Auberges, cabarets, hôtels et cafés


Le cabaretier (estampe de Sébastien Leclerc, 1664 – Source : Limédia Galleries)


Sommaire






Auberges, cabarets, hôtels et cafés

Dès la renaissance des auberges s’établissent dans la plupart des villages. Après la Guerre de Cent Ans, colporteurs et commerçants peuvent de nouveau se déplacer plus librement, et le soir il faut les loger et les nourrir. Les villageois prennent aussi l’habitude de se rendre au cabaret lors des jours de fête. C'est un lieu de rencontre et de détente : on vient y boire, rire, jouer et chanter en bonne compagnie. On y débat aussi des affaires du temps, de la politique et des ragots, ce qui entraîne parfois des échauffourées entre clients.

Les auberges (souvent des hôtels) et les cabarets étaient aussi appelés, tavernes, estaminets, puis plus tard cafés. Derrières ces noms, il y avait au XVIe et XVIIe siècle des professions différentes régies par des privilèges corporatifs, nécessitant un apprentissage. Le tavernier ne pouvait que vendre du vin « au pot » (à emporter). La viande ne pouvait être préparée et cuite que par un rôtisseur ou un charcutier, et seul le cabaretier pouvait servir le vin à table accompagné de nourriture.

Le culte imposait aussi ses règles : dès 1587, il fallait être catholique. Il était interdit de recevoir des clients durant la messe et lors des trois derniers jours de la semaine sainte (qui se termine avec le dimanche de Pâques). Et pendant le carême, aucune viande ne devait être servie... le tout sous peine de lourdes amendes pour les tenanciers.

Chaque auberge devait avoir une enseigne et afficher le prix des vins. En théorie, la loi fixait également l'heure de fermeture à 9h en hiver et 10h en été (comme cela sera réitéré lors les couvres-feux durant la Révolution), et l'usage voulait que seuls les étrangers de passage puissent fréquenter ces lieux. Mais ces consignes étaient rarement observées. Moyennant quelques limitations, ce type d'établissements étaient néanmoins relativement faciles à gérer et ils étaient passés de main en main, souvent au sein des mêmes familles.

Intérieur de cabaret (gravure du XVIIe siècle
– Source : Véronique Lamey-Catheline, Histoire de Carrières, Cabaretier)

À La Foye, sous l'Ancien-Régime
La plus ancienne référence à ces métiers concerne Jean David, cabaretier sous le règne de Louis XIV. En 1687, deux ans après la révocation de l'Édit de Nantes, cet Huguenot avait épousé au bourg la jeune Anne Parré, une catholique. Un mariage mixte qui impliquait de sa part, au préalable, une abjuration (de façade, comme le démontre le difficile baptême de son fils en 1697). Malgré les tensions religieuses, la famille David tiendra un cabaret jusqu'au milieu du XVIIIe siècle : sous Louis XV, nous apprenons que François David y travaille encore comme cuisinier.

Le garçon cabar[e]tier (gravure de Charles Nicolas Cochin,
d'après la peinture de Jean Siméon Chardin, 1740)
Le garçon cabaretier, gravure de la même époque.

Sous l'Ancien Régime, le village compte plusieurs établissements dont certains bordent la rue du Centre (surtout des cabarets), et d'autres sont situés aux extrémités du village (les auberges, aménagées dans des fermes ou des maisons de plus grande taille). Ils sont fournis par la production de vin locale, abondante et de bonne qualité, et importent de l'eau-de-vie des Charentes. Auberges et cabarets sont particulièrement actifs aux périodes des deux foires annuelles, profitant de l'afflux de négociants. Les voyageurs s’y amusent jusque tard dans la nuit et boivent parfois trop, forçant l’intervention des gardes de la châtellenie.

Bagarre d'hommes dans une chambre d'auberge (Léonard Defrance, ca 1770)
Intérieur d'auberge au XVIIIe siècle (Léonard Defrance)

Les hôtels sont généralement de petite taille. Ils consistent en une pièce commune faisant auberge, chauffée par une grande cheminée, avec un escalier par lequel on accède à quelques chambres modestement meublées (un lit, un coffre, une petite table de chevet), situées à l'étage. Ils servent souvent de relais aux voyageurs et aux diligences.

Il s'y trouve parfois des prostituées qui veillent au « divertissement » des clients de passage. Ainsi la jeune Isabelle Migaud, venue sans doute de Niort. En 1786, elle accouche d’un enfant illégitime que le curé Bory consent à baptiser « à l’eau seulement », mais qui ne trouvera ni parrain ni marraine.

L'atmosphère que l'on y trouve reflète inévitablement les évènements de l'époque. Sous Louis XVI, les débats politiques dominent souvent la conversation. Notables et voyageurs de passage brandissent des pamphlets incendiaires qu'ils lisent à la clientèle... Mais l'actualité de la paroisse se suffit à parfois elle-même : en 1785, le meurtre du journalier Pierre Arnault fait l'objet de tous les ragots. On accuse son frère Louis ! Sur fond de crise économique, le temps et l'humeur des gens se gâtent. Les récoltes sont détruites par la grêle et la pluie ; c'est la disette. Si la boisson ne manque pas, on ne trouve plus de quoi nourrir les clients. Ceux-ci font la queue chez le boulanger, en vain... Les hivers sont froids, et il faut éloigner les nombreux mendiants.

