La Grande Guerre: 1914-1918

Fin Juillet 1914 : l'Europe vit ses dernières heures de paix.

A la Foye les moissons viennent juste d’être terminées et il faut à présent finir de rentrer la paille et monter près de chaque ferme le célèbre « pailler ». En règle générale ce sont les jeunes, ceux qui sont en pleine force, qui montent les bottes au bout de leurs fourches. Et tout en haut ce sont les spécialistes qui construisent le pailler, en disposant les bottes afin qu’elles ne prennent pas la pluie et ne moisissent pas.

Et cette fin juillet a été bien maussade. Le temps a été perturbé avec des pluies fréquentes et parfois abondantes. Les températures ont été particulièrement fraîches

Par chance le samedi 1er août est une très belle journée ; le soleil domine. Ce que les habitants de La Foye ne savent pas c’est que la guerre est proche et que dans la soirée un ordre de mobilisation générale sera envoyé à toutes les communes.

En fin de soirée les cloches des églises des Deux-Sèvres sonneront le tocsin à toute volée, et les affiches ordonnant la mobilisation générale seront apposées aux portes des mairies et, comme une traînée de poudre, la nouvelle que la guerre allait éclater se répandra jusqu'au fond des moindres hameaux. Le 3, l'Allemagne déclarera la guerre à la France.


La mobilisation dont les détails avaient été soigneusement réglés par l’État-major, se fit avec beaucoup d'ordre et de méthode : Tous ceux qui avaient moins de 25 ans étaient directement affectés à l’armée active, celle qui devait combattre en première ligne. Ils étaient supportés par la réserve de l’armée active, qui intégrait les hommes de 26 à 34 ans. Ceux qui avaient plus de 35 ans étaient considérés comme trop âgés et plus assez entraînés pour intégrer un régiment de première ligne, mais étaient affectés aux régiments territoriaux en charge d’assurer l’intendance, eux même supportés par la réserve de la territoriale incluant ceux de plus de 40 ans.                                                                                         

 
A la Foye la quasi-totalité des jeunes hommes seront mobilisés dès les premiers jours.
Sur toute la période jusqu’en 1918 cela concernera presqu’un quart de la population de la commune, soit près de 200 hommes. Ne restaient plus que les femmes, les enfants et les anciens pour assurer la vie de tous les jours.

Ayant regagné leur garnison dès les premiers jours d’août 1914, ou ils seront habillés et équipés, ils seront ensuite acheminés par chemin de fer vers la frontière franco-allemande de l'époque.

Beaucoup de mobilisés de La Foye se feront tirer le portrait comme ci-dessous Alexandre Morisson, habitant rue du champ de foire et mobilisé à la territoriale à 44 ans.

Ou bien son fils ci-dessous, également prénommé Alexandre.

Voici Julien Vinatier habitant rue des Artisans, à ses 43 ans. On remarque qu’à l’époque la plupart fument.


D’autres enverront à leur famille des photos de groupe avec leurs camarades.
 
Judicael Cormier (en bas à droite)
 
Il y aura aussi les cartes postales officielles ou toute la section prend la pose avec les armes.


Chaque soldat enverra des nouvelles régulières à sa famille ou ses voisins, comme ci-dessous Raoul Chevalier, habitant Rue des Artisans, qui écrit à sa voisine Gabrielle Vinatier. Il a été blessé et est en convalescence à l’hôpital temporaire de Roanne.

 

Septembre 1916. Louis Emile Arnaud à 24 ans. Il avait été mobilisé en août 1914 alors qu’il venait juste de terminer son service militaire, puis s’engager au 159eme régiment d’infanterie ou il avait obtenu le grade de sergent. 

Il ressort de la bataille de Verdun ou son régiment a été engagé. Il écrit à sa cousine Louise Moreau qui habite au Grand-Bois « Malgré la vie très mouvementée et surtout très accidentée que nous vivons, ça va quand-même toujours à peu près ! ».

