeports de leurs visiteurs, que tous les jeux de cartes et de hasard sont interdits. Les marchands ne doivent pas déborder des emplacements qui leur ont été octroyés, et ne doivent pas encombrer les chemins. Pour maintenir le bon ordre il y aura une garde composée de douze hommes, un officier, un sergent et un caporal qui se tiendront à la chambre commune. Les habitants qui voudront vendre du vin chez eux devront au préalable faire une déclaration à l’adjoint au maire ».

Le règlement qu'il décrète en 1804 nous dépeint les forains qui composaient alors la foire et les marchés du village : « Chaque famille de marchand doit occuper une place précise sur le champ de foire : en face de l’entrée les quincaillers, et les autres de part et d’autre à une distance de 24 pieds : à l’Est seront placés les marchands de vin, de chapeaux, de grain, de viandes et autres comestibles. À l’Ouest les marchands de poissons. Les rôtisseurs et charcutiers ne devront allumer leurs feux qu’au levant et couchant des bancs, afin que la fumée n’incommode pas les marchands de vin et cause des incidents fâcheux aux marchands d’étoffe. En aucun cas les bancs de commerçants ne devront gêner le passage des voitures et visiteurs. Ils ne devront pas déborder sur le chemin. Les charrettes ne devront pas encombrer le chemin et être rangées en dehors du champ de foire. »

Il est aussi précisé que « Vien, propriétaire du champ de foire (lieu-dit de La Balade) et membre de l’assemblée municipale, devra veiller au respect de ce règlement. La foire sera surveillée par la garde et la gendarmerie nationale qui seront présentes pendant toute sa durée… »


François Augustin, soldat de l'Empire


Parmi les soldats, ses trois fils font partie des levées de 1804, 1805 et 1806. Si Pierre et Vincent choisissent plutôt de se faire réformer (moyennant un paiement négocié avec leur remplaçant), leur père a su communiquer à l'aîné sa fougue républicaine.

Dès 1801, François Augustin est engagé volontaire dans l'armée du Premier Consul [2]. Le 14 décembre, âgé de 17 ans, il s'embarque à Brest à bord d'une flotte de 36 navires en direction des Antilles. Il fait partie d'un corps expéditionnaire de 23 000 hommes placé sous le commandement du général Charles Leclerc. La troupe débarque au Cap-Français, à Saint-Domingue, le 2 février 1802. À leur arrivée, la population, qui est composée en large majorité d'esclaves récemment affranchis (près de 500 000), se soulève. Leur supériorité numérique écrasante, à laquelle s'ajoute le climat tropical, va vite avoir raison des soldats. Finalement le 18 novembre 1803, décimées par la fièvre et les combats, les soldats survivants sont contraints de capituler. François fait parti des rescapés. Relâché, il revient en France quelques mois plus tard.

Note d'André faite dans le tableau de conscription de l'an XIII,
qui précise que son fils est revenu en France le 30 mai 1804 (10 prairial an XII)
Une note de son père dans le tableau de conscription rapporte « qu'habitant au Cap, île Saint-Domingue, depuis 30 mois environ où il a combattu les nègres et il a échappé à leur fureur, il est arrivé en France le 10 prairial dernier... »

Carte de la colonie française de Saint Domingue en 1780 (partie occidentale de l'île).
La ville du Cap se situe sur la côte nord. Avant la Révolution, les produits
de cette colonie représentaient un tiers des exportations françaises,
grâce à ses plantations de sucre et de café, très productives
en raison des nombreux esclaves.
En 1794, après de nombreuses révoltes et pour éviter que l'une des plus riches colonies
françaises ne tombe aux mains des Anglais, la Convention proclame l'abolition
de l'esclavage et l'égalité entre tous les citoyens de l'île. La situation se normalise.
Cependant, en janvier 1801, les initiatives du nouveau gouverneur de l'île,
Toussaint Louverture, déplaisent à Bonaparte. Fils d'esclave, Toussaint est un
personnage trop ambitieux aux yeux du Premier Consul qui, cédant à la pression
des colons, décide de rétablir l'esclavage. Il envoie à cet effet
un corps expéditionnaire. Mais les troupes, inférieures en nombre
et atteintes par la fièvre, se révéleront incapable de faire face
à l'insurrection violente des esclaves affranchis. Au total, le corps
expéditionnaire perdra 55 000 hommes pour un contingent de 70 000 soldats.