Les cabarets et auberges ne sont pas nécessairement appréciés de tous. En ces temps de crises, ils représentent aussi un fléau : dès 1789, l'Assemblée constituante envoie des directives aux paroisses, afin de contrôler les abus d'ivrognes perpétués aux alentours des nombreux établissements situés dans les villages et le long des routes. Elle ne fait en cela que réaffirmer les usages d'antan, en ajoutant aux consignes le sceau de l'autorité républicaine :

On demande aux citoyens « de ne point donner congé le dimanche et les jours de fête aux journaliers, de même durant la célébration de l'office divin, pas plus que le soir passé neuf heures et demie, ceci de la Toussaint jusqu'à Pâques ». Un couvre-feu est imposé : à neuf heures, tous les soirs, les cloches de l'église sonnent une demi-heure durant, afin d'avertir les gens de ne plus quitter leur domicile. Les cabarets doivent alors fermer leurs portes et les clients rentrer chez eux. Le reste de l'année, le couvre-feu a lieu une heure plus tard. Si des étrangers arrivent à l'auberge, les tenants doivent aussitôt en avertir le syndic (qui sera bientôt remplacé par le maire).

Révolution et Premier Empire
Durant la Révolution, Jeanne Archimbault, veuve du maréchal-ferrant René Louvrier, tient une auberge au bourg (qui deviendra au XXe siècle l'hôtel du Chêne Vert). Jeanne est de Niort, comme plusieurs aubergistes de passage au village où ils comptent de la famille, tels Jean Favriou et Pierre Mangou.

Photo du relais du Farrou, à Villefranche-de-Rouergue (Aveyron).
L'auberge, à gauche, côtoyait l'atelier du maréchal-ferrant, ce qui permettait
aux voyageurs de procéder en même temps aux réparations nécessaires.

René Louvrier et Jeanne Archimbault sont arrivés à La Foye en 1771. La famille Louvrier est de Secondigné mais compte aussi des relations au village. En 1762, le notaire Jean Baptiste Delavaud avait épousé la sœur de René, qui était venue s'installer avec lui au bourg. Jeanne a peut-être ouvert cette auberge avec son mari dès avant la Révolution. L'établissement aurait alors servi, avec son atelier, de relais et d'hôtel aux voyageurs (comme on le voit ci-dessus pour le relais du Farrou). Il est aussi possible qu'après la mort de son mari en 1792, Jeanne ait choisi de reconvertir l'atelier donnant sur la rue du Centre en auberge, aidé par son fils Isaac, négociant en vins, et par son gendre Louis Gaboriaud, qui tient alors une boulangerie dans la même rue.

En 1792, l'ambiance survoltée s'est sensiblement assombrie. Le soir après une dure journée de labeur, et le dimanche après la messe, on vient au cabaret chercher les dernières nouvelles de Niort et de Paris. Ce ne sont pas les sujets de discussion qui manquent : on y débat des arrêtés de la municipalité, on pointe du doigt les notables et les nantis qui se terrent chez eux, ceux qui contestent les réformes ou qui s'offusquent au ralliement de l'église à l'État... On y parle du roi, arrêté l'année passée et ramené de force par les troupes à Paris, ainsi que de l'exil du prieur Müller et du noble de La Perrière, dont la propriété et les biens seront mis aux enchères avec les biens nationaux...

Le couvre-feu reste d'actualité : cette année-là en février, le maire Baudin assisté du président de l'assemblée Clerc du Fieffranc apprennent que des clients ont bu et joué aux cartes toute la nuit, à l'auberge tenue par François Lévesque et son beau-frère Louis Guitteau, contrevenant aux règles en vigueur. Ils en réfèrent au procureur Jean Geoffroy, dit la Ballade, qui ne veut pas en entendre parler. Il est vrai qu'il est le beau-frère par alliance de François et qu'il trouve peut-être difficile de le verbaliser pour si peu... François étant par ailleurs officier municipal, l'affaire, somme toute banale, se retrouve consignée dans les registres.

« Aux braves habitants des chaumières - Réception du décret du 18 floréal. » (7 mai 1794)
[Archives numériques de la Révolution française ou Gallica]
Ce décret instituait les fêtes décadaires. Adopté par la Convention
sur un rapport de Robespierre, il substituait aux fêtes catholiques un calendrier
de fêtes républicaines marquant les valeurs dont se réclamait la République.

D'abord exaltée, l'humeur fait place à la méfiance puis à l'effroi sous la Terreur. En ville, on dénonce, on guillotine... Des réfugiés fuyant le soulèvement vendéen passent par le village, trainant avec eux leurs maigres possessions. Certains s'arrêtent à l'auberge. Dans le pays comme aux frontières, c'est la guerre.

Sous l'Empire, Isaac Louvrier reprend l'auberge de sa mère. Il la tiendra pendant une trentaine d'année. Louis Boyer, dit Laboussay (neveu de François Lévesque ci-dessus), est employé chez son oncle jusqu'en 1812, date à laquelle il est envoyé servir dans un régiment d'artillerie.

À la Restauration, André Chevillon, sous-officier à la retraite, tient lui aussi une auberge. Son établissement permet à tous les vétérans (la commune en comptait une quarantaine) de s'y retrouver et d'évoquer les épreuves subies lors de la Révolution et du règne de Bonaparte... Lors de longues veillées, à la lumière des chandelles, on raconte le recrutement, les marches, les pays traversés avec leurs gens, les privations, le vacarme des batailles, les blessures, les triomphes et les agonies, la captivité pour certains, les amis perdus (et dont on n'avait pas de nouvelles), et finalement le retour au pays...

