Désertions, surveillance des étrangers, passeports et visas


Vers 1793, trois villageois avaient déserté. Ils avaient dû être réquisitionnés lors de la levée en masse de 300 000 hommes. En 1802, la loi du 14 mai (24 floréal an X), leur permet de bénéficier d'une amnistie. Un certificat daté du 18 octobre (26 vendémiaire an XI) les autorise à rentrer chez eux. Le certificat est délivré par le Brigadier Gaignard, du poste de gendarmerie nationale de Beauvoir. Il est signé par le préfet Dupin :

  • Jean Pierre BAUDIN. Réquisitionné vers 1793. Déserte
    (ne rejoint apparemment pas son régiment). 

Certificat d'amnistie de Jean Pierre BAUDIN.

Certificat d'amnistie de Louis NOURRISSON.

Certificat d'amnistie de Jean ROBIN.

Parmi les soldats de La Foye-Monjault qui sont partis à la guerre, on ne relève que très peu de désertions. Celles dont nous avons connaissance correspondent à l'abdication de Bonaparte (avril 1814) :

  • Pierre ARNAUD, dit Cul de Plomb. 79e RI. Déserte avec plusieurs compagnons originaires des environs de La Foye le 12 juillet 1814.
  • Charles Benoît BARREAU. 79e RI. Déserte avec plusieurs compagnons originaires des environs de La Foye le 12 juillet 1814.
  • Jean MARCON. 79e RI, passé au 69e RI le 8 août 1814. Déserte le 20 juillet 1815.
  • Jacques NOURRIGEON. 13e régiment d'artillerie à pied de la jeune garde. Il déserte le 13 mai 1814

Surveillance des étrangers, passeports et visas
Sous le Premier Empire, tout comme durant la période révolutionnaire, le pays n'est sûr : le brigandage, la contrebande et la prostitution sont en plein essor, des vagabonds et des étrangers rodent dans les campagnes. Les autorités les jugent responsables de nombreux vols et assassinats. Plusieurs notables du village jugeront ainsi préférable d'obtenir un permis de port d'arme de défense, d'autant qu'ils auront eux-mêmes à se déplacer dans les départements voisins.

À La Foye, les cabaretiers et aubergistes doivent de tenir un registre des voyageurs qui passent la nuit chez eux. Ils doivent aussi soumettre leur passeport à la mairie, que le maire ou son adjoint pourront inspecter afin d'y apposer leur visa.

Circulaire du préfet datée du 13 août 1801
(25 thermidor an IX).

Procès verbal datant d'août 1801, concernant la surveillance des étrangers
et l'appréhension des vagabonds. Dispositifs mis en place par Vien.

Mesures prises par la municipalité contre les déserteurs
Parmi les étrangers, les ouvriers et artisans de passage, on trouve de nombreux jeunes cherchant à échapper à la conscription. En été, ils viennent travailler à La Foye-Monjault. D'autres ont fui leur régiment.

À partir du 23 septembre 1802, la mairie tient elle aussi un registre des passeports délivrés, dont elle envoie la liste au préfet tous les dix jours (chaque décade : semaine du calendrier révolutionnaire) :

Procès verbal du 23 septembre 1802.

En 1805, après que Bonaparte ait été proclamé empereur, commence une période de conscription plus intense avec des levées successives auxquelles vont tenter d'échapper de nombreux appelés. Suivant une circulaire du préfet Dupin, des mesures sont mises en place au village afin de traquer les déserteurs :

Mesures prises suivant la circulaire du préfet,
le 27 novembre 1805 (6 frimaire an XIV).

Vien parle en 1808 de maçons, de scieurs de long, de cordonniers et de chaudronniers venant en particuliers des départements de Corrèze, du Cantal et du Puy-de-Dôme. Les plus nombreux viennent en effet du village de Soursac en Corrèze.

C'est le cas de Jean Soulier (peut être celui-ci), un cordonnier itinérant natif de Soursac. Arrivé à La Foye en 1809, il obtient de Vien un premier passeport. Mais une demande de renouvellement, quelques mois plus tard, entraîne son arrestation par les gardes de la commune, après qu'il ait été reconnu comme conscrit réfractaire.

Cette année-là, André Isaac Alleau, charpentier natif du bourg mentionné sur la liste des conscrits du cahier de recensement municipal de l'an XII, obtient lui aussi un passeport. Vien remarque à cette occasion que bien qu'il ait été sélectionné au tirage au sort et jugé apte au service, il n'a jamais été appelé, ce qui arrivait parfois.

Traditionnellement, beaucoup d'ouvriers itinérants viennent aussi de Haute Vienne : en 1804, on relève par exemple les maçons Pierre Cubaud, de Darnac, Pierre Vozelle, de La Croix-sur-Gartempe, François Brisseau, de Saint-Sornin, et Pierre Favre, d'Oradour-sur-Glane.

Les propriétaires faisant bâtir dans la commune doivent en référer à la municipalité avant le commencement du chantier, afin de vérifier qu'aucun des ouvriers qu'ils emploient n'est coupable de désertion.



Tout au long du Premier Empire, Vien devra régulièrement fournir des passeports aux voyageurs transitant par la commune :

En 1812, Vien procure un passeport
permettant à Pierre Millaret, cordonnier de Corrèze,
conscrit réformé, de circuler à l'intérieur du pays.
Renouvelé l'année suivante (ci-dessous).

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