Petite Philatélie de La Foye

La Foye possédera son bureau de Poste officiel à partir de 1913.
Vu le nombre restreint d'habitants de la commune, ce ne sera qu'un bureau de Recette-Distribution, c'est-à-dire pouvant seulement recevoir et envoyer du courrier.
Dès sa création, ce bureau sera rattaché à celui de Beauvoir, qui, en tant que chef-lieu de Canton, sera, lui, un bureau de Recette, c'est à dire capable d'effectuer l'ensemble des opérations (courrier, mandats, colis), y compris opérations financières.
 Bureau de Recette       Bureau de Distribution
 
Même si la période d'ouverture du bureau de La Foye (1913 - 1966), est très limitée par rapport à l'ensemble de l'Histoire Postale qui démarre au milieu du Moyen-Âge en France, on remarque sur les oblitérations effectuées dans ce bureau, que les cachets ont régulièrement évolué en fonction des différentes modifications décidées par l'administration des Postes.
C'est pourquoi l'étude philatélique des courriers de la Foye, devient très intéressante et mérite l'objet d'une étude.
 
Depuis les tout débuts, la poste s'est efforcée d'identifier la nature de tous ses bureaux, et de tous ses services particuliers, au travers des cachets aux formes différentes. Donc en tant que Bureau de Distribution La Foye recevra dès 1913, son cachet spécifique se distinguant par un cercle extérieur formé de tirets.
Les bureaux de distribution les bureaux de recette avec un cachet au cercle extérieur plein. C'est ce que l'on peut voir sur les différents courriers ayant transité par ces deux bureaux.

 

Nomenclature des cachets.
Plusieurs auteurs s'essaieront au recensement des différentes formes de cachets apposés par la poste sur le courrier.
Parmi eux il y aura Gilbert et Langlois, qui utiliseront une nomenclature à base de chiffres. Elle sera reprise par Jean Pothion dans ses nombreux catalogues.
Il y aura aussi André Lautier, qui lui choisira une nomenclature à base de lettre, puis plus tard Émile Barthélémy qui étudiera toutes les variations.
C'est la nomenclature Lautier, la plus connue, qui sera utilisée pour les oblitération du bureau de la Foye.

Composition d'un cachet.
Au début des années 1900, les tampons étaient composés d'un manche en bois, et d'une partie en métal contenant des éléments amovibles donnant la date

Éléments du tampon 


Le bloc métallique inséré au bout du manche en bois, comporte: 


La Poste était très pointilleuse sur l'origine et la date de départ des courriers qui lui étaient confiés, et elle demandait aux Postiers de faire évoluer le cachet toutes les 10 minutes, et plus tard toutes les 15 minutes. 
Changer à chaque fois avec une pince les éléments formant le bloc dateur était un travail fastidieux et parfois source d'erreurs. Ces courriers "accidentés" sont recherchés par les collectionneurs.

 
Les cachets en service à La Foye
C'est en 1904 que la poste décide de simplifier ses cachets, et ne plus faire figurer qu'un cercle sur le pourtour extérieur. C'est le "type 04" des catalogues philatéliques
Il sera utilisé dans tous les bureaux à partir de cette date, et donc en 1913, La Foye sera dotée d'un cachet "Type 04".
La longévité de ce type de cachet sera exceptionnelle, 44 ans (1904-1948).
 
TYPE A4 OU 04
C'est donc un cachet simple cercle, de diamètre 27 mm, avec ou sans indication de l'heure de la levée. Il est frappé à l'encre noire. 
Le Millésime est a deux chiffres (deux derniers chiffres de l'année), généralement de mêmes dimensions que les autres indications du bloc. 
Il comporte l'indication du numéro de la levée, département en toutes lettres.
 
      
Ce type de cachet est celui que l'on rencontre le plus souvent sur le courrier posté au bureau de la Foye, principalement sur les nombreuses cartes postales d'avant-guerre.
 
Carte de Mai 1914 pour le Grand-Bois

Lettre du vétérinaire Béziau, du 5 Août 1918

 Carte du 12 Mai 1918 pour le Grand-Bois 












  
Récépissé de mandat, Janvier 1937
 
TYPE A4 Bis
Un certain nombre de Postiers se plaindront de la perte de temps pour changer les minutes, c'est pourquoi l'administration leur accordera le droit de n'indiquer que les heures, et remplacer les minutes par un astérisque. A La Foye on ne rencontre cette variante qu'après la première guerre mondiale.
15 Août 1919. Récépissé de mandat télégraphique.
 
Mais c'est surtout pendant la seconde guerre mondiale que cette pratique se généralisera. Etait-ce dû à un manque de personnel ? 
 

TYPE A5
Il apparaît en 1930 et est d'un diamètre plus grand (28mm) avec une disposition différente de la date. On l'appelle "Horoplan" car les heures, jours et mois sont sur une même ligne.
Il semble que ce type de cachet n'ait été utilisé que dans les grandes villes, en tout cas on n'en a pas retrouvé sur des courriers postés à La Foye.
 
Ici, sur cette lettre envoyée de La Foye, la ville de Surgères a apposé en arrivée son cachet Horoplan. 
Lettre interne du service de recouvrement Décembre 1939

Au verso de la lettre ci-dessous, envoyée en Express de La Foye, par Mme Allard, résidente à l’Hôtel du Chêne Vert, on peut voir les différents cachets A5 apposés à l'arrivée à Paris.
 
Lettre de Juillet 1944. Cachet A4 - Bis du bureau de La Foye
     
Différents cachets A5 au verso de la lettre

TYPE A6
Ce type apparaît le premier janvier 1948
Ses dimensions (27 mm) et dispositions sont identiques au type A4. Le bloc dateur du timbre à date est légèrement modifié et le millésime de l'année est porté à quatre chiffres. 
La modification semble avoir été effectuée assez rapidement.
 