Pour François, l'expédition de Saint Domingue ne marquera pas pour autant la fin de son aventure militaire. Il sera incorporé en 1806 au 3e régiment de ligne, au 9e puis au 36e où il sera fait officier. En 1808, peut-être sélectionné parmi les vélites, il servira comme sous-lieutenant dans la Garde Impériale jusqu'en 1809. Rentré au village, il sera nommé capitaine des gardes nationaux de la commune.

Chasseur à Pied de la Garde Impériale

La fin d'une époque


En juillet 1815, avec le retour de Louis XVIII supporté par Talleyrand et Fouché, ministre de la police, la tendance politique s'inverse. Le vicomte François Duval de Chassenon de Curzay succède à Dupin. Le nouveau préfet royaliste va aussitôt remplacer les fonctionnaires républicains par des sympathisants. À La Foye, Jacques Gabriel Marie Manceau, chevalier, sieur de la Renaudière et de Boissoudan, est nommé maire du village. Ancien lieutenant au régiment de Dauphin dragons, il est déjà propriétaire de nombreux domaines dans la commune. Trop âgé cependant, il sera succédé par son fils Hippolyte en 1820.

Les années suivant la défaite de l'Empire sont particulièrement éprouvantes en France. Si l'ouest du pays échappe à l'occupation des troupes coalisées, une série d'hivers très rudes, suivis par des étés caniculaires ou au contraire très pluvieux, affectent les récoltes et entraînent disettes et épidémies. Bénéficiant toujours du respect des villageois, André se replie sur son cabinet de notaire.

Enseignes de notaire du XIXe siècle. Le panonceau de gauche
était celui en usage sous la Restauration (de 1814 à 1830).
Il devait adorner l'entrée de la maison de Vien.

En 1823, il préside encore au mariage de sa petite-fille Héloïse Jousseaume avec Frédéric Marchesseau, dont il assure la formation de notaire (en 1830, ce dernier deviendra à son tour maire de la commune).

Benoist, son adjoint, meurt en décembre. Vien le rejoint l'année suivante, le 9 avril 1824, âgé de 64 ans, suivi quelques jours plus tard de son épouse.


Épilogue


Avec la seconde Restauration, l'aventure démocratique de la fin du XVIIIe siècle devait paraître à ceux qui l'avaient vécu comme une épopée révolue. Comment l'auteur du Cahier de doléances avait-il jugé la France des dernières années de son existence ? Du trio de 1789 il ne restait plus que lui. Bory, son parrain et bienfaiteur s'était éteint en 1797, et le maire Baudin l'avait suivit en 1800. Le retour de la monarchie dut avoir un goût amer pour les vétérans de la Révolution, d'autant que la décennie qui avait suivi l'Empire fut marquée par la défaite et les privations.

Malgré cela, après 46 années passées au village, André était devenu l'un des plus riches propriétaires de la commune. Dès 1819, il est noté comme l'un des dix villageois payant le plus d'impôts. Sa grande demeure comptait deux chais, dont un récemment construit, avec au dessus un fournil. Le produit d'une quarantaine de champs semés principalement de blé lui rapportait suffisamment de farine pour faire cuire à domicile, toute l'année, son propre pain. Son vignoble comprenait une trentaine de vignes (plus de 130 000 ceps espacés sur 1 600 rangs), supposant une importante production de vins, transportés et vendus à Niort ou à La Rochelle. On imagine l'activité devant les écuries, les servantes aux cuisines, les domestiques s'affairant dans la maison et les nombreux journaliers employés aux travaux des champs et aux vendanges.

