La famille Benoist

Les Benoist sont originaires de Prissé, au sud de La Foye-Monjault. À la fois fermiers et commerçants, ils s’enrichiront peu à peu et deviendront d'importants propriétaires terriens. Leurs descendants seront notamment propriétaires à La Charrière, à Usseau, à Thorigny et à La Foye.

C’est à la Révolution que l'un des membres de cette famille, François ou Aymé BENOIST, vient à La Foye pour y acquérir une partie des bâtiments du prieuré. Ceux-ci comprennent la maison du Grand Logis, entourée d’un immense terrain clos, avec ses nombreuses dépendances. La vente est conclue le 15 février 1793 pour la somme de 20 200 francs.


Le Grand Logis

Depuis, leurs descendants sont toujours restés au village. À la Restauration, François BENOIST (le fils d'Aymé) fait rénover la grande maison bourgeoise du Logis, encore présente de nos jours. À cette occasion, il laisse ses initiales en haut du porche d'entrée, associées à la date des travaux : « FB 1826 ».




Plus tard, vers la fin du XIXe siècle, Émile BENOIST sera une figure importante de la famille. Conseiller général à Beauvoir, il œuvrera beaucoup pour le bien-être des habitants du village en créant plusieurs associations caritatives. Il s’associera pour cela au célèbre docteur Martin, autre bienfaiteur de la commune.

Émille Benoist

À la même époque, en 1888, Louis BENOIST et son épouse Marie FRANCOIS vendront une vieille maison, qui sera démolie afin de construire des halles au centre du bourg [1]. Ces halles seront en service plusieurs décennies avant de devenir salle communale : on y donnera de nombreux spectacles. Puis elles seront remplacées par le restaurant « le Rabelais » au début des années 2000. 

L’acte de vente sera effectué au profit de la commune, en présence du maire Félix GARNAUD [5]. On y apprend que les Benoist avaient acheté cette maison et dépendances à André CHAILLE et son épouse Alexandrine SIMONET [3], eux même l’ayant acquis en 1865 auprès de LAMARRE, cultivateur au Puyroux [4].

En 1939, Marie Berthe COULON (l'épouse d’Émile), donnera un bout de sa propriété à la commune, afin d’y faire construire la salle paroissiale « Marie-Thérèse », qui servira de salle de théâtre [2].

La dernière représentante des Benoist de La Foye sera Agnès. En 1949, elle épousera en seconde noce James POULARD, originaire de Limouillas. Celui-ci, passionné par la chasse aux lapins et aux renards, entretenait de nombreux furets dans les petits bâtiments proches de la grange. Il y avait aussi des renards capturés. Beaucoup se souviennent de « Lili » une renarde qui s’était laisser apprivoiser. Parfois, on arrivait à la caresser, mais au risque de recevoir un coup de dents !

Agnès et James n’auront pas d’enfants. Ce sera une nièce de James qui héritera de la maison du prieuré. Pharmacienne à Niort, elle épousera Mr ZABALETA. La grande maison entourée d’un parc est toujours propriété de la famille.




Généalogie




La lignée de Prissé commence avec Jean BENOIST (né aux alentours de 1625-1630). Nous ne savons rien de lui, si ce n'est qu'il habite ce hameau en 1682. Anne BERLOUIN, sa femme, est née à La Charrière. Sa signature, ci-dessus, est déjà celle d'un notable, sans doute marchand. Ils auront au moins cinq enfants, dont :


Jean BENOIST (né vers 1660). En 1682, il épouse Marguerite ROUSSEAU à Saint-Symphorien. Le père de cette dernière est sergent royal. Ils auront au moins quatre enfants, dont :


BRANCHE §I


Pierre BENOIST (né vers 1685), marchand, de même que son demi-frère Aymé (branche §II qui suit). Pierre épouse en 1715 à La Foye Marie BOURGLEAU. Les BOURGLEAU sont des notables que l'on retrouvera lors de la vente des biens nationaux. Ils auront au moins cinq enfants, dont :


René BENOIST (1726-1815), d'abord marchand comme ses aïeux et comme son frère, François David, il est aussi fermier seigneurial à partir de 1758. Son profil est dans une moindre mesure semblable à celui de Louis Isaac BASTARD, son contemporain. Il épouse en 1753 Marie BARREAU à La Charrière. Sa femme est la fille d'un marchand de Villiers-en-Bois. Ils auront au moins huit enfants, dont :


