1905 : Loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat

Adoptée le à l’initiative du député républicain socialiste Aristide Briand, elle conclut un affrontement violent qui a opposé deux conceptions sur la place des Églises dans la société française pendant presque vingt-cinq ans.
Elle abroge le régime du Concordat de 1802, qui est cependant resté en vigueur en Alsace et Moselle pour des raisons historiques.
 
Bien qu'elle ne mentionne pas explicitement le terme, la loi de séparation des Églises et de l'État adoptée en 1905 est considérée comme le texte fondateur de la laïcité en France
Elle acte la neutralité de l'État vis-à-vis de l'ensemble des religions.
 
En voici les principales dispositions :
- Les ministres du culte (Évêques, prêtres, pasteurs, rabbins..) ne sont plus rémunérés par l’État, 
- Les biens religieux saisis par l’État en 1789 restent sa propriété,
- L'État se réserve le droit de confier gratuitement les bâtiments de culte aux associations cultuelles. Les associations bénéficiaires sont tenues « des réparations de toute nature, ainsi que des frais d’assurance et autres charges afférentes aux édifices et aux meubles les garnissant ». « toutefois, elles ne sont pas tenues des grosses réparations »
 
 
Cette loi de séparation prévoit aussi l'inventaire des biens mobiliers et immobiliers des établissements publics du culte avant que ne soit rendue aux associations cultuelles la partie de ces biens estimée nécessaire au culte et que le reste soit saisi. 
 
En ce qui concerne l'église de La Foye, 
L'inventaire aura lieu en Mars 1906
Ce qui est amusant c'est que dans cette période l'on appelle "Fabrique" tous les établissements publics. Ainsi l'église s'appelle "Fabrique Paroissiale".
Cette visite s'effectuera le 2 Mars, en présence de Louis Arnaud président des "Marguilliers", c'est à dire laïcs chargés de la garde et de l'entretien de l'église. d'Alphonse Arnaud, trésorier de la Fabrique de l'église, et du Maire Félix Garnaud.

Au préalable un questionnaire avait été envoyé au maire pour certifier que l'église servait bien au culte catholique.
 

 
Les documents ci-dessous provenant des archives départementales des Deux-Sèvres, sont difficilement lisibles. Agrandir fortement ou se rendre sur le site Internet des Archives.
 
Dans l'inventaire qui a été effectué dans l'église du village, on peut lire que l'on a recensé 30 chaises,15 petits bancs, 6 grands chandeliers en métal argenté, une lampe en cuivre doré, une croix en métal argenté, 5 statues en plâtre, 2 étant la propriété du curé lui-même, 2 tableaux également propriété du curé, un confessionnal en bois peint, une table en bois peint, un autel en noyer peint, 12 petits tableaux "chemin de croix" 
On note aussi que lorsque l'on voulut ouvrir le tabernacle, le curé s'y opposa fermement.

Puis l'on fit l'inventaire de la sacristie, ou l'on trouva 2 chapes blanches et 8 chasubles de couleur, 3 étoles, 8 soutanes pour enfants de cœur et 4 simples, divers linges...
Dans un placard : 2 burettes sur un plateau, 2 bénitiers, 6 vieux chandeliers. deux vases à fleurs, une clochette...
Puis 9 meubles en bois blanc propriété du curé l'abbé Jandeau.
... Soit au total 16 rubriques différentes.


Puis vient la description de l'église, sa superficie et la superficie de son terrain. On y lit que les fonds baptismaux sont en pierre, et qu'elle est bâtie en pierre. La sacristie est à l'arrière de l'église avec laquelle elle communique.
 
Enfin l'on parle du presbytère et de son terrain qui appartiennent à la commune.



Ensuite le trésorier de la "Fabrique" fait son bilan financier.
Les "recettes et dépenses" s'élèvent à ce jour à 417 francs en caisse.
Il précise que les estimations des différents objets de l'inventaire ont été faits avec les représentants de la "Fabrique", et que Louis Arnaud et Alphonse Arnaud ont déclaré qu'il n'existait pas d'autres biens à inventorier.
En conséquence de quoi le receveur des domaines à Beauvoir, Mr Ory, et le Maire Félix Garnaud apposeront leur signature au bas du document, mais les deux Arnaud refuseront en signe de protestation.



D'ailleurs les cousins Arnaud, fervents catholiques, enverront un courrier de protestation.
 
"Protestation faite à messieurs les représentants de l'enregistrement, lors de l'inventaire fait à l'église de la paroisse de La Foye Monjault...

Messieurs... en assistant à l'inventaire qui a été fait dans notre église, nous demandons à ce qu'y figure à titre de témoin toutes les réserves formulées par les membres de la fabrique..."


"... Ces objets que vous allez spolier sont le fruit de plusieurs centaines d'années de dépenses
Cela représente des milliers en franc pour aménager, pour construire la sacristie, pour faire faire tous les meubles qu'elle contient, et a acheté avec son argent tous les objets qu'elle contient...
Tout cela compose dans cette pauvre église, un petit trésor que le chef de l'église a le pouvoir et le devoir de transmettre à ceux qui lui paraissent dignes...
Nous avons tout lieu de craindre que les opérations d'aujourd'hui aient uniquement pour but de préparer les conspirations de demain... Nous protestons énergiquement monsieur... "
 
Suivront un certain nombre de signatures de paroissiens.


Cette protestation sera bien sûr classée. 

Au final, cette église sera jugée plutôt pauvre :
" Il résulte que la maison curiale de La Foye Monjault ne possède aucun bien de nature mobilière ou immobilière, en propriété ou en jouissance, susceptible d’être confiscatoire... "

Là également, les deux cousins Arnaud refuseront de signer.








 

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