Il eut une belle postérité. Sans doute fut-il assez satisfait du destin des quatre enfants qui lui survécurent. Sa femme Marguerite lui en donna huit (trois étaient morts peu après leur naissance, et une fille, Monique, en 1808, âgée de seulement vingt ans).

Sa fille aînée, Madeleine, épousa en première noce le marchand Henri Jousseaume, puis en 1816 André Chevillon, ancien de la Vieille Garde et chevalier de la légion d'honneur, aubergiste au village.

En 1811, après plus de six années passées dans les armées de Bonaparte, François Augustin était devenu géomètre de première classe, chargé du relevé du cadastre de la commune et du dessin des cartes, qu'il termina en 1820 avant d'entreprendre celui de Vallans. En 1826, il héritera une somme considérable de son père, ce qui lui permettra d'acquérir par la suite le château de Prinçais, à Brieuil-sur-Chizé [3]. En 1857, peu avant sa mort, l'ancien grognard devenu aveugle recevra la médaille de Sainte-Hélène. Il décèdera au château de Prinçais qu'il léguera ensuite à son fils Damase Augustin, avocat installé à Paris.

Le château de Prinçais
Pierre André, dit Fontaine, suivra la même voie que son père : d'abord huissier sous l'Empire, il sera notaire dès 1814 avant de devenir maire de Chizé.
Vincent Marie, le benjamin, était dès 1820 l'un des grands propriétaires de La Foye. Il avait épousé Marie Marguerite Baudin, la petite-fille du maire.

Certains aspects du parcours de Vien laissent à penser qu'il fut peut-être franc-maçon, tout comme son fils Pierre André et son neveu Damase. Dès lors, il fréquenta peut-être la loge niortaise l'Intimité, créée en 1738 (mais dont l'activé ne fut véritablement apparente qu'après 1774, lorsqu'elle s'affilia au Grand-Orient). L'un des frères de cette loge fut selon une source sur Geneanet Alexis Philippe Clerc du Fieffranc, père de Jean Philippe, l'officier municipal.

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Pour en savoir plus


Biographie de son parrain, le curé André Jules Bory

Biographie du prieur Müller

> Les institutions municipales de La Foye-Monjault, de l'Ancien Régime à l'Empire

L'élection de Pierre Baudin, premier maire de la commune

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Sa maison au bourg :
deux cents ans d'histoire


[rédigé avec la participation de Francis Rouby – 01/2019]


Le relevé du cadastre de 1820, réalisé par son fils, nous permet de retrouver sa maison : Vien habitait à l'extrémité du village sur la route d'Usseau.


Deux vues de l'entrée de la demeure d'André. 

Les murs donnant sur rue datent probablement de la deuxième moitié du XIXe siècle.

Relevé du cadastre de 1820. Vien est propriétaire des lots 314 et 315. 

André habita dès la Révolution une maison située en bordure ouest du village.
Sa demeure était entourée de vignes et de champs. Son unique voisin fut,
jusqu'à la mort de ce dernier en 1812, François Bastard de Crisnay,
officier municipal tout comme lui. François était le fils de Louis Isaac,
l'un des plus riches propriétaires de la région. Ils devaient bien s'entendre
car Vien rédigera pour lui de nombreux actes (ventes, acquisitions,
bail à ferme, contrat de mariage, inventaires, etc.). Après 1812,
André Eugène Bastard, fils héritier de François, deviendra son nouveau voisin.

L'entrée de la maison donnait au sud sur la route d'Usseau.

Vue du ciel, le village n'a pas beaucoup changé de nos jours,
à l'exception de l'addition du nouveau cimetière au sud
(ajouté en 1802, en remplacement de l'ancien cimetière
situé avant cela au centre du village).

On distingue dans l'aile gauche les tuiles claires
des bâtiments les plus anciens.

