Le surnom appliqué
à la branche familiale

Donné à vie, un surnom pouvait être porté sur plusieurs générations, par tous les membres d'une même branche familiale descendant d'un couple donné. C'est le cas par exemple de la branche des ARNAULT dits Bannoir (ou Bas Noir, porté par tous les enfants de Jean dit le Jeune et Marie Anne BRISSET), de laquelle descend l'écrivain Maxime ARNAUD ; de celle des ARNAULT dits Berthelot (à partir de Jacques et Jeanne ESSARD) ; ou encore des ARNAULT dits Bernuchon (à partir de Jean et Catherine BERNARD), que l'on retrouve sur au moins trois générations – ces trois branches étant par ailleurs cousines.

Si dans les registres le surnom étaient souvent transmis par les hommes, de nombreux exemples, comme ceux de Madeleine ARNAULT dite Bernuchon, Marie ARNAULT dite Berthelot ou encore Marie PHILIPPE dite la Voisine, montrent bien qu'ils s'appliquaient pareillement aux femmes. En particulier, dans la marge de son acte de baptême en janvier 1770, Marie ARNAULT, fille d'André dit la Guigneraie et de Madeleine dite Bernuchon, hérite clairement du surnom de son père :

Le 17 du même mois, la même année (janvier 1770), a été baptisée Marie née du jour, fille d'Andrée Arnault dit la Guigneraie et Madeleine Arnault dite Bernuchon, ses père et mère. Le parrain a été Pierre Arnault et la marraine Marie Cuit, qui ont déclaré ne savoir signer... (avec en marge : Bat. de Marie Arnault dite la Guigneraie)

Mais pour les surnoms familiaux, il semblerait que les enfants l'héritaient en premier lieu du patronyme de leur mère. Une fois ce patronyme devenu surnom, il était ensuite transmis aux générations suivantes par le père.

Cet usage se retrouve avec la branche ALLAIN dite Pommier, qui débute avec Guillaume Daniel ALLAIN dit le Jeune et Louise POMMIER. De même pour Jean GUITTEAU, dit Flandrin, fils de Jean dit le Jeune et Marie Anne FLANDRIN ; pour Pierre ARNAULT dit Challier, fils de Pierre le Jeune dit Fesse Venelle et Marie CHALLIER ; pour Jean Louis ARNAULT dit Charruyer, fils de Louis et Louise CHARRUYER ; pour Catherine Marie ARNAULT dite Poindsous (PAINDESSOUS), fille de Louis dit Bernuchon et Marie PAINDESSOUS ; pour la branche BURGAUD dite Poirier, qui débute avec Jean BURGAUD et Françoise POIRIER, pour celle des ARNAULT dite Berlinet, qui débute avec Élie ARNAULT et Françoise BERLIN, et sans doute aussi pour la branche ARNAULT dite Bernuchon, qui débute avec Jean ARNAULT et Catherine BERNARD (Bernuchon pouvant être une dérivation familière de BERNARD) [1].

À ce titre, on pourrait postuler que la branche ARNAULT dite Berthelot a pu commencer avec Pierre ARNAULT et Catherine MISBERT, Berthelot pouvant être une dérivation de MISBERT, tandis que la branche ALLAIN dite Framboise a pu commencer avec François ALLAIN et Françoise SAVARIT, le mot « Framboise » étant peut être dérivé du prénom « Françoise »).

Une fois que les membres d'une branche familiale étaient connus par leur surnom, ce dernier pouvait être attribué de façon associative aux parents proches, comme pour Louise ALLAIN, dite Pommier à son décès en 1779, car belle-soeur de Louise POMMIER, ou encore Marie ARNAULT, dite Bernuchon à son décès, la même année, car belle-soeur de Catherine BERNARD.

Le surnom pouvait même parfois se substituer au patronyme dans les registres [2]:
  • En 1780, Louis ALLEAU, lors de son baptême, est dit fils de Jean ALLEAU et Madeleine Leboeuf, qui est en fait Madeleine GUITTEAU, dite Leboeuf.
  • En 1794, lors du mariage de Louis Germain BURGAUD et Louise Marguerite GUSTIN, à la Foye, est témoin un Jacques Berthelot, dit beau-frère de la future. Il s'agit en fait de Jacques ARNAULT, dit Berthelot, époux de Marguerite GUSTIN, soeur de Louise Marguerite.
  • En 1797, lorsque décède leur fille Madeleine, celle-ci est nommée dans l'acte : « Madeleine Berthelot, fille de Jacques Berthelot et Marguerite GUSTIN » :
« ... voisin de la dite feue Madeleine Berthelot, agée de trois semaines,
fille de Jacques Berthelot, journalier... »

Ou il pouvait être associé au patronyme, comme ici dans un acte de 1831 où est témoin Jean ARNAUD dit Berthelot, neveu de Jacques ci-dessus :

« Lecture faite, ARNAUD-Berthelot et ARNAUD-Charruyer
ont avec nous signés...  »




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Notes
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[1] Cependant, Bernuchon existe aussi en tant que patronyme, notamment en Charente Maritime à cette époque*. On trouve d'ailleurs Louis Bernuchon, notaire à la Foye-Monjault, époux de Juliette Landreau, noté sur le recensement de 1836. Une autre mention du même Louis apparaît en décembre 1877, dans les Rapports du Préfet.

[2] Par erreur également : En octobre 1779, lors du décès que je pense être celui de Louise Pommier, épouse de Guillaume Daniel Allain, Bory nomme cette dernière "Louise Allain, dite Pommier". Or, c'est justement Louise qui avait légué son patronyme en surnom à cette branche Allain, et non le contraire.