Chevillon, grognard de la Vielle Garde rescapé de Waterloo, forçait l'admiration par ces récits : au plus froid de l'hiver 1814, il avait traversé la Marne à la nage pour aller prendre d'assaut un bateau gardé par des tirailleurs russes ! Il l'avait ensuite retraversé pour aller bâtir un pont... Quelques jours plus tard, il avait encore fait quatre prisonniers chez les Russes... Une affaire qui lui avait valu la légion d'honneur.

Son beau-frère François Augustin Vien, géomètre qui travaillait à présent aux plans du cadastre, s'était engagé dans l'armée à 17 ans. En 1801, il s'était embarqué à Brest sur un trois-mâts pour rallier Saint-Domingue, aux Antilles. Il était resté là-bas trois ans, avait survécu aux fièvres tropicales et à la révolte de centaines de milliers esclaves...

Pierre Bonneau, dit Bon Jean, était devenu le garde champêtre de la commune. Il avait bénéficié pour cela d'un vieux décret du premier consul qui réservait ces postes aux anciens soldats : l'intention était de leur assurer un appoint supplémentaire pour leur retraite, les pensions étant insuffisantes. Ancien dragon lui aussi récipiendaire de la légion d'honneur, Pierre avait fait les campagnes d'Espagne, d'Allemagne et de France, avant d'être blessé aux reins.

D'autres encore avaient traversé l'Italie, l'Autriche, la Prusse et la Pologne... Et Jacques Giraudeau avait fait la terrible campagne de Russie, dont tant de gars du village n'étaient pas revenus...

Intérieur d'un café (Louis Léopold Boilly, ca 1815 – Source :
L'Histoire par l'image, Sociabilité urbaine au début du XIXe siècle)
Du XIXe au XXe siècle
Parmi les tenanciers, on relève aussi Jean Baraton dès 1832, dont le fils Ferdinand ira ouvrir une auberge à Sansais dans les années 1870. Jean était assisté de sa fille Madeleine, surnommée « mille-goules » car toujours prête à colporter les ragots du village. Et vers 1844, François Giraud succédera à son oncle Isaac Louvrier, assisté par Agathe, sa belle-sœur qui est aussi la fille d'Isaac (toujours aubergiste en 1882).

Expulsion d'un ivrogne dans une auberge au milieu du XIXe siècle.

Durant la deuxième moitié du XIXe siècle, de nombreux cafetiers feront leur apparition au bourg, dont François Bonneau, Élie Boutin, Jean Burgaud, Pierre Alexandre Bouhet, Louis Giraudeau, René Guillon, Jean François Martin, François Rond et Charles Sauvaget.

Les cafés, comme autrefois les cabarets, étaient généralement aménagés au rez-de-chaussée de la maison d’habitation. Les grandes maisons disposant de chambres plus nombreuses pouvaient servir d'hôtel. Et les anciennes fermes faisaient de bonnes auberges, d'autant qu'avant l'arrivée des automobiles, celles-ci devaient pouvoir abriter les attelages et faire paître les chevaux ou les bœufs. Il leur fallait donc des prés attenants (comme on le voit avec les trois exemples ci-dessous).

Pendant les périodes de foire et jusqu'à l'arrivée du phylloxéra, on venait de loin pour y acheter des barriques de ce vin de La Foye si réputé. Trois auberges accueillaient les négociants à cette époque : celle d'Alexandre Boyer, située à l'angle de la rue du Centre et de la rue de la Mairie ; celle de Charles Sauvaget au nord-est du prieuré, près de la rue du Coin Joyeux, et une troisième au sud, à l'angle de la rue de la Fiole et de la rue des Rosiers.

Ci-dessus, parcelle n°418 du cadastre napoléonien, où se situait l'auberge-café
de Charles Sauvaget. Dessous à gauche, au n°312, l'ancienne maison Bastard
qui fut un temps l'auberge d'Alexandre Boyer, et à droite, au n°607, l'emplacement
de la troisième auberge où les descendants de Charles Sauvaget établiront
plus tard des ateliers de forge réputés.

Puis au XXe siècle, Alphonse Giraudeau, les frères Albert et Alphonse Dorey, et Florence Méloche.

La plupart des hameaux de la commune auront leurs « cafés ». On y buvait surtout du vin, la principale production du pays, « à la chopine » ou bien « à la tirette », c'est-à-dire tiré directement de la barrique, en remplissant un pichet ou une bouteille vide. Certains se souviennent que chez Richard (actuellement maison Mainson, au début de la rue des Deux Puits), on ne buvait que du vin blanc et uniquement à la tirette. En général ce vin ne titrait pas plus de 10 à 12 degrés. Ce n’était que dans les grandes occasions que l’on buvait du « vin bouché » venant des propriétés réputées.




Les Bals
La coutume voulait que chaque année un bal soit organisé les lundis de Pentecôte et le 25 octobre, et parfois même la veille. Pour l’occasion, la municipalité installait un parquet sur le champ de foire et toute la jeunesse s’y pressait. À côté, il y avait souvent une loterie, un stand de tir et parfois même un petit cirque ambulant.