Le portail d'entrée ouvrait sur une grande cour cernée de bâtiments, avec en face des écuries surmontées de greniers à foin. Des deux côtés du portail, il y avait des chais pour la viticulture. Sur la gauche était l'ancien chai et sur la droite un autre, de plus grande taille, qui avait été récemment construit. Au-dessus de ce dernier, il y avait un four et un fournil. Il est probable que le fournil fut utilisé par le boulanger Louis Gaboriaud, adjoint municipal et ami de Vien (témoin à son décès).

La porte d'entrée se situait à gauche, passé l'ancien chai. Elle ouvrait au rez-de-chaussée sur un couloir qui donnait accès à une petite pièce, puis à une grande chambre basse. Celle-ci servait de cuisine, avec à côté une chambre de bonne.

Le couloir conduisait au premier étage par un escalier en bois. C'est là que se trouvait l'étude notariale (2ème fenêtre à partir de la droite). Un long corridor servait de salle d’attente. Le bureau était assez petit. Il était éclairé par une fenêtre. À côté, il y avait deux chambres et, juste au dessus, un grenier servant d’archives.

Au bout de la cour, dans le coin à gauche faisant face au portail, se dressait au côté des écuries la partie ancienne du bâtiment, avec une pièce principale, appelée « la salle », et à laquelle s'accolait une petite chambre à feu. Un escalier de pierre en partait, qui montait au premier étage à une chambre haute. À côté se trouvait une petite chambre de domestique, peut-être celle qu'avait occupé Louis Nervoir durant la Révolution.

Au début des années 1820, l’état de santé d'André se dégrade. Le 25 mai 1823 il prend pour premier clerc Frédéric Théodore Marchesseau, originaire de Saint-Germain-de-Marencennes, en Charente, pour l'assister à la rédaction des actes.

Vien pressent peut-être qu'il n'en a plus pour longtemps. En effet, à peine une semaine plus tard, il décide de marier son clerc à sa petite-fille Héloïse Henriette, fruit du premier mariage de sa fille Madeleine avec Henri Jousseaume, l’un des grands propriétaires de la région. Est-ce un mariage arrangé ? C’est fort probable.

Vien décède avec sa femme l'année suivante, en avril 1824. Pour assurer la continuité de l’étude, celle-ci est confiée au notaire Jacques Louis Gouraud. Marchesseau reste à ses côtés en tant que premier clerc et termine avec lui sa formation.

En octobre, un acte est passé chez un notaire de Mauzé afin d’établir la succession de tous les biens des époux Vien vers leurs quatre enfants, en indivision (ci-dessous). Puis on procède à un inventaire complet. Un deuxième acte est passé le 2 avril 1826. Il s'agit d'un très long document (de 28 pages), rédigé à Chizé en l’étude de Pierre André par Pierre Ripaud, l’un de ses confrères de Brioux.


Un premier acte de succession est passé en octobre 1824,
quelques mois après la mort d'André et de son épouse.

Au total, l’héritage comporte près de 100 lots composés de maisons, de nombreux champs et surtout des vignes, la plupart étant situées sur les meilleurs terrains de la commune, et certaines dans les villages environnants. Une vraie fortune pour l’époque ! Pour chaque vigne l’acte précise le nombre de ceps plantés, plus de cent mille au total – testament de la brillante réussite du dernier né d’une modeste famille de maçons niortais.




Madeleine et François, les deux aînés, se partagent la maison principale et les terrains environnants (plan ci-dessus). Ils ont pour obligation de construire des murs de deux mètres de haut pour marquer les séparations. La description du bâtiment dans l’inventaire est impressionnante : nombreuses pièces, chambres de bonnes, écurie à chevaux, four, pigeonnier, toits à volailles, greniers à foin, plusieurs chais remplis de barriques et matériel de vendanges, et même des toilettes (fosse d’aisance), mais aussi un puits en commun avec leur voisin.

Le puits mitoyen, encore visible de nos jours.

Les cadets Pierre André et Vincent Marie reçoivent quant à eux de nombreuses terres et vignes, qu’ils mettent aussitôt en fermage.

