Prieurs et curés jusqu'à la Révolution


En dehors de quelques noms relevés dans les archives, les prieurs qui se sont succédés à La Foye, de la fondation du prieuré jusqu'à la Révolution, ont laissé peu de trace.

Au XIIe siècle, la paroisse de La Foye a pour seigneur l'abbé de Montierneuf. Ce dernier perçoit les revenus du prieuré au nom de son abbaye plutôt qu'à titre personnel. Il nomme un moine auquel il donne le rang de prieur, et qu'il envoie sur place afin de gérer les affaires de la paroisse. Vers 1080, à l'époque de la fondation du prieuré, le premier moine-prieur se nomme Petrus Crispelli (ou Pierre Crispeau).

L'église, quoique construite et entretenue par l'abbaye de Montierneuf, se situe alors dans le diocèse de Saintes : l'évêque de ce diocèse nomme donc le curé. Celui-ci demeure néanmoins sous l'autorité du prieur, qui lui verse son salaire (la portion congrue de la dîme). Des prêtres sont en poste dès le XIVe siècle et on relève, en 1349, le nom de Hugues Garnier.

Jusqu’à la fin du XVe siècle, les prieurs assurent les offices. Mais à partir de cette époque, certains deviennent abbés commendataires : ils perçoivent désormais personnellement les revenus de la paroisse. Leur éloignement entraîne par ailleurs un relâchement de leur autorité sur les autres religieux, ainsi que sur la population du village. En 1471, Jean de Châteauneuf est le premier abbé commendataire de la Foye-Monjault : il réside de façon permanente au monastère de Montierneuf, à Poitiers.

En l'absence du prieur, le curé le remplace et devient le nouveau guide spirituel de la paroisse. C'est lui qui tient les registres paroissiaux et officie, avec l'aide d'un sacristain, aux baptêmes, mariages et enterrements. Les moines du prieuré continuent cependant d'assister aux offices sous sa direction. Le plus ancien curé (opérant en l'absence d'un supérieur) dont nous ayons connaissance est Martial Guerguiera, qui est en poste dès 1631.

Il est succédé vers 1650 par Jean Montbrial, qui décèdera à La Foye en 1680 (à l'âge de 80 ans) et sera enterré dans le chœur de l’église. Le pouillé de 1648 indique que le prieuré rapporte alors 6 000 livres à Montierneuf, lequel reverse 500 livres au curé.

En 1665, les circonscriptions du diocèse de Saintes sont réorganisées : Frontenay est érigé en Archiprêtré. Le prieuré et la cure de la Foye sont placés sous sa juridiction, avec entre autre la cure du Cormenier (ils étaient auparavant, et dès 1648, sous celle de l 'Archiprêtré de Mauzé).

En 1674, Élie Favier succède à Montbrial. Diacre à Notre-Dame de Niort, Élie est issu d'une famille d'apothicaire originaire de Saint-Maixent. En 1678, il marie à la Foye François, son frère, alors maître apothicaire à Niort.

Durant la seconde partie du XVIIe siècle, le prieur Joseph Auvry est parfois présent à la Foye avec d'autres membres de sa famille : un monseigneur Claude Auvry est témoin à un mariage en 1687. En juin 1690, Joseph préside à la bénédiction de l’église, consacrée « à la gloire de Dieu et à l'honneur des apôtres Saint-Simon et Saint-Jude », suite à sa reconstruction après les guerres de Religion. Il décèdera au prieuré le 12 Janvier 1696, âgé de 56 ans, et de grandes funérailles auront lieu au village.

Au XVIIIe siècle, il n'y avait plus de prieur présent à la Foye, hormis lors de rares visites liées à l'exploitation des fermes où à la collecte de la dîme et des taxes seigneuriales. 

En août 1702, un émigré catholique Irlandais, Daniel Macarthy, est nommé curé de La Foye. Sa famille vient s'installer avec lui au village et Marie Macarthy, peut être sa sœur, est alors marraine de plusieurs enfants. Dans les registres, on apprend qu’en septembre 1704 il est au lit avec de la fièvre. Il se fait remplacer quelques temps par le curé du Cormenier, mais guérit et reprend ses fonctions.

En 1709, François du Poirier de Vallois, vicaire général de Poitiers et déjà prieur de Melle, acquiert la charge du prieuré de La Foye, ce qui lui permet de cumuler les bénéfices.

Daniel Macarthy s'éteint en 1714. Comme ses prédécesseurs, il sera inhumé dans le chœur de l’église, et de nombreux confrères des paroisses voisines viendront assister à ses funérailles. 

À sa mort, il semble que l’évêque de Saintes fut pris de court car il fallut le remplacer momentanément par un aumônier des vaisseaux du roi, un certain De Mahony, autre Irlandais.

C'est un Macarthy dont nous ignorons le prénom (peut être le frère du précédent), qui reprend ensuite la cure jusqu’en 1717. Il est remplacé en juin par Louis Ligault, fils d'un maître vitrier de Niort, auparavant prieur de Montandret en Charente Maritime. Celui-ci restera en fonction pendant 27 ans. Mais en 1744 il tombe gravement malade. Dans les registres, il n’arrive presque plus à écrire ni signer. Il se fait assister par le curé d'Usseau. Le 5 juillet il signe son dernier acte, totalement illisible, et meurt peu après, âgé de 57 ans. Ligault est le dernier à être inhumé dans l’église. La cérémonie, comme de coutume, a lieu en présence de nombreux ecclésiastiques des communes environnantes.

Cette même année 1744, Dom Pierre d'Hauteville, d'origine Bourguignonne, acquiert le prieuré de Pierre de Corby. En septembre, Pierre François Marchet, auparavant vicaire à Marigny, vient remplacer le curé Ligault. En 1756, il fait procès pour injures au fils Laurent Lebrun de Largerie et obtient un jugement favorable. Il reste presque vingt ans en fonction avant d'être succédé par Bory. Il reprend alors la cure de La Rochénard, où il décèdera en 1779.

En août 1763, Jules André Bory, ex-professeur à l'oratoire, est nommé curé de la Foye. Prêtre au caractère bien trempé issu d'une famille de grands notables parisiens, il restera en poste pendant trente ans et prendra sa retraite en juin 1789, à la veille de la Révolution. Il participera aux assemblées révolutionnaires et décèdera en 1797, à l'âge de 80 ans. L'écrivain Louis de Fontanes, qui l'avait eu comme professeur au village, nous en a laissé un témoignage poignant.

En 1770, Antoine Louis Lambert, professeur de théologie à la Sorbonne, rachète la charge du prieuré à Pierre d'Hauteville.

Il la revend en 1783 à l'un de ses élèves, Jean Chrysostome Louis Müller, chanoine d'une noble famille alsacienne, qui sera le dernier prieur de la Foye-Monjault. En 1791, la vente des biens nationaux le dépossède définitivement de sa châtellenie. Refusant de prêter serment, il émigre en Allemagne l'année suivante avant de revenir en France, suite à la signature du concordat en 1801. Il sera fait chanoine honoraire de la cathédrale de Strasbourg, titre qu'il conservera jusqu'à sa mort en février 1836, âgé de 96 ans.

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