François BENOIST (1754-1823), fils aîné de René, est la première figure politique de la famille. En 1778, il épouse à La Charrière Marie MOUSSARD, originaire de Thorigny. Elle est la fille d'un marchand, Louis MOUSSARD, fermier subalterne du prieuré de la Foye-Monjault entre 1748 et 1752 (employé de Louis Isaac BASTARD), également fermier d'Ussolière en 1761. Marie décède à peine deux ans plus tard. En 1785, François se remarie avec Marie Madeleine GIRAUD, veuve de Louis MOUSSARD, le frère de sa première épouse. Sa cousine au second degré, elle est la fille du marchand François GIRAUD, sieur de Lingrinière. François est d'abord lui aussi marchand, puis, suivant dans les pas de son père et de son beau-père, fermier général de La Charrière dès 1780. Avec la Révolution, l'opportunité se présente de faire carrière en politique : en 1792, il est élu maire de Thorigny. C'est peut-être lui qui rachète le Grand Logis du prieuré à La Foye l'année suivante (vente de février 93 – les archives n'indiquent pas le prénom de l'acquéreur). Avec la suppression des districts et du poste de maire en 1795, il devient l'agent municipal de Thorigny, réélu à ce poste en 1796, 97 et 98. Il dépend alors de Beauvoir, chef-lieu de canton, tout comme les agents successifs de La Foye. C'est peut-être à cette époque qu'il fait la connaissance de VIEN, alors juge de paix à Beauvoir, avec qui il doit bien s'entendre. En tout cas, le 23 mai 1800, il est nommé par DUPIN maire-adjoint de VIEN, ce qu'il restera jusqu'en juillet 1815. Il aura au moins deux enfants de sa nouvelle épouse, des jumeaux, dont :


François BENOIST (1787-1862), est né à Thorigny. Conscrit de 1807 habitant La Foye, il évite le départ pour l'armée (réformé contre la somme de 1,000 fr). La même année, il reçoit du maire VIEN, dont son père est l'adjoint, un passeport qui lui permet de voyager dans les Deux Sèvres et en Charente Maritime, indiquant qu'il est alors marchand. En 1808, il obtient un permis de port d'arme de défense dudit maire. Il est ensuite nommé sous-lieutenant des gardes nationaux de La Foye par le préfet DUPIN, le 17 mai 1810. Cette année-là, il épouse à Chizé Marie Félicité MICHAUD, fille d'un marchand de cette commune. En 1811, il quitte La Foye pour s'installer au village de Château-Gaillard à Thorigny. Il devient maire de cette commune à la suite de son cousin Jean François BENOIST en janvier 1826, poste qu'il conservera jusqu'à sa mort en 1862. Il occupe ainsi le poste de maire de Thorigny pendant 36 ans d'affilés !

Tombe de François BENOIST, maire de Thorigny, époux de Félicité MICHAUD

Ils auront au moins deux enfants. L'une de ses filles, "Azoline" BENOIST, épousera François Jules MICHAUD, propriétaire et conseiller général à Marsais. En 1854, ils vivront à Prissé, sur le domaine de Tesson, puis en 1862 ils acquerront le château de La Revêtizon, où ils habiteront jusqu'à leur décès. Leur fille épousera en 1859, au Grand-Prissé, Emmanuel Édmond ARNAUDET, juge et vice président du tribunal de Niort. Les enfants de ce couple se marieront tous dans des familles issues de l'ancienne noblesse.


BRANCHE §II


Aymé BENOIST (né vers 1685), marchand, fils de Jean et Michelle BOUTIN et frère consanguin de Pierre (Branche §I). Il est l'époux de Marguerite RAT, avec qui il aura au moins quatre enfants, dont :

François BENOIST, laboureur au Petit-Prissé, époux de Marie BRUNET. Son frère Laurent, laboureur et marchand, rachètera des lots à La Charrière lors de la vente des biens du clergé en 1793. François et Marie auront au moins trois enfants, dont :


Aymé BENOIST (1760-1811), laboureur et membre du conseil municipal du Petit-Prissé puis agent municipal de La Charrière, autre candidat au rachat du prieuré de La Foye en 1793 avec François BENOIST cité plus haut. Il épouse en 1793 au Petit-Prissé Marie CUIT. Ils auront au moins trois enfants dont :


BRANCHE §IIa


François BENOIST (1794-1840). Conscrit de 1814. Les registres de recrutement militaire indiquent qu'il fait 1.61m. Appelé pour la levée de 120 000 hommes, il est exempté parce qu'il est le fils aîné d'une veuve et qu'il est déjà marié avec Marguerite RISTORD. Après le décès de cette dernière, il se remarie à La Foye en 1834 avec Thérèse CLOUZEAU. Avant cela, il s'installe au Grand Logis, acquis en 1793 par son père où son cousin. Après l'avoir fait rénovée sous la Restauration, il laissera ses initiales "FB 1826" en haut du porche d'entrée. François et Thérèse auront un fils :