À cet héritage s’ajoute la donation de Charles Sauvaget et de son épouse Marie Roy (donation « entre vifs », donc faite du vivant de Charles et Marie et mentionnée dans l'acte de 1826), consistant en une maison au bourg plus quelques champs. N’ayant pas eu d’enfants, ceux-ci choisirent de léguer leurs biens à leurs cousins germains, les enfants Vien. Vincent Marie héritera ainsi de leur maison du bourg où il viendra habiter.

Le 2 octobre de cette année 1826, Marchesseau rachète l’étude notariale à Jacques Louis Gouraud. Ce dernier, quant à lui, reprend une étude à Chizé où il demeurera jusqu’en 1830. Cette même année, Marchesseau rachète l'ancienne maison de François Bastard, voisine de celle de Vien, à Pierre Hélie Giraud de la Montagne, docteur en médecine (il l'avait acquis en 1827 d'André Eugène Bastard, qui l'avait auparavant hérité de son père François).

Acte passé le 16 avril 1826 devant Gouraud. François
et Vincent Marie Vien y attestent que leur beau-frère,
Frédéric Marchesseau, avait bien travaillé pour leur défunt père,
en tant que premier clerc, à partir du 25 mai 1823.

Devenu « notaire et notable », Marchesseau effectue en parallèle plusieurs mandats en tant que maire de La Foye, de 1831 à 1847, suivi d’un court passage en 1848 lors de la chute de Louis Philippe. Il décède en 1849 dans une auberge de Benet (Vendée) dans des circonstances peu élucidées.

De son côté, François Vien part s’installer au château de Prinçais, situé à Brieul-sur-Chizé. En 1847, il revend sa part de la maison et la cour à Simon Bellion, ainsi que la grande pièce de terre en pointe située au nord.

En 1860, la commune rachète le grand champ situé juste en face, de l’autre coté de la route, afin d’en faire son nouveau champ de foire (cadastre n°162 – ex-propriété Manceau).

En 1870, après la mort de son second mari André Chevillon, Madeleine Vien habite désormais seule avec sa bonne dans la grande maison de ses parents. Elle s'y éteint en février 1873, à l'âge de 89 ans (sa bonne, originaire d’Usseau, avait elle-même 79 ans !). C'est sa fille Héloïse qui en hérite.

Peu après, le 11 mai, Héloïse met la maison en vente par adjudication. Louis Augustin Birard, un négociant en vin, s'en porte acquéreur avec « le clos de la maison », c’est-à-dire le grand champ mitoyen de 1.8 hectare, entièrement bordé de murs.

Le 30 juin 1880, François Bellion, le fils héritier de Simon, revend à la commune une surface de 17 ares (située dans le terrain en pointe), afin qu’elle y fasse construire sa nouvelle mairie ainsi qu’une école de chaque côté, pour filles et garçons.

À sa mort en 1907, Louis Augustin Birard lègue ses biens à son fils Arthur. Il sera l’une des grandes figures du village. Ayant repris la succession de son père dans le commerce de vin, il sera également lieutenant des sapeurs pompiers de La Foye pendant de nombreuses années, et maire de 1912 à 1919.

Sa fille, France, née en 1901, épousera un officier de l’armée, Marcel Langouët, qu'elle rejoindra en Tunisie. Puis suite au décès de ce dernier en 1947, elle partira vivre à Paris dans le XVIème. À sa mort en 1993, elle lèguera à la commune la célèbre « cantine de vigne » située sur le fief de la Plante aux Moines, près du bois des Loges, et qui sera rénovée par l’association des Fiefs Viticoles. En reconnaissance, la rue passant devant le cimetière sera rebaptisée de son nom « France Langouët ». Et au cimetière, une plaque à son nom sera rajoutée sous celle de la famille Birard.


Stèle de la famille Birard, à laquelle fut ajoutée la plaque de France Langouët.

Avant cela, en septembre 1940, Joséphine Marie Régine Bellion revend la maison et la cour à Gabriel Antoine Rouby, descendant d’une famille de scieurs de long originaire de Corrèze, ayant transité par le nord des Deux-Sèvres, puis par Péré près de La Charrière. 

