20 avril 1793 : levée en masse. Douze soldats sont mobilisés au village.



























Ce procès verbal est la copie d'un arrêté du directoire départemental (conseil général) datant du 9 avril. Il demande au lieutenant-colonel niortais, Louis François Jean CHABOT, et à son adjoint Augustin Hippolyte André PIET de ROQUEPINE, de procéder à l'enrôlement des soldats du district de Niort, dont La Foye-Monjault fait partie.

Louis François Jean CHABOT
sera général de brigade deux mois plus tard

En guerre depuis un an contre l'Autriche et la Prusse, l'armée française a d'abord subi de nombreux revers. Les pays voisins, confrontés aux idées révolutionnaires que la Convention cherche à exporter chez eux, souhaitent rétablir la monarchie en France. En septembre 1792, la bataille de Valmy constitue un tournant presque miraculeux, permettant l'avènement de la première république. Mais avec le départ massif des volontaires, ajouté aux pertes et aux désertions, la situation menace de se détériorer. D'autant que le 1er février 1793, la Convention déclare la guerre à l'Angleterre et aux Provinces Unies, bientôt rejoints par l'Espagne, le Portugal et les États pontificaux.

Pour faire face à cette menace, les révolutionnaires déclarent que le peuple Français tout entier a pour devoir de défendre la patrie, idée nouvelle pour l'époque. La levée en masse de 300 000 hommes, votée le 24 février, a pour objectif de renflouer les effectifs de l'armée française. Les recrues sont désignées par tirage au sort et doivent être prises parmi les célibataires ou veufs sans enfants, âgés de 18 à 25 ans.

Mais les hommes dont il est question ici ne répondent pas à ce critère d'âge. Il s'agit de douze conscrits antérieurs à la levée proprement dite, répondant à l'article (22 titre) 1er du décret du 24 février : « Tous les citoyens français, depuis l'âge de dix huit ans jusqu'à l'âge de quarante ans accomplis, non mariés ou veufs sans enfants, sont en état de réquisition permanente, jusqu'à l'époque du complément du recrutement effectif des trois cent mille hommes de la nouvelle levée décrétée ci-après. » Même dans ce cas, on remarque que le premier des douze, René GUITTEAU, est âgé de 43 ans. Mais il est indiqué à la fin du texte qu'il s'est porté volontaire. Par contre, ils sont bien tous célibataires à cette date, et aucun d'eux n'a été préalablement marié.

Le chirurgien Pierre DUPUY se rend au village en avril pour vérifier l'aptitude des nouvelles recrues. Sont par ailleurs exempts, entre autres, le maire, les officiers municipaux, le procureur de la commune, les membres des tribunaux civils et criminels, le greffier, les commissaires nationaux et  les juges de paix. Si cette conscription se révèle impopulaire dans certaine régions, elle est favorablement accueillie par les autorités municipales pro révolutionnaires du village.

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Texte :
Copie du procès verbal de la réception de douze volontaires que nous avons fournis pour concourir à la défense de la patrie.

Nous Jean François CHABOT et Augustin Hippolyte André PIET de ROQUEPINE, agents militaires nommés par les administrateurs du directoire du département, suivant la commission à nous expédiée par les administrateurs du district en date du 9 avril 1793 ;
D’après le certificat de ce jour à nous expédié par le citoyen Pierre DUPUY chirurgien, et par nous nommés commissaires à l’effet de visiter les citoyens qui doivent concourir à la défense de la patrie en conformité de l’article 22 titre I du décret du 24 février dernier ;

Certifions qu’il est constaté que les citoyens de la municipalité de La Foye-Monjault, au nombre de douze, qui nous ont été présentés et ci-dessous dénommés ainsi qu’il suit, savoir :
  • René GUITTEAU, fils de François, âgé de 43 ans, taille 5 pieds 2 pouces (1.67m), cheveux et sourcils noirs, bouche grande, nez long, natif de la commune de La Foye-Monjault. 
  • André MEURE, fils de Joseph, âgé de 26 ans, taille 5 pieds (1.62m), cheveux et sourcils blonds, bouche moyenne, né court, natif de la commune de Chavasse, district de Thiers, département du Puy-de-Dôme.
  • Louis ARNAUD, dit Berthelot, fils de Jacques, âgé de 33 ans, taille 4 pieds 11 pouces (1.60m), cheveux et sourcils châtains, bouche grande, nez long, natif de la commune de La Foye-Monjault. 
  • Pierre PILLOT, fils de René, âgé de 25 ans, taille 5 pieds 1 pouce (1.64m), cheveux et sourcils blonds, bouche moyenne, nez bien fait, natif de la commune d’Usseau.
  • René CHAILLÉ, fils de Pierre, âgé de 18 ans, taille 5 pieds (1.62m), cheveux et sourcils noirs clairs, bouche moyenne, nez court, natif de la commune de La Foye-Monjault. 
  • Pierre NERVOIR, fils de René, âgé de 35 ans, taille 4 pieds 11 pouces (1.60m), cheveux et sourcils châtains, bouche grande, nez long, natif de la commune de La Foye-Monjault. 
  • Jean NOURRIGEON, fils de Jean, âgé de 28 ans, taille 5 pieds 3 pouces (1.70m), cheveux et sourcils châtains, bouche grande, nez long, natif de la commune de La Foye-Monjault. 
  • Pierre BIRAUD, fils de Pierre, âgé de 31 ans, taille 5 pieds 2 pouces (1.67m), cheveux et sourcils châtains, bouche moyenne, nez bien fait, natif de la commune de La Foye-Monjault. 
  • Louis CHARLES, fils de Louis, âgé de 22 ans, taille 5 pieds 2 pouces (1.67m), cheveux et sourcils châtains, bouche moyenne, nez gros, natif de la commune de Saint-Gelais, district de Niort. 
  • Joseph GEOFFROY, fils de Joseph, âgé de 23 ans, taille 5 pieds 4 pouces (1.73m), cheveux et sourcils noirs, bouche moyenne, nez gros, natif de la commune de La Foye-Monjault. 
  • François GEOFFROY, fils de Jean, âgé de 26 ans, taille 5 pieds 2 pouces (1.67m), cheveux et sourcils châtains, bouche moyenne, nez court, natif de la commune de La Foye-Monjault. 
  • Pierre ARNAUD, fils de Pierre, âgé de 30 ans, taille 4 pieds 11 pouces (1.60m), cheveux et sourcils châtains, bouche grande, nez long, natif de la commune de La Foye-Monjault. 
Sont en état de servir et de soutenir les fatigues de la guerre, et qu’il n’existe aucune raison qui puisse les empêcher de concourir à la défense de la liberté et de l’égalité à la […] ce sont assujettis par le sort, à la réserve des deux premiers citoyens ci-dessus dénommés, qui se sont généralement et volontairement dévoués.

À Niort le 20 avril 1793, l’an 2e de la République française, signé à l’original PIET ROQUEPINE, CHABOT.


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