Au temps des conquêtes coloniales: Algérie, Crimée, Tonkin


Pas facile d’être un cadet à la campagne quand on appartient à une famille nombreuse et que les ainés ont (presque) tout ! L’envie d’aller voir ailleurs prend beaucoup de jeunes. Et puis il y a les récits des anciens au village, les vieux briscards qui ont parcouru l’Europe avec les armées de Napoléon... Que d'émois, que d’étoiles dans leurs yeux quand au bistrot ou le soir aux veillées, ils racontent ce qu’ils ont vu... Leurs périples embellis au cours des années apportent à ce jeune public captivé un parfum d'aventure envoûtant !

Quelques uns rêvent de voyages au long cours sur de grands voiliers : frégates, goélettes, et partent s’enrôler à Rochefort ou La Rochelle. Aussi, lorsqu'à partir de 1830 la France entreprend la conquête de l’Afrique du nord, certains y voient une opportunité et se lance dans l'aventure.

La conquête de l’Algérie
Pour comprendre l'engrenage politique et financier qui amena la France à envahir l'Algérie, il faut remonter à la Révolution française. Dès la fin des années 1780 – années de famine et de pénuries – des négociants juifs, représentés par la société Bachri-Busnach, avaient établi depuis l'Algérie un commerce avec la France. Ils y importaient des denrées alimentaires et en particulier du blé. Dans la mesure où ces marchands empruntaient toujours les sommes nécessaires au Dey, régent d'Alger, les dettes contractées l'étaient en fait auprès de ce dernier. Or les guerres incessantes, à l'intérieur comme à l'extérieur des frontières, n'avaient fait qu'aggraver l'état des finances de la république...

Lorsque Bonaparte débarque en Égypte en 1798, le ravitaillement de l'armée pose par surcroit de gros problèmes logistiques. Des agents de Bachri-Busnach entreprennent alors de ravitailler les troupes depuis l'Algérie. Celle-ci continue ainsi de financer la France. En 1826, conséquences des guerres incessantes et de la défaite, les dettes avec la seule Algérie se montent à 14 millions de francs.

Depuis le début du XIXe siècle, la tension ne fait que monter entre les deux pays. Le 30 avril 1827 à Alger, lors d'une réunion diplomatique portant sur le règlement des sommes dues, le souverain Hussein Dey, excédé, gifle l'envoyé français avec son chasse-mouches. Charles X se saisit du prétexte et ordonne le siège d'Alger. La ville sera prise trois ans plus tard, marquant le début de la Campagne d'Algérie. En 1848, le territoire conquis sera divisé en départements et annexé à la République française.

S'ensuivent plusieurs campagnes de pacification. En 1850, les effectifs comptent plus de 60 000 hommes. Mais leur acclimatement demeure un souci constant. Les soldats souffrent des marches épuisantes sous le soleil, de la soif et de la fièvre.

Avec la chaleur et les conditions précaires de l'époque, de nombreux Français tombent gravement malades, et deux jeunes appelés de La Foye trouvent la mort :
  • René ARNAUD, chasseur au 1er bataillon d’infanterie légère, décède le 10 novembre 1850 du choléra à l’hôpital militaire de Mascara, âgé de 24 ans.
  • Pierre CHARRON, caporal aux ouvriers constructeurs d’équipage, décède le 2 novembre 1851 à l’hôpital militaire de Tlemcen de la vérole, âgé de 26 ans.

La conquête achevée, Napoléon III encouragera l’établissement de colons. L'un d'eux, Jacques SAUNIER, est originaire de La Foye où il est né en 1818. 

Il se mariera en 1858 à Boufarik avec Martine Françoise née Sorel, et ils s’établiront comme cultivateurs à Ben-Koula.
 
 
 
La Guerre de Crimée
Au début de l’Empire, la Russie tente d’imposer son emprise sur les Balkans et au Moyen-Orient. La France et l'Angleterre qui cherchent également à contrôler cette région stratégique, veulent s'opposer à ces ambitions. Ceci déclenchera la guerre de Crimée qui opposera de 1853 à 1856 l'Empire russe à une coalition comprenant l’Empire ottoman, le Royaume-Uni, l'Empire Français et le royaume de Sardaigne.
 

Le 8 septembre 1855, la ville de Sébastopol en Crimée, tombe après onze mois de siège. C’est la victoire des troupes alliées.

 


En avril 1856, le traité de paix du congrès de Paris referme le chapitre de la guerre de Crimée.

 

 Les malades ou les blessés sur le front, après les premiers pansements, seront évacués par les bâtiments de la flotte vers Constantinople (actuellement Istanbul). Une fois les navires arrivés à l’entrée de la Corne d’Or, les blessés étaient placés sur des chalands, conduits au débarcadère et pris en charge sur des brancards par des infirmiers. Ils seront soignés à l’hôpital militaire de Dolma-Bagtché situé sur les rives du Bosphore et ouvert depuis septembre 1854.

 

Un jeune de La Foye, François Guibert, participera à cette campagne. Il contractera le scorbut.

Il était fusilier au 47eme régiment, premier bataillon de l’armée d’orient. Il sera transporté à l'hôpital de Dolma-Bagtché, mais il y décèdera le 7 mars 1856 d’un ictère.

 

La conquête du Tonkin

À la naissance de la Troisième république, la France rêvent de concurrencer l'Empire britannique, présent aux Indes. Elle possède déjà en Indochine, par le traité de 1862 trois provinces du sud de l'actuel Viêt Nam qui forment la Cochinchine française, et bénéficie également de l’ouverture au commerce français de trois ports en Annam.

 

En 1883, réagissant aux hostilités entretenues par les Chinois, les Français entament une expédition au Tonkin sous l'impulsion du chef du gouvernement de l'époque, Jules Ferry. L'expédition s'achève cependant par la mise définitive sous tutelle du gouvernement impérial annamite et par le retrait des Chinois, qui renoncent à leur suzeraineté sur l'Annam. L'Indochine française est officiellement fondée deux ans plus tard.


Quelques jeunes de La Foye seront enrôlés dans le corps expéditionnaire du Tonkin lors de la seconde expédition en 1882-1883.

L’un, Sylvain Bénédict Grellier, contractera le Choléra sur le navire qui le transportait, et sera débarqué à Port-Saïd en Egypte lors de la traversée du canal de Suez, et décèdera à l’hôpital le 30 Juillet 1885 à l’âge de 21 ans.

L’autre, Lucien-Alphonse Pacaud sera caporal au 1er régiment de zouaves. Il participera aux combats contre les troupes chinoises dans la région de Hué, mais attrapera la dysenterie qui l’emportera. Il décèdera à Nam Dinh le 25 Septembre 1885 à l’âge de 23 ans. Son nom sera mal orthographié en Paraud sur le monument aux morts de La Foye.

 

2 commentaires:

Bonnet Elodie a dit…

Dans le genre énigme insondable, je n'ai jamais compris pourquoi la mairie n'avais jamais fait rectifier le nom approximatif de mon grand-grand-oncle Lucien Pacaud ni rajouté le prénom de son cousin Sylvain Grellier, alors qu'une transcription de leurs décès a été faite dans les registres.

André Lemoine a dit…

Bonjour Élodie,

Oui il faudrait faire une demande. Je vais voir avec Jean-Jacques ce qui peut être fait.

Cordialement,
André