Il la lègue à son fils Albert Rouby, agriculteur puis maire du village pendant plusieurs mandats, de 1953 à 1967. À sa mort en 1988, c’est son fils Bernard qui en hérite. Francis, son frère, rachète quant à lui la maison d’à côté, l’ancienne propriété de la famille Bastard.

Voilà pour deux cent ans d'histoire de cet ancien quartier de La Foye, ainsi que des propriétaires illustres qui l’ont tour à tour occupé !


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Notes
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[1] Vien, déjà âgé de 32 ans en 1791, n'a jamais eu à servir dans l'armée. Mais ses postes successifs (procureur de la commune, commissaire, juge de paix, maire) l'en exemptaient de toute façon. À La Foye-Monjault, une centaine de jeunes gens servirent dans la garde nationale de la commune, une vingtaine de plus dans l'armée républicaine, suivis par une quarantaine encore dans les armées de Bonaparte. Pour ceux partis à la guerre, la moitié ne sont jamais revenus, succombant à leurs blessures ou aux maladies.   [<-]

[2] Sous l'Empire, un jeune homme pouvait être engagé volontaire dès l'âge de 16 ans, à condition d'avoir le consentement de son tuteur légal.   [<-]

[3] Histoire du château de Prinçais : « La seigneurie de Prinçais (jadis Prinçay) était tenue au début du XVe siècle par Jean Chasteigner, époux de Jeanne de Beaussais. Au XVIe siècle, elle était passée à Guillaume Villiers. Sa fille Jacquette épousa Jean Baptiste Chabot, seigneur de la Pimpelière, maire de Niort en 1578, et lui apporta le domaine en dot. En 1665 il changea de mains lors du mariage de Marie de Chabot avec Pierre Eléonore de Campet écuyer, seigneur d'Estray. Les Campet conservèrent Prinçais jusqu'à la Révolution, époque où le domaine fut confisqué et vendu au profit de la Nation. Au XIXe siècle, le château devint la propriété de M. Vien, avoué à Paris, puis de Charles Touchon dont les descendants l'habitaient encore au début du XXe siècle. L'actuel château, dont la construction peut remonter au XVIIIe siècle, présente d'élégantes proportions. La façade principale se compose d'un corps de logis cantonné à chaque extrémité d'un pavillon carré en légère saillie. A noter le souci du raffinement dans l'alternance des lucarnes tantôt rectangulaires, tantôt rondes, sur la façade principale. »  [Châteaux, manoirs et logis des Deux-SèvresChâteau de Prinçais]   [<-]

[4] On peut imaginer le scandale que provoqua l'évasion de Louis vers La Rochelle en 1768, et la fureur de Bory ! Parents et gamins de la paroisse durent en parler pendant longtemps...   [<-]

[5] Bory est le fils de Charles Gabriel Bory, grand maître des Eaux et Forêts de la généralité d'Orléans, époux de Jeanne Flory de Lessart. Ils habitaient paroisse Saint-Roch, dans le premier arrondissement, à Paris (Cf. biographie de Bory).   [<-]

[6] Lorsqu'il nomma Vien maire de La Foye le 29 mai 1800, Dupin venait tout juste d'être fait préfet des Deux-Sèvres (le 3 mars). Né à Metz, son parcours possède au départ quelques similarités avec celui d'André : il fut d'abord notaire dans sa ville natale, puis secrétaire du procureur-syndic du Tiers-état. Ayant rejoint son oncle Louis Éthis de Corny, procureur du roi et de la ville de Paris, il devient en 1793 secrétaire général et commissaire auprès de l'assemblée du département de la Seine. Il est l'auteur du fameux Mémoire statistique du département des Deux-Sèvres. Il épousa Sébastienne-Louise Gély, veuve du révolutionnaire Danton. Il ne fut fait baron que plus tard, en 1809, mais sera ensuite destitué de ses fonctions de préfet par Napoléon Ier, en 1813, pour son opposition à la conscription. Il sera nommé à la Cour des comptes la même année. Dupin décède à Paris en 1823. Il repose au cimetière Montparnasse.   [<-]

