Réquisition des armes et chevaux

L'invasion Allemande de Mai 1940, verra la France coupée en deux; D'un coté la zone occupée, incluant le Nord et la côte Atlantique, de l'autre coté, la zone libre formée des régions non encore envahies.

Dès le départ, les Allemands se préoccuperont de la prolifération des armes dans la zone occupée, celles-ci pouvant servir aux forces de résistance,

En outre,cette armée Allemande comportait encore d'importantes divisions de cavalerie ,c'est pourquoi ils réquisitionneront de nombreux chevaux.

C'est ce que l'on peut lire dans les archives retrouvées en Mairie de la Foye. En voici les principaux éléments.

Réquisition des armes.
Dès l’entrée des troupes allemandes sur le territoire national français, une ordonnance interdit la détention des armes :

"Toutes les armes à feu et munitions, grenades à main, explosifs et autres matériels de guerre sont à remettre.
La remise doit s’effectuer dans l’espace de 24 heures (c’est-à-dire à partir de la publication ou de la proclamation de cette ordonnance) auprès du prochain commandement de place ou de camp, à moins qu’il n’y ait d’autres prescriptions d’ordre local. Les maires (préposés de communes) sont tenus pleinement responsables de la mise en exécution exacte. Les Chefs de troupe sont autorisés à accorder des dispenses.
- Toute personne possédant des armes à feu, munitions, grenades à main, explosifs ou autres matériels de guerre, à l’encontre de la présente ordonnance, sera punie de la peine de mort ou de travaux forcés, en cas plus légers de prison.
- Toute personne commettant des actes de violence, quels qu’ils soient, contre l’armée allemande ou un de ses membres sera punie de mort"

Un deuxième texte concernait les armes de chasse : 
" L’armée allemande garantit aux habitants pleine sécurité personnelle et sauvegarde de leurs biens. Ceux qui se comporteront paisiblement et tranquillement n’ont rien à craindre. Ce décret ne s’applique pas à des armes souvenirs hors d’usage. Les armes de chasse devront être remises en indiquant le nom, la profession et le domicile du propriétaire au maire responsable, qui prendra soin de ce dépôt "
 
Le Préfet des Deux-Sèvres enverra une ordonnance le 9 Juin 1940 pour récupérer toutes les armes au commissariat ou en Mairie.
 
 
Peu après, le Maire de La Foye, Léonce GÉOFFRIAU,organise aun recensement des armes possédés par les habitants de la commune. 
 
Un conseiller fera le tour de toutes les maisons et remplira une fiche de déclaration pour chaque arme.
 Ci-dessous, Fernand Racaud possède deux fusils de chasse calibre 16, dont un acheté d'occasion en 1919 pour 500 francs.
 

Albert Prunier, de son coté, remplira trois fiches dont celle-ci pour un fusil "Robust" de calibre 14, également acheté 500 francs.

  
 La récolte avait été importante.
 
 
 
A la suite de cette collecte, un inventaire sera effectuée en Mairie.
On voit que la plupart des foyers possèdent une ou plusieurs armes. Il  faut dire qu'à cette époque, tous les hommes ou presque allaient à la chasse.
 
 
 
 
 
Dans un deuxième temps le Préfet ordonne que ces armes stockées en Mairie soient rassemblées au niveau du Canton.

 Ci-dessous le décret reçu en Mairie.

 
 
Et donc le Maire fera transporter à Beauvoir toute sa collecte, soit 103 fusils.
 

Mais il semble que certains aient gardé et caché des armes dans leurs greniers et granges, en tout cas, plus tard, certains s'en serviront dans des actes de résistance.
 
Fin Octobre 1941, le Préfet effectue une relance auprès du Maire. Celui-ci demande au Garde-Champêtre de relancer les habitants. Voici le discours qu'il lui a préparé.


C nouvel appel, lié à la menace de sanctions, permettra d'effectuer une nouvelle collecte. 
Ci-Dessous, La Veuve Birard remet en Mairie huit fusils une carabine et deux revolvers.
 