Ce qu’il ne sait pas c’est qu’à présent son unité va aller se battre dans la Somme dans la région de Barleux. Il sera blessé et évacué à l’hôpital temporaire n°13 situé à Marcelcave. Il y décédera le 22 Novembre et sera enterré sur place à la Nécropole nationale des Buttes (Tombe 353). L’annonce de sa mort sera un à La Foye, d’autant plus que deux autres jeunes de la famille Arnaud étaient morts quelques semaines auparavant. Son nom figure sur le monument au mort.

 

 

Les Réfugiés
Un certain nombre fuiront les zones de combats et zones occupées du nord de la France. Plusieurs familles se réfugieront à La Foye.

Dans la séance du 7 septembre 1914, le conseil municipal se préoccupe de leur accueil et sollicite les habitants. Et pour cela il leur propose de leur verser une indemnité journalière de 75 centimes par réfugié et par jour et pour financer cela, recourir à un emprunt.

 


Parmi les familles qui accueilleront des réfugiés ou qui leur apporteront de l’aide on note dans les registres en Mairie les Vinatier, Gervais, Charrier, Bouhet, Mallet, Richard, Dorey, Nervoir…

Mais ceux-ci continueront d’affluer et en 1915 la municipalité devra louer des maisons pour les loger. Même chose en 1916.


On ne sait pas combien seront-ils au total. On a retrouvé trace d’une famille Waneys réfugiée à Treillebois, et dont la femme, restée seule avec ses trois enfants, le mari étant mobilisé, sollicite en 1916 une aide auprès du maire. 


La dure vie au village
S’occuper de la ferme, des enfants, cultiver les terres, la tâche sera très dure pour les femmes restées au village, heureusement aidées par les plus anciens. La municipalité sous la conduite d’Arthur Birard fera tout ce qu’elle peut pour leur porter assistance.

Par exemple, dès novembre 1914 elle mettra aussi un système d’assistance médicale gratuite pour les plus nécessiteux. Une liste sera établie et revalidée chaque année. En complément certaines familles seront exonérées d’impôts, et une prime sera donnée aux femmes en couche. Enfin on allouera une somme de 50 francs pour le secours aux soldats blessés.

Puis la préfecture créera dans chaque canton une commission chargée de verser des allocations journalières (1,50fr majoré de 0,50fr par enfant à charge), aux familles des envoyés au front, et n’ayant pas de ressources suffisantes pour subsister. De très nombreuses femmes du village enverront des courriers a cette commission, parfois accompagné d’un avis médical ou d’une recommandation du maire. Beaucoup en bénéficieront ce qui évitera bien des drames.

 

Les prisonniers
Certains soldats de La Foye seront faits prisonniers et rejoindront les camps en Allemagne, comme ci-dessous Jean Bouvron, interné au camp de Münster en Westphalie.

En février 1917 il écrit aux amis restés au village.


Les Réquisitionnés

Pendant toute la guerre il faudra fournir des armes et des munitions aux troupes sur le front. Certains seront réquisitionnés dans les usines d’armement, comme ci-dessous Gustave Briffaud et Félix Arnaud à la poudrerie nationale de Ripault en Indre-et-Loire.


 

Une guerre très meurtrière
Il y aura bien sûr de nombreux blessés sur les différents champs de bataille, et puis aussi beaucoup de malades. En effet les conditions de vie dans les baraquements du front et surtout les tranchées étaient particulièrement malsaines. Ceux-ci-étaient évacués à l’arrière dans l’un des nombreux hôpitaux temporaires qui avaient été ouverts un peu partout en France.
 
 Ici Henri Hérissé écrit a la famille Jardonnet dont les parents de l’instituteur de La Foye habitent Usseau. Il se trouve à l’hôpital du 15eme corps d’armée de Nice.


Mais il y aura tous ceux qui ne reviendront pas.

Quel traumatisme quand on voyait passer des courriers avec la griffe « Mort pour la France ».

 
11 Novembre 1918 : C’est enfin l’armistice !
Ce sera une vraie explosion de joie dans toutes les familles, et les cloches de l’église du village sonneront à nouveau.

