Les Grandes Manoeuvres

En France, le traumatisme de la guerre de 1870 avait été profond, surtout l’humiliation lié à la perte de l’Alsace et de la Moselle. De plus l’on sentait bien que de l’autre côté du Rhin, les Allemands se préparaient en développant leur armement; Les usines de la Ruhr tournaient à plein régime.

Et donc, au début des années 1900, de ce coté du Rhin, le nationalisme battait son plein : Beaucoup pensaient qu'il fallait se préparer à une nouvelle guerre, ce qui valait de nombreux discours enflammés au Parlement.

 

A partir de 1896-98 l’on organisera ce que l'on appelle "Les Grandes Manœuvres", l'objectif étant de tester l'entraînement des troupes et des états-majors, mais aussi de valider les règlements d'emploi, et surtout tester le nouveau matériel, en particulier les chars soit-disant "invincibles", et aussi les tout nouveaux canons rapides. Et surtout il fallait montrer la puissance de sa force militaire aux autres États représentés par des attachés-militaires, mais aussi rassurer l'opinion publique au travers des nombreux articles de presse, c'est pourquoi la plupart des journaux d'époque y étaient invités.

 

Ces grandes manœuvres seront organisées jusqu’à la veille de la grande guerre, la dernière ayant lieu en septembre 1913. Elles avaient lieu en en septembre, mois de prédilection, notamment parce que les moissons étaient terminées et que les troupes en manœuvres étaient aussi composées de réservistes (dont des agriculteurs).

Elles avaient lieu au niveau d'une brigade, d'une division, d'un corps d’armée, voire d'une armée. Le plus souvent, elles étaient organisées autour de la reconstitution de l'affrontement de deux partis, le plus souvent dénommés « parti rouge » et « parti bleu », avec des arbitres et un règlement.

 


Ces manœuvres étaient relativement courtes (8 jours), mais ici l'on voit bien l'utilisation des véhicules à moteur, ceux-ci commençant à remplacer les chevaux, tant en camions qu'en 'véhicules de tourisme'. Mais l'essentiel des combats se faisait à pied. L'aviation était aussi intégrée à la manœuvre, essentiellement comme moyens d'observation.
 


Le 21 Aout 1901
, le préfet des Deux-Sèvres écrit à la Mairie de la Foye pour annoncer qu’une partie des troupes du 11ème Corps d’Armée stationnera à Niort et dans les villages du sud-niortais, dont La Foye, du 30 Août au 7 Septembre, dans le cadre des Grandes Manœuvres de l’Ouest. Et il fait appel au patriotisme des administrés pour bien les accueillir. 

 

 

Puis des documents de l’état-major précisent les conditions de ces manœuvres « de l’Ouest », l’objectif étant de montrer comment on peut résister à une invasion par la mer, à partir des ports du littoral.

 

Ainsi que la progression générale des unités concernées et leur commandement.

Une carte d’état-major est dressée et distribué à tout le commandement.

A la Foye ce sera le 11ème Corps d’Armée qui arrivera à partir du 21 août. Et qui se déplacera dans la région jusqu’au 3 septembre 1901.

 

Les troupes campent dans la plaine du Fairault, et l’on dresse le bivouac.

Puis l’on met les canons à l’affût et installe les postes d’observation.

L’année suivante, lors de la séance de Juin 1902, le Maire, Félix Garnaud fait le bilan de ces manœuvres du 64eme Régiment d’Infanterie. Pour la Commune il a fallu assurer la nourriture des troupes ainsi que des animaux, essentiellement des chevaux.

Dans le registre on note que Mr Nourisson a fourni de la paille pour 50,36 francs et Madame Dorey a payé de la bière aux musiciens du régiment, soit 22,40 francs. Il y a aussi Mr Bonneau, Mr Papon, etc…

Certaine cartes postales envoyée par le participants témoignent des difficultés rencontrées par tous ces jeunes peu habitués au conditions de la vie militaire: "On nous exploite horriblement... Depuis 10 jours je n'ai toujours pas vu de lit, je ne saurais plus me coucher en rentrant car j'en ai perdu l'habitude..."


Dix ans plus tard, en 1911, les manœuvres se déroulent à nouveau dans le Sud-Niortais.  Le Général commandant le 11ème corps informe Félix Garnaud, toujours maire à La Foye, que dans le cadre des grandes manœuvres, ses troupes d’un peu plus de 700 hommes et 25 chevaux stationneront à Limouillas le 30 Août. Il parle aussi de fourniture de pain et autres denrées. 


Ce sera le 65ème régiment d’infanterie qui passera et il faudra loger les officiers. Une répartition sera faite en mairie. Ce seront les grands propriétaires, ceux qui possèdent de grandes maisons avec plusieurs chambres, qui seront réquisitionnés.

Dans une petite note retrouvée, l’on note les noms de Rossignol, Bellion, Birard, Martin, puis Chaignon, Arnaud, Bourdon, Daniaud, ainsi que le maire Garnaud.

Tous les hommes du village s’étaient déplacés pour admirer ces soldats fiers dans leurs costumes rutilants, et commentaient les équipements, les attelages et matériels.

Ils ne se doutaient pas que quelques années après ce serait eux qui seraient à leur tour enrôlés, mais cette fois-ci pour de vrai, et que bon nombre d’entre eux n’en reviendraient pas.

 



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