Pour le 15 août le bal avait lieu à Treillebois. Les cafés des environs étaient bondés toute la journée, et même une partie de la nuit. On y buvait et chantait beaucoup. Une salle couverte avec parquet de danse avait été aménagée dans une vielle grange : la salle Guyon, du nom de son propriétaire.

À la libération, on installera un grand tivoli dans le champ à Drouet, situé au bout du chemin. Lors de la nomination des rues de la commune, celui-ci prendra le nom de « rue de la Balade », en souvenir de cette époque. 

Au XIXème siècle, avec le départ au service militaire, on prit l’habitude d’organiser chaque hiver un bal des conscrits (suivant le conseil de révision qui avait lieu à Beauvoir). D’abord, tous les conscrits étaient invités à un grand repas bien arrosé, suivit par un bal. Et bien sûr, il fallait que chacun puisse avoir sa cavalière pour ce grand jour. Pour ce faire, des invitations étaient envoyées aux jeunes filles des environs, comme on peut le voir sur ces invitations des classes 1897 et 1903 :


À la libération en 1945, le besoin de sorties fut tel que l’été, on organisa également des bals à tour de rôle au Grand-Bois, à Limouillas et au Puyroux.

Au bourg durant l’hiver, pour distraire la jeunesse, des bals furent organisés tous les quinze jours chez Maret ou au Chêne Vert, chez Berlouin. Il y avait parfois un orchestre, mais, le plus souvent, il fallait se contenter du tourne disque du père Laidet... Peu importe, tout le monde s’amusait.




De mémoire d'anciens

Au Grand-Bois
Il y avait autrefois un café à la sortie du village vers le Fenétreau, juste à gauche. Il s’appelait « La quille » car juste devant, un grand jeu de quille avait été aménagé. C’était un jeu très populaire à l’époque, ce qui attirait de nombreux jeunes. On avait aussi aménagé une salle de bal qui a fonctionné jusqu'à la fin des années trente. 

Le jeu de quille, ca 1910


 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Au Puyroux
Il y avait autrefois un café juste en face de la maison Druet.
 
À Treillebois
Le village comptait avant-guerre deux cafés. Le premier se situait au centre, dans la cour appartenant actuellement à Jean Jacques Canteau. C’était plutôt une guinguette et on raconte que le propriétaire, Guillon, y jouait du violon les dimanche après-midi. Ce café a fermé en 1925.

Il y avait aussi le café Laidet, qui datait du début du siècle. Il était installé dans une maison située juste à côté du puits de la rue centrale. Dans les années 30, la propriétaire étant âgée, il fut repris par James Misbert. James était électricien et travaillait dans l’entreprise Movellan à Beauvoir. Et à l’occasion, il faisait aussi coiffeur, sa femme tenant le café. On rapporte que lors des mariages au village, la coutume voulait que tout le cortège vienne y prendre l’apéritif. Et les weekends, toute la jeunesse du village s’y donnait rendez-vous.

Un peu plus loin, au bout de la rue centrale, on pouvait également boire chez Faucher, un marchand de vin originaire de Vallans, qui faisait également épicerie. Il fermera en 1940. 
 
Au Bourg
À partir des années 1900, on relève le nom de plusieurs cafetiers : Alphonse GiraudeauFlorence Méloche  et la veuve Cacault. Et aussi l’épicerie Brottier, reprise plus tard par Garnier, où l’on avait aménagé un coin café.

Les anciens se souviennent encore de quelques établissements plus récents :

Chez la veuve Boyer
Né en 1849, Louis Alexandre Boyer était le fils de Pierre, cordonnier au bourg, qui avait racheté l'ancienne maison Bastard en 1864. Propriétaire entreprenant, il décida d’ouvrir un café (qui ferait aussi plus tard commerce de tabac, et hôtel lors des foires, où il louait parfois quelques chambres). Il fit également aménager une salle de bal dans une dépendance. Décédé prématurément en 1903, à l’âge de 54 ans, sa veuve Honorine Giraudeau géra longtemps l'établissement avec sa fille Julia.

Chacun se souvient d’André Boyer, son petit-fils, qui était parti à Paris dans la garde républicaine où il était clairon. Mais pour cause d’ivresse lors d’une cérémonie, il avait été limogé au début des années 60... De retour au pays, il s’était installé dans une petite maison rue du Centre et avait ouvert un salon de coiffure. Dans le garage, il avait aussi fait installer des douches, luxe qui était encore inconnu dans nos campagnes à cette époque. Le dimanche matin, des jeunes venaient y faire leur toilette et se préparer avant d’aller au bal. 

André continuait à boire, et parfois, au milieu d’une coupe, il s’arrêtait pour jouer un air. Certaines fois, trop ivre pour continuer, il sortait de la monnaie de son tiroir et disait : « tiens, tu iras voir Henry (Henry Bernard, le coiffeur au Coin Joyeux), et tu lui demanderas de continuer ». Les jeunes n’aimaient pas beaucoup car Henry était le spécialiste de la coupe au bol, ce qui leur vaudrait d’interminables moqueries des copains et surtout des filles. 

Chez Henry Bernard
Henry Bernard (né en 1900) avait épousé sa cousine Henriette Célina Bernard. Ils étaient tous les deux de petite taille et s’étaient installés dans une maison au Coin Joyeux. Henriette y tenait une épicerie, avec quelques tables aménagées dans un coin ou l’on pouvait aussi boire du vin. Dans la pièce à coté, Henry faisait coiffeur et barbier.

