Les coiffes de nos grand-mères


Louise POMMIER, épouse MORISSON, négociant en grains à La Foye,
photographiée en 1935.

Certains d’entre nous se souviennent encore de ces grand-mères rencontrées dans les cours des fermes ou au marché, souvent vêtues de noir, les cheveux cachés par une coiffe blanche.

Eh oui, nos grand-mères portaient la coiffe ! Elles la portaient tous les jours : coiffe simple ou brodée pour les jours de fêtes, ou tout simplement un grand mouchoir ou « fichu »  noué sur la tête, pour aller au jardin ou dans les champs... 


Cette coutume était pratiquée par toutes les femmes et jeunes filles au village, dès le XIXe siècle et jusqu'au début du XXe.

Les chapeaux remplaceront peu à peu les coiffes après la guerre de 1914, auprès des nouvelles générations, mais les grand-mères les garderont jusqu’à la fin des années 40. 

La saintongeoise

Chaque province avait sa propre coiffe et il y en avait de toutes les formes, simples ou très ouvragées. Dans le Poitou, la forme pouvait être différente entre chaque canton. 

À La Foye, la coiffe s’appelait la saintongeoise, notre village se situant à la limite nord de la Saintonge. L’ancienne province de Saintonge était alors beaucoup plus vaste et le territoire débordait à l'est en Poitou.

Il semble que la mode de cette coiffe vienne de Beauvoir-sur-Niort. Elle s'est peu à peu diffusée au sud de Niort et jusque vers Saint-Jean-d'Angély. Les dimensions du fond, la largeur de la partie plate à l'avant, le montage du nœud à l'arrière permettent de localiser la commune où se elle portait :



La saintongeoise était posée sur les cheveux séparés à l'avant en deux bandeaux de chaque côté du visage et regroupés à l'arrière dans un chignon sur la nuque. Une toque de velours enserrait la tête et maintenait la coiffe. C’était tout un art, et dans chaque village ou canton, il y avait des brodeuses particulièrement habiles qui constituaient le trousseau des jeunes filles ou femmes mariées.

La coiffe de tous les jours

À chaque moment sa coiffe ! Il y avait toute une codification pour évoquer la situation de celle qui la portait. Pour les jours ordinaires, c’était une coiffe simple, qui recouvrait les cheveux ramassés en chignon. Elle état fixée par une épingle, parfois un bijou.

Au puits

La coiffe des jours de fêtes

Les jours de fête, les villageoises mettaient leurs plus belles robes et portaient fièrement la coiffe brodée. Chaque village avait sa saintongeoise. Les formes différaient plus ou moins, de même que l'usage des nœuds, plis et rubans. Un bijou en or pouvait être piqué dans le nœud, en signe d'aisance, et la coiffe pouvait comporter de longs rubans en satin ou en moire brochée (voir ci-dessous).

La saintongeoise était recouverte de satin bleu pour les jeunes filles, et de couleur crème pour la femme mariée. La coiffe utilisée pour le mariage était plus élaborée, avec des broderies et des rubans particulièrement travaillés.

Les rubans font 16 cm sur 50 cm.

La coiffe des jours de deuil

Pour les deuils qui concernaient la perte d’un parent proche, les femmes portaient une coiffe simple en mousseline ou percale unie. 

Il y avait aussi le demi-deuil qui concernait la perte d’un parent plus éloigné, ou d'un voisin. Dans ce cas les femmes portaient une coiffe en tulle ou mousseline avec un nœud à ruban tout simple.

Coiffe de deuil
Coiffe de demi-deuil
Nœud à ruban de la coiffe de deuil

La réalisation d’une coiffe

La coiffe est constituée d'une bonnette dont le fond est ovalisé ou arrondi par un cercle métallique, soit en fer recouvert de tissu, soit en laiton. Ce cercle est fermé par un galon ou du gros fil. 

Cercle de fer recouvert de tissu
Cercle à l'intérieur de la bonnette

Sur cette bonnette est posé un satin recouvert de tulle ou de mousseline, dont l'arrière est paillé en cœur. Les broderies sur le tulle du fond des coiffes s'inspirent des fleurs des jardins ou des graminées des champs. Elles peuvent être brodées à la main, mais le plus souvent ce sont des broderies mécaniques.

Pose du satin sur la bonnette

À l'avant sont placées une double passe de tulle et une dentelle ruchées, soit par paillage droit, soit par tuyautage.

Pose de la double passe
Pose du tulle

À l'arrière, des plis permettent de contenir l'ampleur du tissu. Un petit ruban de soie cache le montage à l'avant.

Ruban cache-montage

À l'arrière était centré un gros nœud composé de coques, prolongé par deux pans pouvant être en soie unie ou brochée, en faille ou en ottoman, selon la fortune des femmes ou les circonstances dans lesquelles elles étaient portées.

Pose du nœud à coques
Pans de soie


Ces coiffes ont fait l’objet de nombreuses cartes postales :







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