Le docteur Martin

Le Dr Martin commercialisait des produits vétérinaire.
Ici, l'un des flacons d'époque de son atelier du Grand-Bois. 

Louis Gustave Martin sera une figure emblématique du village de La Foye-Monjault en cette période charnière du XXe siècle. 

Louis Martin et Élisabeth Gandelin, ses grands-parents, habitaient à Épannes où naquit son père Louis François MARTIN en 1832.

Après le décès de Louis, sa grand-mère se remaria quelques années plus tard avec Jean André François, un cultivateur d'une famille aisée habitant à La Foye (le grand-père ce dernier avait été officier municipal à La Foye durant la Révolution). En 1847, son nouveau mari est élu maire de la commune, poste qu'il conservera durant tout le Second Empire.

Devenu notable au village, Louis François Martin y fait la connaissance de Madeleine Benoist, héritière d'une famille de propriétaires du bourg, qu'il épouse en 1853. 

Louis François se fait élire maire de La Foye une première fois, brièvement, à la suite de son beau-père, en 1871, puis de nouveau en 1877 et jusqu'en 1892 (à l'exception d'un court passage de Garnaud entre 1887 et 1888).

De cette union naissent deux fils : Louis Gustave en 1854, et François Alphonse trois ans plus tard.

Poussé par ses parents, Louis Gustave fait des études de médecines, ce qui n’était pas chose courante dans la région à l’époque. Il est reçu docteur en médecine de la faculté de Paris en 1881.

Il délaisse son prénom Gustave pour ne plus signer que Louis, ou le plus souvent « Dr Martin ».

Il s’établit à La Foye l’année suivante, où il s’implique dans la vie du village en fondant la Société musicale en 1883, puis la Société de tir en 1905.

Dans la lignée de son père il est adjoint au maire de La Foye en 1903, puis délégué cantonal de Beauvoir la même année. L’année suivante il est promu conseiller général du Canton.

Très progressiste, il adhére à de nombreuses sociétés savantes, et en 1903 devient membre de l’association française pour l'avancement des sciences.  Il est nommé officier d’Académie en 1908. 

Petit, maigre avec une petite barbiche, le docteur Martin sera un personnage central du village durant plusieurs décennies. En effet, il était à la fois médecin, dentiste et vétérinaire, ce qui faisait qu’il était très sollicité. De plus, avec l’appui d’une petite fabrique de produits pharmaceutiques qui se situait dans la commune, au Grand-Bois, il développera la vente par correspondance de produits vétérinaires en diffusant un recueil : La Providence de la Ferme, fascicule de conseils mais aussi de produits pour animaux :

Édition de 1906
  
La Providence de la Ferme, du docteur Martin, édition de 1911
(ouvrage consultable sur cette page)

Ce fascicule sera réédité à plusieurs reprises. De nombreux témoignages de clients vantent l’efficacité de ses produits. Par exemple Ferdinand Chatain fermier à La Foye dit : « Je certifie avoir employé le 20 Octobre dernier le météorifuge-extra du docteur Martin pour mes moutons très enflés par suite d’une indigestion de fourrages verts. En arrivant des champs, l’un de ces animaux meurt sans pouvoir lui porter secours. Mais grâce à ce produit, tout le troupeau composé de 14 têtes, se trouve complètement hors de danger quelques minutes après le traitement ». Mais ne sachant pas signer, il demandera au maire Garnaud de certifier le témoignage.

Il passe a plusieurs reprises des petites annonces dans les journaux pour rechercher des représentants :


Le journal Le Matin du 29 Mars 1900.

Grâce à son réseau de représentants sa réputation couvre de nombreux départements.

Président du comité pour l'érection d'un Monument aux Morts, il est l'auteur d'un beau discours d'inauguration en 1912.

La guerre de 1914-18 envoie au front de nombreux jeunes, laissant le village « sans bras » permettant de faire vivre les familles. En novembre 1914, la municipalité, sous la présidence du maire d’Arthur Birard, fait établir la liste des personnes privées de ressources devant bénéficier de l’assistance médicale gratuite. Ce principe sera renouvelé chaque année, jusqu’en 1918, et bien sûr, le docteur Martin en sera le médecin référent.

Formulaire d’envoi de malade.

Dans le cadre de l’assistance médicale gratuite, il est nommé inspecteur des enfants assistés et du service de protection du premier âge.

En 1920, il rachète la grande maison du docteur Béziau, vétérinaire, bordant la place centrale, située à quelques dizaines de mètres du monument aux morts. Dans la petite maison juste à coté, il loge Louis Payrault et sa famille en tant que personnel de service. Louis est cocher, conduisant la berline lors des visites aux patients et s’occupant des trois chevaux logés dans la grange attenante. Son épouse sert d’intendante et gérante de la maison.

Durant ses dernières années, le docteur Martin, qui est seul et sans enfants, va tomber très malade. Les Payrault vont s’occuper de lui et le soigner jusqu’à son décès en 1932. En reconnaissance, il leur lèguera sa maison par testament.

À leur décès, Henry, un des fils Payrault hérite de la maison avec son épouse Régine. Mais le destin ne les épargne pas. Leur fils unique, Claude, ayant eu une fille handicapée atteinte de myopathie, tombe en dépression et se suicide d’un coup de fusil. Inconsolable de la mort de son fils, Henry se pendra.

Beaucoup se souviennent de la splendeur de cette grande maison, et de son immense cave voutée où s’entreposaient alors de mémorables bouteilles datant des grandes années du vignoble de La Foye.


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Document annexe




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