Henry (et ci-dessous), avec ses camarades de jeunesse.

Le café Maret
Henri Maret et Madeleine Rouzeau étaient arrivés des Sanguinières, près de Fors (elle originaire du Grand-Bois). Dans un premier temps, ils avaient repris une ferme à La Mirauderie comme métayers. Puis, abandonnant la culture en 1945, ils rachèteront à André Arignon le café situé rue du Centre que ce dernier avait ouvert dans les années 30 (ancien menuisier, André avait lui-même réaménagé son atelier et construit une salle de bal). Pendant la guerre, cette maison avait été réquisitionnée par la municipalité pour en faire une école primaire. Certains anciens y sont allés et s’en souviennent.

Le café Maret aura du succès. La cuisine y était très réputée et de nombreux banquets et mariages s’y tiendront, en concurrence avec le Chêne Vert. Pour éviter les rivalités, certains feront même le vin d’honneur chez Maret et le banquet de noce au Chêne Vert. Ce café servira également d'hôtel pour les fêtes de famille, et accueillera les ouvriers lors des travaux d’adduction d’eau et d’installation électrique dans la commune.

Menu manuscrit du café Maret datant de 1952.

Les Maret prendront leur retraite en 1960-61. Hélas, Madeleine décédera dix ans plus tard d’un accident de voiture en Corrèze. Henri restera seul, et, à sa mort, le café sera vendu et redeviendra une maison d’habitation (parcelle n˚309 du cadastre). 

André Maret, joueur de piston
à l’Union Musicale de La Foye.

Leur fils André avait gardé les vaches dans la ferme Prunier, avant de devenir maçon-couvreur. Il épousera Geneviève Denis, de Marigny, avec laquelle il ira s’établir au Coin Joyeux, en 1955, dans une maison achetée à Mme Berlouin.

Le café Dorey
Dans les années 1840, Jean Dorey, un menuisier venu de Villenouvelle en Charente-Maritime, était venu s’établir à La Foye-Monjault avec sa femme Virginie Sauquet, une couturière d’Usseau. À cette époque, le village était prospère et son vin réputé. Des négociants s’y faisaient construire ou agrandir de belles demeures, ce qui lui assurait du travail de menuiserie bien payé.

En 1874, leur fils Hippolyte épousa au village Louise Picou, fille d’un cultivateur de Juscorps. Menuisier comme son père, il fit l'acquisition d'une maison en plein centre bourg, emplacement d'un très ancien cabaret tenu au XVIIIe siècle par Jeanne Archimbault, veuve du maréchal-ferrant René Louvrier. Tout en continuant ses activités, il décida d'ouvrir avec son père un café, le « café Dorey ». Et comme la mode des bals battait son plein, il installa un parquet dans l’une des salles.

Jean Dorey décèda en 1892. Lors de son tour de France comme compagnon en menuiserie, qui avait suivi son apprentissage, il était devenu franc-maçon, adhérant de l'association de la Libre Pensée des Deux-Sèvres :

Tombeau avec dalle en bâtière de Jean Dorey,
membre de l'association « la Libre Pensée des Deux-Sèvres »
adornée de motifs francs-maçons (équerre et compas).

Hippolyte et Louise eurent deux enfants : Alphonse en 1874, puis Albert six ans plus tard en 1880. En novembre 1895, Alphonse, l’aîné, fut convoqué pour effectuer son service militaire au régiment de Parthenay à la 20e section d’infirmiers. Il fut envoyé en Algérie pendant trois ans (durée du service à cette époque), avant d'être démobilisé en 1898 avec le grade de caporal. Il revint travailler au village à la menuiserie de son père. L'année suivante, il épousa Marie Louise Roche, de Vallans. 

Alphonse Dorey et Marie Louise Roche en 1899.

En 1900, Albert, le cadet, parti faire son service militaire à Niort. Il y fut conducteur au 31e régiment d’artillerie et termina avec le grade de brigadier. À son retour de l’armée, en 1903, il épousa Sidonie Bonneau de La Foye. Les deux frères auront chacun trois enfants. 

La famille Dorey vers 1910. Debout derrière : les deux frères avec leur casquette.

En 1905, ils reprirent ensemble la menuiserie familiale qui était située au bourg, juste au début de la rue des Rosiers. L’atelier était moderne pour l’époque, assez vaste, bien équipé avec des scies à moteur électrique, et les commandes affluaient.

Les frères Dorey dans leur atelier de menuiserie vers 1910. De gauche à droite :
Alphonse et Albert, avec leurs enfants respectifs, Édouard et Madeleine.
Édouard avait repris le prénom de son frère décédé en 1905 à l’âge de un jour.

Très actifs au sein de la communauté, Albert et Alphonse s’engagèrent dans le corps de sapeur pompiers de La Foye en 1909 :



En 1910, ils entreprirent de moderniser le café. Celui-ci était idéalement situé au cœur du village, et, pour suivre la mode de l’époque, ils réaménagèrent un garage à l’arrière pour y construire une salle de bal avec un grand parquet, qui servira également de salle de réception.


La construction de la salle de bal à l’arrière du café, en 1913.
En blanc sur la brouette, Alphone Dorey. À droite en noir, Albert.