[7] Vien fait notamment preuve d'orgueil dans L'affaire Gastineau, où il estime son honneur bafoué par l'action des gendarmes, et nous savons que c'était un trait de caractère de Bory. Pour ces deux hommes, l'orgueil est plus une qualité qu'un défaut. Il s'agit d'un sentiment de fierté personnelle et d'amour-propre lié à un sens de l'honneur, une tyrannie parfois, mais qui les pousse à se dépasser.   [<-]


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8 commentaires:

Unknown a dit…

Bonjour,
Bravo pour ce travail très intéressant pour moi qui suis une des descendantes d'André Augustin Vien et de son fils François. Je suis déjà venue à La Foye Monjault consulter les registres et suis preneuse de toutes informations les concernant.

André Lemoine a dit…

Merci Nathalie, j'ai pris beaucoup de plaisir à rédiger ce texte et, avec Jean-Jacques, aux recherches les concernant. C'est l'une des grandes familles qui a fait l'histoire du village.

C'est toujours un travail en progrès. Deux gros projets nous occupent en ce moment, qui sont susceptibles de nous apporter de nouvelles données les concernant :

La publication du relevé du cadastre réalisé par François, qui vous donneront tous les terrains en possession par la famille Vien en 1820. L'étude des sections du bourg est déjà disponible sur ce site.

Un dossier sur les conscrits et les soldats de l'Empire, qui viendra compléter ce qui est déjà en ligne.

Vous avez sans doute consulté les données généalogiques en ligne sur Geneanet. Si vous trouvez autre chose de votre côté, prières de nous le communiquer.

Bien cordialement,

André Lemoine a dit…

Bonjour,

Nous venons de publier la seconde partie de cet article, qui relate l'histoire de la maison d'André Augustin jusqu'à nos jours. L'acte de succession d'André et Marguerite, maintenant publié dans son intégralité (28 pages) devrait aussi vous intéresser.

Cordialement,

Unknown a dit…

Bonjour,

Je viens de lire les ajouts que vous avez faits et je dois dire que c'est toujours aussi intéressant! J'ai eu la chance de rencontrer un cousin éloigné, également descendant de François-Augustin qui avait en sa possession un portrait d'André Augustin que j'ai pu prendre en photo. Si cela vous intéresse je pourrais vous l'envoyer. Par ailleurs, où peut-on trouver les actes notariés (contrats de mariage, succession)?

Cordialement

André Lemoine a dit…

Bonjour,

Absolument ! Si vous pouvez me l'envoyer, j'aimerais beaucoup pouvoir enfin "le voir".

Je n'ai pas encore son contrat de mariage, mais il y a deux actes de succession qui sont consultables sur le site. Le premier, suivant son décès et celui de sa femme en 1824, en indivision, ne fait qu'une page. Il est dans le corps de l'article (Sa maison au bourg : deux cent ans d'histoire) juste au dessus du schéma montrant la façon dont la demeure d'André Augustin fut divisée entre les deux aînés François Augustin et Madeleine.

Le second fut passé en 1826. Il est très détaillé et fait 28 pages. La transcription est en cours mais vous pouvez consultez tous les originaux en bas de la page dédiée (http://lafoyemonjault.blogspot.com/p/blog-page_15.html).

Cordialement

Unknown a dit…

Bonjour,
Avez-vous une adresse mail que je pourrais utiliser pour vous envoyer la photo?
Cordialement

André Lemoine a dit…

andre.lemoine.lfm@gmail.com

En vous remerciant

Jean-Jacques MERLET a dit…

Nathalie,

Je suis ravi de voir que vous vous intéressez a votre ancêtre qui fut un des personnages importants du village de La Foye à l'époque de la révolution.

Le portrait de Francois-Augustin que vous nous avez fait parvenir est assez flou. Nous l'avons rajouté a l'article. Auriez vous une photo du tableau un peu plus nette ?

cordialement.

Jean-Jacques.