Un Fayais jugé pour homicide en 1309


Les Templiers au bûcher en 1312.

Nous sommes en l'an de grâce 1309, durant le règne de Philippe IV Le Bel, sur fond du procès des Templiers qui commence cette année-là, avec les travaux de la commission pontificale de Paris et l'interrogatoire de Jacques de Molay.

Quelque part en Poitou, peut-être à la Rochelle, André le Tondor tombe d'une échelle et se tue. Un Fayais du nom de Jean Chauvet est soupçonné de négligence. En effet, c'est à lui qu'il revenait de tenir l'échelle. Il est accusé d'homicide.

L'enquête terminée, il faut attendre le mois d'août 1313 pour qu'un jugement soit finalement rendu. Jean Chauvet est acquitté, mais non sans réserves. Des lettres d'absolution lui sont remises par les commissaires du roi en Poitou, moyennant un paiement de trente livres tournois :

Philippe [IV Le Bel], par la grâce de Dieu, roi des Français, à son bien-aimé Hugues et fidèle de Celle, à l'armée d'Israël, et le sénéchal de Saintes, et pour l'amour de Dieu, à tous ceux qui par ces présentes lettres verront Hugues de la Selle, seigneur de Fontaines, et Bertrand de Roquenégade, chevaliers de nôtre seigneur le roi de France, et ses commissaires des sénéchaussées de Poitou et de Saintonge, salut. 

Et comme, par vertu de la dite commission, nous portons l'accusation suivante par nôtre office contre maître Jean Chauvet, de la Foye-Monjault, qui tenait une échelle sur laquelle était monté André le Tondor, de Bressuire. Or ledit Jean, manquant de bien la tenir et la faisant glisser, intentionnellement ou par négligence, provoqua la chute du dit André qui se blessa gravement, de telle manière qu'il en mourut. Et par cela nous disons que le dit maître Jean doit être puni en ses corps et biens, qu'il eut personnellement connu André ou pas, à condition que nous puissions prouver qu'il est coupable. 

Le dit maître Jean affirme au contraire que la chute ne s'est pas produite de son vouloir, qu'il n'y a eu ni malice ni imprudence de sa part, et que le dit André, son ami pour lequel il éprouve une grande peine, ne tomba de la dite échelle et ne mourut que par malchance, et parce qu'il n'avait pas bien tenu l'échelle. 

Et comme nous ne disposons d'aucune preuve qui nous permettrait de prouver la culpabilité du dit maître Jean, et ce malgré que nous ne trouvons crédibles aucuns de arguments proposés par lui, en dépit même que nous les trouvons douteux, mais ne voulant attendre la fin de la procédure afin d'éviter d'autres coûts, comme de son gré et de sa bonne volonté, par raison du dit fait, le dit maître Jean a fait au roi nôtre seigneur un don de trente livres tournois ; lesquelles trente livres pour raison de la dite transaction, le dit maître Jean a payé à Giraut Tronquere, trésorier de nôtre seigneur le roi en la sénéchaussée de Saintonge, comme le dit trésorier nous en a témoigné. Par quoi nous avons absout le dit maître Jean des dites choses proposées contre lui, comme il appartient au roi nôtre seigneur de le faire.

La chose étant, nous avons donné au dit maître Jean ces présentes lettres scellées de nos sceaux, qui furent faites et données en la Rochelle, le mardi avant la fête Saint-Pierre d'août, an de grâce 1313.


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 Archives historiques du Poitou, Tome XI, p. 87-89


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