Cette nouvelle salle fut inaugurée fin avril 1914 et des invitations furent envoyées à toute la jeunesse des environs. Ci-dessous, l’invitation reçue par Clémentine, alors toute jeune, fille du vétérinaire Béziau habitant au bourg :


Mais en août la guerre était déclarée. Alphonse, l’aîné, avait presque trente ans. Mobilisé avant son frère, il rejoignit l’hôpital militaire d’Angers où il restera jusqu’en octobre 1918. Il ne revit jamais sa femme qui décéda peu après son départ.  

Engagé volontaire, Albert fut nommé maréchal des logis au 49e régiment d'artillerie. Il décéda lors d'une permission en 1917, à l’hôpital de Niort, des suites d'une maladie qu'il avait contracté au front. 

C’est lui qui en 1912 avait construit le monument aux morts de La Foye, érigé pour rendre hommage aux soldats de la guerre franco-prussienne. Celui-ci portait désormais son nom, avec celui de 33 autres gars du village :

Le monument aux morts construit par Albert, qui était
également entrepreneur de maçonnerie.

À présent seul pour assurer les deux activités de menuisier et d’aubergiste, Alphonse sera aidé par toute la famille. Plus tard, c’est son neveu Édouard qui le secondera à la menuiserie. Ce dernier prendra sa retraite au début des années 1970.

Le café sera une affaire de famille et Sidonie, la sœur d’Édouard, en ouvrira également un dans sa maison située juste à côté de la menuiserie, rue des Rosiers, qui aura aussi beaucoup de succès.

Alphonse décèdera à La Foye en décembre 1945, à l’âge de 71 ans. 

Les filles Dorey en 1930. De gauche à droite :
Jeannette Sauvaget (épouse Paul Lucas), Alice Dorey (épouse Trouvé),
Jeanne Dorey (épouse Saboureau), Madeleine Dorey (épouse Berlouin).


Les Berlouin : du café Dorey à l'hôtel du Chêne Vert
René Berlouin était né en 1904. Il venait d'une famille habitant à Usseau, agriculteurs depuis plusieurs générations.   

En costume pour sa confirmation.
Et posant fièrement dans son uniforme...

En 1924, à l’âge de ses vingt ans, il partit faire son service militaire pour deux ans. À son retour, il épousa à La Foye Madeleine Dorey, la fille d’Alphonse. Après la mort d'Albert, Édouard avait rejoint Alphonse à la menuiserie. René et Madeleine allaient quant à eux venir l'aider à gérer le café. Celui-ci était moderne pour l’époque et la salle de bal, à l’arrière, attirait beaucoup de monde les weekends. Ils eurent deux enfants, Paul et Françoise :

Paul Berlouin à l’épicerie Racaud. Line Racaud tient le vélo sur lequel se trouve Paul, avec Françoise à droite.
Françoise à gauche avec ses amies aux battages, à Treillebois.
 
Françoise à 25 ans

 René fut mobilisé au début de la guerre 39-45, et partit aussitôt dans l’Est à Metz. Fait prisonnier, il fut envoyé en Allemagne jusqu'à sa libération en 1944.

Souvenir de Metz, le 10 Mars 1940. René Berlouin (en haut au centre). 
René, posant au centre avec les mêmes compagnons.

Après le décès de son beau-père en 1945, René reprit l’hôtel-Restaurant avec sa femme. Il fit inscrire son nom sur l’enseigne de l’hôtel :

L’hôtel du Chêne Vert, rue du Centre (parcelle n˚286 du cadastre).

Sa forte personnalité et son engagement communiste (comme pour beaucoup à son époque), faisaient de lui un personnage influent au village. En 1949, il se fit élire maire du village pour une durée de cinq ans. Durant son mandat, il entrera souvent en conflit avec les propriétaires terriens du village.

L’hôtel du Chêne Vert disposait de plusieurs chambres qui servaient principalement pour les fêtes et pour loger les invités lors des mariages, mais aussi certains artisans de passage. Lors de son séjour à La Foye, un puisatier du nom d'André Poitevin y séjourna. Il écrivit à sa femme : « Ici il fait une chaleur terrible. Je suis dans un tout petit pays à l’hôtel. J’y suis bien mais quel boulot ! Le puits est profond. Malgré tout je pense rentrer samedi… »



Le café aura une grande réputation au village, mais c’est surtout son restaurant qui attirera beaucoup de monde. Il avait recruté une très bonne cuisinière, une veuve habitant rue des Rosiers, que tout le monde appelait la « mère Méridieu ». Elle excellait pour faire les sauces.

Août 1943 : En cuisine au café du Chêne Vert. De gauche à droite, en haut :
Madeleine Dorey et la mère Meridieu. En bas : Djénane Hervé (épouse Leclainche),
Françoise Berlouin, Jeanette Brianceau et Bernadette Rossard.
Les serveuses au Chêne Vert : Suzanne Guérin (qui deviendra ensuite secrétaire de mairie),
Marguerite Deniseau, Mlle Damour, Olga Bouhet (épouse Delier)

Cette bonne réputation fera qu’en complément, René développera aussi une activité de traiteur pour les nombreux banquets, fêtes, et autres célébrations des environs. 

Le personnel traiteur Berlouin : Derrière : Mr Torossian, un chauffeur de bus
qui avait épousé une fille Misbert. Ci-dessous : le mariage de Torossian.


