Restrictions et Cartes d'Alimentation

Les restrictions en tous genres imposées par les autorités sur la nourriture et les biens de première nécessité, furent beaucoup moins impactantes pour nos villages que pour les villes. En effet notre région était alors profondément agricole et notre commune comportait plusieurs dizaines de fermes, possédant chacune des cochons, de la volaille et souvent des veaux, en plus des jardins potagers et des "Champ-beaux" situés près des rivières ou l'on cultivait des légumes en abondance. Et puis il y avait le bois pour se chauffer, et non le charbon comme en ville.
Donc malgré les réquisitions, il en restait suffisamment pour nourrir tout le monde, et beaucoup s'approvisionnaient chez le voisin, ce qui n'empêchera pas certains de s'adonner au "marché noir" en vendant discrètement à certains habitants de la ville de Niort toute proche.
 
Les documents ci-dessous, furent tapés à la machine ou imprimés en ronéo, et la qualité d'impression est mauvaise. Pour lire le texte il est conseillé de l'agrandir au maximum sur grand écran. Seuls les documents les plus significatifs sont reproduits dans cet article Il y en existe beaucoup d'autres, disponibles pour envoi sur demande.
 
Les restrictions
Ce fut surtout sur les produits importés : Café, tabac, sucre, sel, riz et pâtes que ces restrictions furent les plus visibles. Pour ceux-là il fallait s'approvisionner chez les épiciers du village, alors au nombre de cinq : Racaud, Garnier, Sauvaget, Bernard, et Faucher.  
La Mairie leur demandait de strictement respecter les consignes de la Préfecture.Tous respectèrent les consignes en apparence, tout en aidant les habitants nécessiteux dès que possible.
 
C'est à l'automne 1940, après l'interruption de l'approvisionnement normal de marchandises causé par les combats. que des directives furent régulièrement envoyée aux municipalités, leur demandant de limiter la distribution de nourriture et de produits, selon les règles établies.
Simultanément fut mis en place le système des tickets de rationnement, souvent désigné sous le terme de « cartes de ravitaillement », qui devaient être distribuées aux habitants pour s'approvisionner dans les magasins.
 

L’instauration de la carte d’alimentation
Cette « carte d’identité alimentaire » donnait droit à un contingent de coupons (pour les rations mensuelles comme le sucre ou le café) et de tickets (pour les rations hebdomadaires ou journalières), à remettre aux commerçants en plus du paiement des produits.

La quantité dévolue à chacun était définie selon l’âge et la profession. À cet effet, la population est classée en différentes catégories dont les principales sont : E (enfants), J (jeunes et adolescents), A (adulte), T (travailleurs de forces), C (travailleurs agricoles), V (personnes âgées).

Les travailleurs de force, supposés dépenser plus d'énergie, recevaient des rations supplémentaires.


Ces cartes devaient être renouvelées régulièrement, comme le précise la circulaire ci-dessous, un des objectifs était d'assurer un contrôle et éviter les fraudes.


Une organisation dédiée en Mairie
La Préfecture demandait un suivi précis de ces cartes, c'est pourquoi le Maire : Léonce GÉOFFRIAU mis en place, en Février 1941, une organisation dédiée. Ce serait Edmond Penot, et Mme Métayer, tous deux secrétaires de Mairie, qui seraient en charge de confectionner les carnets d'alimentation et d'en assurer le suivi. Il est précisé que l'on donnerait à chacun comme dédommagement du temps passé, la moitié des 405fr qui avaient été attribués à la commune.
 

Un registre de suivi des cartes d'alimentation sera créé, que l'on peut retrouver dans les archives de la Mairie.


A l'intérieur: Un tableau récapitulatif pour chaque mois. Ci-dessous, le mois de Février 1941.
 

 En parallèle, le suivi de la distribution des cartes était effectuée sur un petit cahier.
 

 Des cartes pour chaque type de produit.
 Elles étaient nominatives.
 