Ce cachet restera longtemps en service à La Foye comme on peut le voir sur le fragment de lettre ci-dessous (1958).  

 TYPE A7

Il est créé en 1951.
 
Les dispositions sont les mêmes que le type A6, mais :
  • La lettre H apparaît dans l'indication horaire.
  • Les chiffres des minutes sont plus petits que ceux des heures et ne peuvent être que "15", "30" ou "45".
  • Les chiffres sont arrondis, et ont tendance à se moderniser.
  • Un astérisque (*) remplace parfois l'indication horaire. Dans ce cas, l'identification (difficile) peut se faire en comparant les caractères avec ceux du type précédent.





 
Le type A7 se substituera progressivement au type A6. 
Les deux types ont été employés simultanément dans de nombreux bureaux.

 

 

TYPE A8


Après des premiers essais en 1950 à Besançon, il apparaît en 1957 dans quelques bureaux pour se généraliser en 1959.
Au premier abord il n'est guère différents des cachets au type 07 précédent. On retrouve le millésime sur quatre chiffres et la lettre H dans le bloc horaire. Le nom de "plastique"qui lui  est donné traduit le changement effectué au niveau de la fabrication. En effet jusqu'en 1958 la partie de l'outil qui donne l'empreinte est en métal. 
Par la suite elle sera un réalisée dans une espèce de caoutchouc. Elle se généralise en 1959.
 

Mêmes dispositions que le type A4, mais ce cachet en matière plastique se distingue par :

  • La finesse provisoire (en raison de l'usure) de son trait.
  • La présence presque constante de deux petites lignes courbes (parfois réduites a des points), entre le nom de la localité et celui du département.
  • La forme nettement équarrie des chiffres.
  • Un diamètre variable de 25,5 à 28,5 mm au lieu  de 27 mm.
  • La présence de petits traits placés au milieu à gauche et à droite

Comme précédemment, le facteur étant également en charge des tournées au volant de son véhicule,il ne lui restait pas trop de temps pour traiter le courrier. 
C'est pourquoi il n'indiquera  plus les minutes sur le cachet. Elles seront remplacées par la lettre H pour Heure. 


 L'histoire des oblitérations de La Foye se termine avec ce dernier cachet.
Il y eut bien le cachet de type A9, créé en 1965 et qui comportait dans la couronne le numéro du département comme ci dessous dans ce bureau du haut-Rhin (N°67)
 

Le bureau de La Foye n'en sera pas doté.

Le sort du bureau de La Foye était déjà scellé. 
Il ne recevait plus assez de courrier et le téléphone commençait à se développer, remplaçant les cartes postales.  
L'administration attendra le départ à la retraite du dernier Postier, Baranger, en 1966, pour fermer le bureau.
 
Il faut noter que le volume de courrier que l'on a retrouvé de ce bureau est très faible. 
Il est possible que de nouvelles trouvailles permettent de compléter ce chapitre.
 
 
 
Quelques courriers particuliers
Les courriers ci-dessous concernent la famille Pommier qui habita La Foye pendant quelques décennies. 
Un des plus connus est Ulysse Pommier, ferblantier, dont le magasin était situé juste en face de l'église. 
C'était un tout petit bonhomme, (1,45m), toujours jovial, et qui avait de tout au fond de sa boutique.
Plus tard le magasin sera repris par les Giraud, puis les Pailler, avant de fermer définitivement à la fin des années 1970.
 
 
La lettre ci-dessous concerne un des cousins d'Ulysse : Joseph Pommier  (1905-1984)  né à Épannes et qui s'était marié à La Foye avec Marie-Charlotte Druet en 1947.
Passionné par l'aviation, Joseph s'était engagé dans l'armée, et se trouvait dans l'aéronavale. D'abord basé dans le pacifique, à Tahiti, son unité avait été rattachée en 1942 à l'armée américaine, après l'attaque des Japonais à Pearl Harbor aux Îles Hawaï, le 7 Décembre 1941.
 
La lettre recommandée ci-dessous du 17 Avril 1944, envoyée d'une société basée à Papeete, lui est destinée, son unité étant supposée se trouver à Jacksonville en Floride. Mais nous sommes deux mois avant le débarquement des troupes alliées en Normandie (6 Juin 1944), et l'ensemble de l'armée est en pleine recomposition. On pense qu'il est sur la base navale de Norfolk en Virginie, on la fait suivre (cachet "Forwarded"), mais en vain.

Nous sommes en pleine période de guerre et il faut noter que cette lettre entrant sur le sol Américain, 
du passer par la censure (cachet circulaire "Control Postal"), ouverte et refermée avec des bades collantes avec la marque "Examined".

Ce qui est extraordinaire c'est que cette lettre se promènera un peu partout aux États-Unis. puis reviendra en France (Contrôle Postal Militaire et cachet noir ovale). On la retrouvera dans les archives de famille.


Dans cette même période de seconde guerre mondiale, voici un courrier de Régis Pommier, daté du 29 Août 1941, pour ses Parents habitant près de Niort à Sevreau.
Il est prisonnier en Allemagne au Stalag VII A près de Munich, commando 23-20, sous le matricule 78590.

Cette lettre est envoyée en Franchise "à découvert" c'est à dire non fermée pour faciliter la lecture par la censure (Cachet rouge Geprüft, numéro de contrôle 15).

Dans le texte au verso, il dit qu'il  est employé dans des fermes autour du camp et qu'il mange à sa faim. Il espère un jour revoir sa terre natale.








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