Il se fera imprimer des lettres à en-tête pour la communication et les factures :



Et nombreux sont ceux qui viendront y célébrer leur mariage. En plus de l’excellente cuisine, la salle de bal permettait à tous de s’amuser.

Mariage des deux filles de Gilles et Marie Motard au Chêne Vert.

Les menus étaient réputés (quelques exemple ici). Il faut dire qu’à l’époque, à la campagne, les gens étaient très portés sur la gastronomie. Mais le café n’était pas sa seule activité. René possédait plusieurs tivolis qu’il louait dans les environs. La veille, on le voyait dans son gros camion partir pour les installer. C’est d’ailleurs ce camion que l’on aperçoit près de l’hôtel sur la carte postal ci-dessous (en bas, au centre) :


Il l'utilisera aussi pour faire le ramassage du lait dans les fermes, avant de le porter à la laiterie de Beauvoir.

Les bals du Chêne Vert auront une excellente réputation, car il s'y produisait souvent des orchestres. La jeunesse s’y amusait beaucoup et l'ambiance était bonne. Il y avait des formations un peu partout. À La Foye, c’était l’orchestre de Pierre Laidet, dit Pierrot. Il jouait du saxo et habitait au sud du bourg au quartier de La fiole. Avec l’orchestre de Roger Guibert d’Usseau, ils se partageaient entre les deux grands cafés. On se souvient aussi de Michel Jamoneau, d’Usseau, qui venait y jouer de la batterie. 

Les dimanches, ces bals duraient tout l’après-midi. Pour les fêtes, il y avait parfois des bals de nuit qui duraient jusqu’à deux heures du matin, et les riverains se plaignaient souvent du bruit.

Françoise, la fille Berlouin, épousera Roger Dagan, un musicien de l’Île d’Oléron (jouant de plusieurs instruments dont l'accordéon) . Hélas, ce dernier décédera précocement (à l’âge de 35 ans), tout comme leur fils, d’un arrêt cardiaque.

Roger Dagan (2ème à partir de la gauche) et son orchestre. Batteur : Bernier.


À la retraite de René dans les années 60, le café sera racheté par les époux Broussard. Ils partiront ensuite à Aiffres pour reprendre un commerce de vin. Le café sera alors repris par un dénommé Vien (lointain cousin du maire et notaire sous l'Empire ?) qui le revendra en 1976-77 à M. Sécher (dit Mitraillette ou Tac Tac), avec son épouse, surnommée mamie, et son fils Didier. Sécher sera également ferrailleur. À son tour, Didier remettra au goût du jour des bals le dimanche après-midi, dans la grande salle arrière. Autre époque, autres mœurs, et certaines mauvaises langues insinueront que le Chêne Vert était devenu un lieu de débauche... Le café ayant acquis une mauvaise réputation, il périclitera…

À la fin des années 90, la mairie rachètera le bâtiment pour en faire une salle communale où se rassembleront les anciens, pour d’interminables parties de cartes. Après reconstruction et aménagement, une partie sera reconvertie en bibliothèque et certaines salles serviront aux différentes associations : musique, gymnastique, informatique, etc...

La Bouffarde
En janvier 1981, Jean-Claude et Régine Lambert avaient ouvert un tabac-presse place de la Salle des Fêtes (aussi place centrale ou place Michel Canteau, qui comptait encore à cette date un garage, une épicerie et une boulangerie). Devenus propriétaires en 1985, ils décidèrent d'agrandir le magasin et rachetèrent une grande maison bourgeoise, ancienne propriété viticole située au bout de la rue du Centre, au n˚2, en face la route de Vallans. C'était un commerce plus spacieux qui permettait d'offrir davantage de services à leur clientèle : épicerie, développement photos, papeterie, cadeaux, etc... Ils vendaient aussi des journaux et des articles de pêche et de chasse. Assistés de leur fille Céline, les Lambert décidèrent d’aménager un petit café dans une dépendance se situant en bord de route. La fréquentation des cafés avait alors beaucoup baissé et celui-ci fut l'un des derniers opérant encore dans la commune. Afin de pouvoir vendre des boissons alcoolisées, ils rachetèrent avec l'accord de la municipalité la « licence IV » obtenue quelques années auparavant de Mme Dumont, lors de son départ. Ce commerce, qui fut victime d'un cambriolage en 1987, vivota quelques temps puis ferma au début des années 2000.

La façade du café-tabac « La Bouffarde » sur la place centrale.
On devine encore l'inscription derrière le badigeon

Le Rabelais
Vers 2010, le bâtiment des anciennes halles sera rénové. Les nouveaux locaux comprendront une épicerie et un restaurant, le Rabelais, qui fermera quelques années plus tard (voir à ce sujet l'article consacré aux marchés et aux halles de La Foye).




Procès-verbaux (de 1790 à 1842)

L'activité liée à cette profession très importante pour la convivialité dans la commune sera parfois source de polémiques. Il faut dire que les cafés ont toujours été l'une des seules distractions du village, ainsi qu'un lieu de rencontre pour les jeunes (quoi qu'avec son lot d’ivrognes appelés ici les « bois-sans-soif... »). Les soirs de week-ends il y avait toujours beaucoup de bruit et parfois même des bagarres. À plusieurs reprises la mairie devra intervenir... Un inconvénient commun à toutes les époques, comme nous l'avons vu.