 Ci-dessous, en Décembre 1940, une circulaire du Préfet précise les modalités pour chaque produit.
 

 
Cartes de tabac
 
1942- Carte de Pierre Voirin, Réfugié des Ardennes et Boucher du village (Recto

1942- Carte de Mme Dorey, tenante du Café-Tabac de la Rue du Centre (Le Chêne Vert)

Cartes de pain
A cette époque il n'y avait plus qu'une seule boulangerie au village, sous forme de coopérative, située au bout de la Rue du Centre. Le boulanger état Marius Pineau. La farine provenait de la farine de la minoterie de Mallet, près de Mauzé, le dernier moulin de La Foye ayant disparu depuis plusieurs décennies. Cette minoterie était sous contrôle et les livraisons étaient contingentées. Pendant la guerre le porteur de pain était Richard. 
 
Ceux qui au  village avaient un four, se faisaient leur pain à partir de blé moulu dans des meules de fortune. Il y avait aussi du pain d'orge ou de seigle. Ce n'était pas très bon, les anciens s'en souvienne, mais cela permettait de se nourrir.
 
E : Ration pour les enfants

C: Ration pour les travailleurs Agricoles   


Cartes de viande
La boucherie était tenue par  Louis Tounat, dont Pierre Voirin, un réfugié, avait épousé la fille. Elle se situait au bout de la Rue du Centre, en face de la boulangerie.
Louis Tournat et ses commis, à l'époque ou l'abattage de faisait encore dans la rue.


Ci-dessous, une livraison de tickets de viande en 1944.


Cartes de lait
Presque toutes les fermes de la commune possédaient des vaches laitières, parfois deux ou trois, mais c'était suffisant pour la consommation personnelle, Malgré les difficultés, les laiteries de Beauvoir et Usseau continuaient leur ramassage quotidien, ce qui permettaient d'alimenter les villes mais aussi les Allemands qui réquisitionnaient une partie de la production. 
Progressivement une pénurie s'installa, ce qui entraîna la mise en place d'un système de  « cartes de lait » pour les enfants. Les ayants droits doivent être déclarés par la mairie, un certificat médical visé par le médecin doit stipuler la durée du régime.
 
Les cartes rouge sont pour les 0 à 6 ans qui ont droit à trois-quart de litre par jour. 
 

 Les cartes bleues pour les enfants de 6 à 14 ans qui ont droit à un demi-litre de lait par jour.
 
 
Les femmes enceintes bénéficiaient de rations supplémentaires, mais il fallait auparavant obtenir un certificat de grosses signé de son docteur.
 
Ci-dessous en Octobre 1942, la carte de Grossesse de Paulette Jamard, signée par le Docteur Donnat.
 

Juin 1943. Certificat de grossesse pour Andrée Damour.
 

La Mairie faisait un suivi rigoureux des cartes distribuées. Ci dessous, en Mars 1941, plus de 200 cartes avaient été distribuées, la plupart pour les enfants.
 


Restrictions diverses
La suite de documents ci-dessous, envoyés à la Mairie de La Foye par la Préfecture, montre que presque tous les produits étaient sous contrôle, Celui-ci s'intensifiera a partir de 1943.
 
Restriction sur le sel 
 
 

Restrictions sur le beurre


Restrictions sur les confitures


En 1944, on remplace les pommes de terre par des pâtes
Les temps sont de plus en plus durs...


Restrictions sur l'alcool à brûler.
Les quantités livrées aux épiciers de La Foye. Le Maire est obligé de faire une répartition entre les personnes prioritaires au village.


 
Liste des épiciers suivis par la Mairie en Janvier 1941.
Sur la directive circulaire concernant la distribution des fromages, on peut constater qu'à cette date ils sont cinq au village : Racaud, Garnier, Sauvaget, Bernard, et Faucher.  
 



 
 
 
 
 
 
 
 



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