Louis François BENOIST (1835-1915), qui épouse en 1860 à La Foye Marie Geneviève FRANCOIS. Ils auront deux fils : Louis-Gustave en 1861, et Émile :

Émile BENOIST (1864-1910), qui épouse Marie COULON en 1892 à Usseau. Bien qu'ils se soient installés à La Foye, Marie retournera accoucher chez ses parents, vivant à Antigny, un hameau d’Usseau. C’est là que naitront leurs filles, Germaine en 1893, et Agnès dix ans plus tard, en 1903.

Ancien élève du Lycée Fontanes, Émile fut conseiller d’arrondissement du canton de Beauvoir de 1892 à 1901, avocat à Niort, lieutenant au 71e territorial d’infanterie, puis vice président de la société des vétérans (section de Beauvoir).

Fervent mutualiste, il consacra son temps et son activité à l’éducation des populations rurales de sa région. La commune de La Foye-Monjault lui est redevable d’une caisse d’assurance : l’Union syndicale agricole, créée en 1898 pour lutter contre la mortalité du bétail ; d’une société coopérative de consommation de vins : l’Union vinicole fondée en 1900 ; et d’une société coopérative : l’Union syndicale des familles, instituée en 1903 pour la vente en commun des œufs et de plusieurs autres catégories de marchandises (dont épicerie, mercerie et rouennerie). Ces sociétés rendront de grands services aux habitants du village.

Émile BENOIST, conseiller municipal, publie ce en 1901 ce pamphlet à l'attention des électeurs
du canton de Beauvoir, dont le contenu pourrait toujours être d'actualité.

Germaine, la sœur ainée d’Agnès, avait épousé Charles TURGNE, un courtier en grains de Surgères en Charente-Maritime. Celle-ci décèdera de maladie en décembre 1931 à l’âge de 38 ans. Deux ans après, Charles épousera Agnès, mais il décèdera à son tour prématurément l’année suivante.

Veuve fortunée, possédant de nombreuses terres agricoles, Agnès sera très courtisée. Elle se remariera en 1946 à La Foye avec James POULARD, qui revenait de captivité en Allemagne. Ils prendront un métayer, Romuald RENAUDET, un agriculteur qui arrivait de Vendée avec sa famille.


BRANCHE §IIb


Aymé BENOIST (1797-1856), fils d'Aymé et de Marie CUIT, et frère de François (Branche §IIa). En 1824, il épouse à La Foye Marie Catherine GUILLEBOT. Ils auront au moins trois enfants dont :


Madeleine BENOIST (1829-1900). En 1853, elle épouse à La Foye Louis François MARTIN, maire de cette commune à deux reprises vers la fin du XIXe siècle. Ils auront deux enfants dont Louis Gustave, le fameux docteur Martin.


BRANCHE ANNEXE (non reliée)

Nicolas BENOIST (né vers 1710) et Françoise BONNET, paysans, peut-être originaires de Prissé mais habitant à La Foye en 1775. Ils auront au moins deux enfants, dont :


Jean BENOIST, laboureur à bœufs résidant à Thorigny et à Saint-Étienne-la-Cigogne, où il épouse Michelle MÉRAUD en 1775. Ils auront au moins quatre enfants dont :


Jean François BENOIST (1776-1858). Cultivateur, il devient maire de Thorigny en 1809 à la suite de BONNIN. Il le restera jusque fin 1825 et sera remplacé par François BENOIST cité plus haut. Il est l'époux de Madeleine PERRIER avec qui il aura au moins huit enfants.



La chapelle funéraire

La famille Benoist possède une chapelle dans le cimetière de La Foye :



Elle a été construite du temps d’Émile BENOIST, c’est pourquoi les COULON, de la famille de sa femme, y figurent.


De nombreux membres de la famille y sont enterrés. On retrouve leurs noms gravés sur les plaques de marbre.


Louis BENOIST et Geneviève FRANÇOIS




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Notes

[1]  Cadastre napoléonien, parcelles 247, 248 et 249. Vendue le 11 février 1888. 

[2]  Voir la petite histoire du théâtre à La Foye.

[3]  Acte passé chez Me Joseph LEMOINE.

[4]  Contrat passé le 25 février chez Me Pierre MORIN.

[5]  Acte passé devant Me Fernand DAUDET

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