Mais les soldats restés au front ne reviendront que peu à peu, la plupart en 1919. Absents de leur foyer pendant plusieurs année et traumatisés par l'enfer qu'ils avaient vécu, beaucoup auront beaucoup de mal a reprendre une vie normale. Certains se mureront dans le mutisme et ne voudront pas évoquer leurs souvenirs en famille, d'autres changeront complètement de métier et partiront s'établir en ville. 

Pour tous, cette guerre marquera un tournant important dans la vie du village.

Certains reviendront en 1920 car ils seront intégrés dans les troupes d’occupation en Allemagne, comme Gustave Bouvron ci-dessous en 1919, originaire du Bourg. Il ira jusqu’en Autriche-Hongrie.

 
Hélas La Foye déplorera beaucoup de morts parmi ses jeunes !
Au global cette guerre fera 1,4 millions de morts, en France, 70% étant victimes de tirs d’artillerie, les autres morts de maladies contractées au front.

Pour l’instant on a retracé 41 noms de jeunes nés ou ayant vécu à la Foye et étant décédés lors de cette guerre. 33 sont inscrits sur la plaque apposée sur le monument aux morts, et 36 sur celle dans l’église. 

Pour beaucoup la fiche de décès précise laconiquement « Tué à l’ennemi », comme sur la fiche ci-dessous de Gaston Dumaine mort en août 1914 sur le front de l’Est dans les premiers jours de combat :


D’autres comme Aristide Burgaud, Louis Chuteaux ou Marcel Sauvaget décèderont de maladies dans les hôpitaux militaires ou de suite de leurs blessures.

La reconnaissance de ces morts entrainera une grande confusion. Certains ayant vécu à plusieurs endroits, se retrouveront revendiqués par plusieurs communes. Par exemple Maurice Deborde est inscrit à la fois sur le monument aux morts de la Foye et celui du Busseau (Deux-Sèvres).

Quant à Maximin Brossard ci-dessous, mort de blessure en Mai 1918 au lazaret d'Osnabrück en Allemagne, son nom est inscrit à la fois sur le monument aux morts de la Foye mais également sur celui de Saint-Pierre-du-Chemin en Vendée.

 

Raoul Delouvée lui, a sa tombe est au cimetière, mais est inscrit sur le monument de la Revétizon (Deux-Sèvres).

Enfin Julien Richard est enterré à Brulain (Deux-Sèvres mais a une plaque dans le cimetière de la Foye. 

 

Voici la liste de ceux que l’on a retrouvés.

Sur le monument aux morts :

Dans l’église :


Enterrés dans le cimetière,... ou bien dans des nécropoles
Le cimetière en conserve encore de nombreuses traces bien que beaucoup de tombes ont à présent disparues ce qui rend l’exercice de mémoire difficile. Pour ceux morts au combat les corps ont été souvent rapatriés tardivement, souvent en 1920.

Certains sont restés sur les champs de bataille ou enterrés dans des cimetières militaires en France dans le nord ou en Belgique, comme par exemple Gaston Dumaine, natif du village et enterré au cimetière militaire de Champenoux (Meurthe-et-Moselle).

Dans le cimetière de la Foye certaines tombes sont toutes simples, avec la colonne tronquée, symbole d’une vie brisée… comme celle de Daniel Favreau mort de blessures à 20 ans, ou bien une croix pour René David, Sergent au 155ème Régiment d'infanterie tué le 8 Octobre 1914 à Gernicourt (Aisne).

   

 Tout d’abord l’on retrouve des inscriptions laconiques gravées dans la pierre.

Ou bien sur des plaques émaillées 



 Certains comme les frères Binet reçurent de leur régiment une plaque de métal pour commémorer leur mémoire (hélas disparues)


Ou bien de simples plaques de marbre, donnant peu de détails…

   
 

Au ministère des armées, l’on peut accéder aux fiches de décès donnant des renseignements laconiques, comme par exemple celle de Victorien Barbaud ci-dessous :

Parmi les cartes reçues du front par les familles à La Foye, certaines exacerbaient la haine de l'ennemi..


Ou bien le patriotisme...

 
Et l'amour de ceux restés au village....
 
 
Un poilu de 1914 dans son uniforme au pantalon garance...

 

 


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