Origine du nom

Le nom de la commune a connu une longue mutation :

Le mot « Foye » vient du latin fagus qui signifie « hêtre » (arbre dont la paroisse devait être originellement couverte), et « Monjault » de monachus, moine (latin de la période chrétienne, VIe-Xe siècle).

Au cours des siècles, après la chute de l'empire romain, le latin classique a évolué en latin véhiculaire, ou vulgaire, qui a pris des formes différentes selon les régions. Dans le Poitou et jusqu'à la limite sud des Deux-Sèvres, le latin médiéval est devenu la langue romane d'oïl, dont seront issus le patois poitevin et l'ancien français.

Dès le XIe siècle, fagus avait donné faia, hêtraie (même origine que pour le patois fayant, hêtre). En 1223, Faya Monachalis, « la hêtraie des moines », se réfère sans doute à un bois de hêtres ayant appartenu aux moines bénédictins, fondateurs du prieuré autour duquel se constitua le village.

Durant le Moyen-Âge, la langue parlée dans cette région était le patois poitevin. On disait alors monge pour moine, et Monachalis a donné Monjault[1]  Toutefois, comme il n'existait encore aucune norme orthographique, le nom variait en fonction de la prononciation ou de l'interprétation des greffiers. Ainsi, le Censif de Chizé (ca 1216) fait mention de « Faiam Monjault ». On relève ensuite des formes assez proches les unes des autres, variant surtout au niveau de l'orthographe, allant de « Faye Mongeau » en 1313 ou « Faye Montjau » en 1559 [2], à « Fomonjeau », « Foy-Moneau », « Foymoniauld » et « Foye Monjaud » entre 1648 et 1659. [3]  

En octobre 1675, dans les registres paroissiaux, le curé Élie Favier l'écrit « Foyemoniault » puis « Foye moniault » ou « La Foye » dès 1677. [4]

L'orthographe contemporaine du nom de la paroisse apparaît dès 1684 sous la plume de Joseph Jouslard, seigneur de Fontmors, conseiller du roi à Niort. Elle s'imposera progressivement au cours du XVIIIe siècle. [5]

Cela-dit, jusqu'à récemment, on se posait encore la question. En 1951, une lettre du préfet adressée à la municipalité l'enjoignait de statuer sur l'orthographe du nom de la commune. Écrivait-on « La Foye-Montjault » ou « La Foye-Monjault » (avec ou sans « t ») ? Certains, ignorant l'histoire du nom, voyait dans la sonorité « mont » une origine topographique erronée. Par bonheur, les membres de l'assemblée prirent la bonne décision et votèrent à l'unanimité pour dissiper cette ambiguïté.

Extrait des registres municipaux de 1951.

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Notes
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[1] Pour « mongette : haricot, fève de moine. De moine (monachus en latin) ou a fait monge et Monjault. » (Dictionnaire Étymologique du Patois Poitevin, Gabriel Lévrier, 1867)

[2] 1559 : Coutumes du Poitouauxquelles assista le prieur de La Foye, tel que rapporté dans le procès verbal de Boucheul, Coûtumier Général du Poitou (Recueil des usages locaux ayant force de loi dans le département des Deux-Sèvres, A. Martin, 1899, pX-XI).

[3] Henri Demellier, curé de Saint-Étienne-la-Cigogne, Notes Historiques sur le Canton de Beauvoir, 1921, p134-136, et Pouillé de 1648 du diocèse de Poitiers, Beauchet-Filleau, p275. 

La racine « Foye » est d'ailleurs la même pour Faye-sur-Ardin (Toponymie Générale de la France, Ernest Nègre, Volume II, p1238). La référence de 1659 concerne un acte notarié trouvé à Niort, décrivant les cotisations de la taille dues par certains paroissiens de La Foye.

[4] Les lettres « i » et « j » étaient alors interchangeables, comme pour le patronyme Melieu/Meljeu.

[5] Registres paroissiaux de La Foye-Monjault, page d'ouverture de l'année 1684. L'orthographe du nom de la commune ne cessera de varier, et ce même au XIXe siècle : sous l'Empire, on le trouve dans les registres de recrutement militaire sous la forme de « Foie » ou « Foie-Monjau ».