Ainsi, dès le début de la Révolution, des décrets furent émis par la municipalité :

14 janvier 1790
La municipalité met en application une lettre patente demandant aux cabaretiers de ne plus servir de vin après 9 heures et demi le soir, afin d’éviter le bruit et l’ivrognerie. Ceux-ci doivent aussi signaler l’arrivée d’étrangers. On parle aussi de la création d’une milice.

29 février 1792
Jugement de l’affaire arrivée la nuit du dimanche ou lundi dernier du mois de février, chez François Lévesque, cabaretier (dont nous avons déjà parlé plus haut) : « Quatre à cinq personnes avaient passé la nuit à boire et à jouer, par conséquent nous avons demandé un réquisitoire du procureur de la commune, qui nous a dit qu’il ne voulait rien faire ni signer. »

25 octobre 1800 (3 brumaire an IX)
Le maire rappelle la nécessité d’assurer l’ordre lors des marchés et foires. En préparation de la grande foire, et par mesure de sécurité, le conseil « demande à tous les aubergistes, cabaretiers, qui donnent à boire ou à manger chez eux, et à coucher, d’enregistrer sur un registre tous les noms, prénoms, âge domicile et profession de tous ceux qui logeront chez eux. Pendant la foire une garde de 10 hommes y compris l’officier effectuera une patrouille les deux jours y compris la nuit. Cette garde se réunira à la maison commune sous la direction d’un fonctionnaire. Tout citoyen qui sera pris en flagrant délit sera conduit au corps de garde et y restera jusqu’à ce que le rapport à son sujet soit effectué. Les jeux de hasard seront interdits ainsi que toute manifestation troublant l’ordre public. Il pourra requérir chez les habitants tous les fusils et baïonnettes qu’il pourra trouver… »

17 août 1801 (29 thermidor an IX)
Le préfet rappelle que la plupart des vols, assassinats et autres crimes, sont le fait de voyageurs, étrangers ou vagabonds qui parcourent les campagnes sans passeport. Il demande à ce que le contrôle soit renforcé : « C’est le devoir des magistrats de chaque commune d’y veiller. Le conseil décrète que chaque aubergiste, cabaretier et logeur doit demander à chaque voyageur qui passe chez eux de leur remettre leurs passeports et d’inscrire dans le registre leur nom, métier, et d’envoyer à la police tous les récalcitrants. » En complément le conseil demande à tous les habitants de surveiller les étrangers qui circulent sur la commune et de communiquer au maire le lieu de leur retraite au cas où on leur donne l’hospitalité en cachette. 

16 juin 1807
Est-ce dû au retour de la religion ? En tout cas, le maire s’émeut de la débauche des domestiques les jours de fête et dimanche. Ils fréquentent les cabarets pour y jouer et boire toute la journée et parfois la nuit. Il rappelle qu’au sortir des cabarets la police doit arrêter ceux qui sont épris de vin et commettent des excès : « Ces excès énervent les sentiments sociaux, nuisent à la santé et même à l’agriculture, de plus c’est un mauvais exemple pour les enfants de la commune. » Le maire interdit aux habitants de fréquenter les auberges et cabarets pendant les offices divins. 

14 février 1808
Le maire est informé que des jeunes des deux sexes se réunissent dans des maisons inhabitées de la commune pour y danser une partie de la nuit, surtout les dimanches et jours fériés. Il rappelle que « ces rassemblements et bals sont le centre du vice et le tombeau des mœurs, surtout lorsqu’ils ont lieu dans des bâtiments inhabités non sous les yeux de pères ou familiers. » Il interdit aux aubergistes ou cabaretiers, et à tous les propriétaires de prêter ou louer des maisons ou chambres pour des bals publics nocturnes. Seul sont autorisés ceux qui on lieu le jour jusqu'à la tombée de la nuit, après avoir obtenu au préalable l’autorisation écrite du maire. La porte du lieu devra rester ouverte et aucune personne ne pourra y entrer munie d’une arme à feu ou arme blanche. Tout contrevenant sera traduit devant le tribunal de la police municipale.

14 février 1808
Plusieurs jeunes de Corrèze, Cantal et Puy de Dôme vienne travailler l’été à La Foye comme maçons ou ouvriers, principalement pour se soustraire à la conscription nationale, ce qui réduit les moyens de l’armée. Le maire enjoint donc à tous les aubergistes et cabaretiers de porter les noms et âges des cordonniers, maçons, chaudronniers et scieurs de long qui passent dans leurs établissements et de leur demander la présentation du passeport. Même chose pour les habitants qui prennent des ouvriers pour effectuer des travaux chez eux.

20 octobre 1822
L’adjoint au maire dresse un procès-verbal à Louise Papineau, veuve Geoffroy, cabaretière, pour avoir donné à boire et à jouer en dehors des horaires légaux.

Novembre 1842
Une plainte a été déposée concernant le fait que plusieurs aubergistes et cabaretier recevaient chez eux des personnes venant boire et jouer tard dans la nuit. Le maire rappelle le règlement : « Considérant que dans l’intérêt des mœurs et de l’ordre public, demande à ce que ceci soit remédié, car cela pourrait pousser la jeunesse à la débauche, même au crime… Défend aux aubergistes et cabaretiers de donner à boire après 10 heures du soir… »

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