Marchands et négociants

Henri Sée : « Parmi les corporations marchandes, il en est qui confinent à la haute bourgeoisie : des apothicaires, des imprimeurs, des orfèvres, des merciers, des marchands de drap et de soie. Puis il y a beaucoup de petits marchands : tels, les fripiers et surtout les revendeuses, regrattières, etc... Dans la bourgeoisie commerçante, la place la plus haute est tenue par les négociants en gros, dans l’industrie textile surtout, ils commencent à imposer leur domination économique aux artisans. Ils ouvrent directement la voie à la classe des grands patrons industriels. Cette aisance est toutefois très relative aux conditions de vie de l'époque, et il convient de faire la différence entre marchand et négociant : leur genre de vie diffère profondément. Les marchands, même aisés, vivent très simplement ; ils n’ont pas de salon ; ils mangent dans leur cuisine. Au contraire, les négociants ont un train de vie souvent plus luxueux que les nobles. » [Lire la suite]

Cela explique les alliances que l'on trouve parfois entre familles de nobles ou de notables et familles marchandes, ou bien entre deux familles marchandes, comme ici
 à la Foye :
  • En 1738 : Louis Isaac BASTARD DE CRISNAY, issu d'une ancienne famille marchande et très influente de Saint-Symphorien, lui-même marchand et qui deviendra fermier du prieuré de la Foye à la suite de son beau-père (dès 1759), seigneur de Péré, la Motte, la Chassottière et autres lieux (dès 1787), et Marie JOUSSEAUME, issue d'une autre famille de marchands, et dont le père, Jacques, est alors fermier du prieuré. Marie est belle-sœur de Guillaume CORBINEAU, qui sera procureur d'office de la châtellenie de la Foye-Monjault (dès 1759). Présents au mariage, Renée DE LA FONTAINE, mère de Louis Isaac, ainsi que les seigneurs FRAIGNEAU, GRESSEAU et GASTINEAU. 
  • En 1764 : Jean François BÉRAUD-BOISVALLON, marin, fils d'un marchand de Saint-Martin à Pons, en Charente Maritime, et Catherine THOMAS, fille d'un marchand de la Foye. Les deux familles sont liées par les COMBE par la mère des deux époux, Marie et Marguerite Françoise COMBE, qui sont sœurs. Dans l'acte, les BÉRAUD et les THOMAS sont qualifiés de « bourgeois ». Aussi présents au mariage : Jeanne LOUVRIER, issue d'une famille marchande et épouse du procureur et huissier Jean-Baptiste DELAVAUD. 
  • En 1766 : François BOUROLLEAU et Françoise Madeleine THOMAS. Mariage entre de deux grandes familles marchandes, les BOUROLLEAU de Frontenay-Rohan-Rohan, et les THOMAS de la Foye.  Sont présents d'autres familles de marchands, qui s'associeront toutes dans les années qui suivent aux notables de la paroisse : outre de nombreux BOUROLLEAU et THOMAS, on note les signatures d'un RONDEAU (sans doute Pierre), d'un JOUSSELIN, ainsi que de Marianne COCHARD, issue d'une ancienne famille de notables et mariée dans la famille THOMAS.
  • En 1771 : René LOUVRIER, maréchal de Secondigné-sur-Belle, et Jeanne ARCHIMBAULT, de Notre-Dame à Niort. Les LOUVRIER étaient une famille marchande, et Isaac, fils de René et Jeanne, sera négociant de vin. Sont présents au mariage : Jeanne LOUVRIER, sœur de René et épouse du procureur et huissier Jean-Baptiste DELAVAUD, trois des principales familles marchandes de la Foye, les JOUSSEAUME (avec entre autre Marie Agathe, épouse de Pierre Louis BASTARD DE PUISFONTAINE), les THOMAS (avec Louis) et les RONDEAU, les CREUZÉ (famille de notables), un LANGLOIS DE CHANCY, et les MESTADIER, famille qui compte l'évêque Jean Joseph MESTADIER, natif de la Foye.
  • En 1772 : Pierre Zacharie CREUZÉ, notaire et procureur au duché-pairie de Frontenay-Rohan-Rohan (résidant à Saint-Symphorien en 1772), avec Françoise RONDEAU, fils du marchand Pierre RONDEAU, de la Foye. Jean CREUZÉ, fermier de la seigneurie de Saint-Hilaire-la-Palud, est curateur de Pierre Zacharie. Sont présents au mariage : CREUZÉ, curé de St-Jean-d'Angle, François Augustin RONDEAU, Élizabeth COCHARD (épouse de François BASTARD DE CRISNAY), Catherine Olive HÉLIOT (épouse de François Augustin RONDEAU), Thérèse THOMAS, Renée Honorée BASTARD (la mère de François BASTARD DE CRISNAY), et Marie JOUSSEAUME.
  • Toujours en 1772 : Louis BOURGET, maitre en chirurgie, avec Marie Élisabeth LOUBEAU. Sont présents au mariage plusieurs des familles marchandes de la Foye : François BASTARD DE CRISNAY avec sa femme, Élizabeth COCHARD, ainsi que Louis Isaac BASTARD DE CRISNAY et Renée Honorée BASTARD, parents de François ci-dessus ; les THOMAS, avec Louis, son épouse Marianne COCHARD, sœur d'Élizabeth ci-dessus, et Thérèse THOMAS, fille de Michel Louis et Marie COMBE ; les JOUSSEAUME, avec Isaac et son épouse Elizabeth PILLARD, François JOUSSEAUME-BEAUPRÉ et Marie JOUSSEAUME, leurs enfants (celle-ci épouse de Pierre Louis BASTARD DE PUISFONTAINE), et enfin Jeanne LOUVRIER, épouse du procureur et huissier Jean-Baptiste DELAVAUD.
  • En 1787 : Jean-Philippe CLERC DU FIEFFRANC, conseiller du roi et de son frère, le comte d'Artois, lieutenant au siège royal de la maîtrise des Eaux et Forêts de la ville de Niort, juge sénéchal, civil, criminel, et de la police de la châtellenie de la Foye-Monjault, qui deviendra ensuite membre du conseil général et officier municipal de la Foye, avec Jeanne Félicité BASTARD DE CRISNAY, fille du marchand Louis Isaac.


Niort - Marchands sur la place des Halles

Concernant la relation des marchands aux artisans : « si une petite minorité d’artisans tend à s’élever à une classe supérieure, bien plus nombreux sont ceux qui perdent de plus en plus leur indépendance économique et tendent à devenir des salariés. Les marchands, disposant de capitaux souvent considérables, devaient, à mesure que la production et le marché s’étendaient, faire la loi aux ouvriers, qui n’avaient pas d’avances. » [Henri Sée]

Liste des marchands et négociants relevés dans les registres de la commune :

XVIIe siècle, deuxième moitié :

XVIIIe siècle, première moitié :

XVIIIe siècle, deuxième moitié :

XIXe siècle, première moitié :

XIXe siècle, deuxième moitié :

XXe siècle, première moitié :



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