 
Début 1942, apparaîtront les premiers sabotages et actes de résistance. Les autorités Allemandes décrètent qu'ils puniront de mort tout ceux qui détiennent un dépôt d’armes, engins meurtriers ou incendiaires. 
Ceux qui détiennent des armes à feu et munitions de chasse encourront des peines de travaux forcés ou d’emprisonnement, même dans le cas de dénonciations faites par le conjoint, les parents, les enfants, les frères et sœurs. Ceci devait sûrement créer une bonne ambiance dans les familles ! .

A la fin de la guerre, certains rechercheront leurs armes qu'ils avaient cachée à La Foye, comme ci-dessous en 1946, ce réfugié Jacques Hardy, de Creil dans l'Oise.

Plus curieux, c'est la succursale de la Société Générale de Dieppe, qui était venue en Juin 1940, cacher à La Foye ses revolvers au nombre de quatre, certainement apportés par un réfugié. 

La Banque veut que la Mairie  lui restitue, ou à défaut les rembourse.  L'histoire ne dit pas si on les a retrouvés.


Réquisition des Chevaux
La logistique de l'armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale est loin d'être complètement mécanisée, les chevaux sont nombreux !
Ils servent à tirer canons et chariots de munitions, mais sont également utilisés pendant l'hiver quand les véhicules s'embourbent.

En 1940, plus de 80% de l’armée Allemande est hippomobile, particulièrement dans les divisions d’infanterie. Pour 17 000 hommes, l'on compte environ 900 véhicules  pour 5300 chevaux. 
 

En 1941, une demande est effectue par le Préfet au Maire de faire un inventaire des chevaux de la commune.
 

Dans la liste établie ci-dessous pour La Foye, l'on voit que l'on a recensé 110 chevaux.
On identifie chacun par son sexe, son âge, et la couleur de sa robe: Blanc, gris, gris-clair, brun, bai  ou alezan.
 

Cette liste sera transmise à la Kommandantur. 

 Pour chaque propriétaire l'on met la surface à cultiver en regard du nombre d'animaux qu'il possède, l'objectif étant de ne leur laisser aux agriculteurs que le strict minimum nécessaire pour cultiver, sachant que par ailleurs les Allemands réquisitionnent une part importante des récoltes.

On ne sait pas combien de chevaux ont été réquisitionnés, en tout cas les membres du conseil s'inquiètent en Mars 1941 des chevaux qui ont été "prêtés". Ils ne savent pas encore qu'ils ne seront jamais restitués.

 De la même façon, en Octobre 1941, le Préfet indique la répartition qui sera faite auprès des maréchaux-ferrants pour la dotation de fers et clous à ferrer
 (document de mauvaise qualité, agrandir au maximum pour lire).


Dans cette liste effectuée en Mairie, on a mis en regard de chaque animal le nom du maréchal-Ferrant.
On lit lit les noms de Armand Sauvaget et Athanase Allain.
 Il y a aussi les Bœufs à ferrer.

Dans la liste ci-dessous, la commune recense deux charrons ; André Brec, Arsène Marchand, deux Maréchaux-ferrants : Athanase Allain, Armand Sauvaget, et un ferblantier : Ulysse Pommier.



En 1943, l'armée Allemande doit remplacer une partie de ces chevaux. Le "Feldkommandantur" utilise la liste qui lui a été fournie pur réquisitionner à nouveau comme préciser dans le document ci-dessous.
La Foye doit présenter à Beauvoir 10 chevaux de trait de plus de trois ans, et un plus jeune.


À partir de 1944, les moyens logistiques s’effondrent, Es France 60000 chevaux sont réquisitionnés pour permettre à l’armée allemande de battre en retraite. Le matériel est embarqué dans des charrettes,

À la fin de la guerre, plus de 2,7 millions de chevaux auront été incorporés dans l’armée allemande, plus que durant la Première Guerre mondiale. Une partie a été tuée par les combats, le froid, le surmenage et l’abattage pour nourrir les hommes…

 

 

Aucun commentaire: