Les familles étaient nombreuses et la plupart du temps c’était l’aîné, garçon de préférence, qui reprenait la succession du père. Les filles elles espéraient faire un beau mariage et les cadets soit travaillaient dans la propriété familiale, soit devenaient artisans, ou bien partaient à l’armée ce qui leur permettrait souvent de voir du pays, la conquête coloniale battant son plein !
Un patriotisme exacerbé
Sous le Second Empire, le patriotisme était très exacerbé, la conscription étant un moment clé de la vie des jeunes gens. Le système de tirage au sort était toujours en vigueur. Ceux qui avaient tiré les bons numéros étaient incorporés dans l'armée active. C'était un grand honneur dans le contexte de l'époque et les conscrits faisaient 7 ans de service. Ceux qui n'avaient pas tiré les bons chiffres et bien que reconnus aptes à servir, allaient rejoindre la Garde mobile. Ils effectuaient 5 ans. Étaient ainsi mises sur pied des unités d'infanterie et d'artillerie correspondant aux circonscriptions de l'administration civile. Chaque ville, d'une certaine importance, avait ses mobiles. Pour les uniformes, la ville fournissait le drap et chacun devait passer chez le tailleur local. L'ensemble au niveau de la Nation, formait une masse de réserve (environ 600 000 hommes).
Pour La Foye le tirage au sort se passe au canton de Beauvoir. Il concerne les jeunes qui viennent d’avoir 20 ans. Pour ceux des années 1865 à 1870 on retrouve une trentaine de noms aux archives départementales. Quelques-uns seront exemptés pour des problèmes de vue (Pierre Bouin : Myopie, Pierre Saunier : borgne..), de santé (Olivier Rousseau : variqueux) ou bien d’état physique (André Vinatier : Impotent).
Beaucoup seront déclarés aptes au service et regagneront le 3ème Bataillon d’Infanterie à Parthenay comme Louis Bonnin et Jean Bagonneau, ou bien le 20ème d’artillerie à Poitiers comme Auguste Barbaud et Louis Herbet.
Certains s’engageront dans l’armée comme Louis Geoffroy (66ème Régiment de marche), Augustin Monet (16ème Chasseur à pied, ou bien Clément Giraudeau et Pierre Bonneau (1er Régiment de Hussards). Mathias Nourisson, lui, s’engagera dans la marine à La Rochelle comme matelot sur l’Alfred Louis.
Une guerre très courte...
Elle durera un peu plus de six mois. Née d'une rivalité sur la question de la succession d'Espagne, elle opposera le second empire français au royaume de Prusse.
Très mal préparés, le plus souvent inférieurs en nombre et très mal commandés, les Français subiront défaite sur défaite et cette guerre se terminera par le désastre de Sedan, le 2 Septembre 1870 où Napoléon III capitulera, entraînant, de ce fait, la perte de l'Alsace et de la Moselle. Ce territoire sera annexé à l'Empire allemand, suite au traité de Francfort du 10 Mai 1871 jusqu'à l'armistice de 1918.
Plusieurs dizaines de jeunes de La Foye (au minimum 40), y seront enrôlés en tant que soldats et certains y perdront la vie, surtout des nombreuses maladies qui circulaient comme le choléra par exemple. L’on en trouve la trace dans les registres militaires.
Très courte mais
meurtrière !
Quand la guerre commence un certain nombre de jeune de la Foye sont sous les drapeaux. Ce sont ceux qui, lors du conseil de révision ont tiré « un mauvais » numéro. Ils appartiennent aux classes 1864, 65, 66, 67, 68 et 68. Ils sont engagés dans les combats qui se déroulent sur le front de l’est à partir du 19 Juillet 1870. La majorité appartient à des unités d’Infanterie, au 94ème Chasseur ainsi qu’au 4eme et 7eme régiment Cuirassier. Ces affectations les amènent à participer aux batailles de Wissembourg (4 Août), Gravelotte (18 Août) et au siège de Metz (à partir du 20 Août).
Le 2 Septembre après une défense héroïque des troupes à Bazeilles, Napoléon III capitule à Sedan (2 septembre).
Des nombreux jeunes sont faits prisonniers et doivent prendre le chemin de l’Allemagne. Parmi ceux qui n’ont pas été faits prisonniers, un certain nombre sont versés à l’armée de la Loire. Ils vont se retrouver avec les mobiles de Deux-Sèvres qui les ont rejoints.
83 000 prisonniers seront envoyés en Allemagne (dont Napoléon III lui-même). Environ 5000 de ces soldats seront conduits dans les forteresses d'Ulm et Neu-Ulm (Wurtemberg). Ils y resteront emprisonnés 9 mois.
Certains bénéficieront d'une libération anticipée, d'autres n'en reviendront jamais...
François-Amand Nourisson né le 18 juin 1845 à La Foye, est assez petit (1,56 m) mais costaud. Il est incorporé au 80éme régiment d’infanterie de ligne ou il deviendra sergent. Il sera blessé et emmené dans la forteresse de Buderich situé en Allemagne en Rhénanie du nord près de Wessel. Il y décèdera le 13 février 1872. A l’âge de 25 ans et un an après son frère Mathias, engagé matelot.
Un évadé de ce camp témoigne des conditions difficiles des prisonniers français :
« Dans cette île, où nous devions rester prisonniers, des baraques étaient en construction ; quelques-unes étaient à peu près terminées et pouvaient, tout au moins, nous garantir de la pluie. Un peu de paille fut distribuée à chaque homme. Le baraquement était trop insuffisant pour que chacun pût s'y abriter aisément ; il fallut donc nous entasser les uns sur les autres, jusqu'à ce qu'il fût assez complet. Notre nourriture se composait tantôt d'une soupe faite avec des pois et des haricots, tantôt de riz au gras ou d'une bouillie, surnommée par nous « la colle », parce qu'elle ressemblait à la colle dont se servent, en France, les afficheurs. Le pain, de la même qualité cependant que celui distribué aux troupes prussiennes, était de la couleur de la suie et si mauvais que beaucoup de prisonniers, et j'étais du nombre, ne purent pas s'habituer à en manger. Chaque homme recevait, tous les deux jours, la moitié d'un pain pesant trois kilogrammes environ et ayant une forme rectangulaire... »
Le 34e des Deux-Sèvres, au sein duquel combattaient beaucoup de Fayais, s’est distingué lors de cette terrible bataille. Parmi les blessés on note Louis Vinatier (1849-1933) qui habitait alors aux Fosses et qui s’établira plus tard à La Foye avec sa famille. Il sera profondément traumatisé par la violence des combats. Il recevra un éclat à la poitrine. C’est donc avec beaucoup d’angoisse que plus tard il verra partir ses trois fils lors de la guerre de 1914.
S’ensuivront un certain nombre de combats meurtriers dans l’Est vers Besançon et Pontarlier. Puis Le Mans et Laval. C’est alors que sera signée l’armistice le 26 Janvier 1871.
Parmi les jeunes de La Foye plusieurs mourront de maladie entre le mois de septembre 1870 et janvier 1871 :
François-Léon Bonnin, né le 28 mars 1850 à La Foye, fils de François Bonnin et Marie Bonneau, soldat de 2eme classe au 22eme régiment de ligne. Il décède le 3 décembre 1870 à l’Hôpital militaire de Perpignan de fièvre typhoïde.
Léon Eturny, domestique au Puiroux, père François Eturmy, garde mobilie, décéde le 28 janvier 1871, à l’hôpital civil de Cherbourg à l’âge de 26 ans.
Alexandre Guignebert, né en 1846 à La Foye, 1,69m, fils de Michel Guignebert, cultivateur au bourg, et Madelaine Lamarre, est Garde national mobile des Deux-Sèvres à la 1ere compagnie, 3eme bataillon. Il décède le 14 février 1871 à Damparis, commune de Dôle (Jura), à l’âge de 24 ans.
Olivier Rousseau né en 1845, cultivateur au bourg, 1,60m et « variqueux », fils de Jean Rousseau et marie Arnaud, sera également garde mobile des Deux-Sèvres. Il décèdera le 2 février 1871 à l’hôpital de la marine de Cherbourg.
Jean Guitteau, né en 1846, père Jacques Guitteau et mère Marie Nourigeon, sera soldat de deuxième classe dans les Gardes mobiles des Deux-Sèvres. Il décèdera le 24 mars 1871 à l’hôpital militaire de Rennes.
Jacques Gagnepain, né en 1850 à La Foye, 1,70m, cultivateur au bourg, fils de François Gagnepain et Marie Brisson, éclaireur, éclaireur au 5eme bataillon d’infanterie, 9éme compagnie, décède à 20 ans, le 10 février 1872, de bronchite capillaire à l’hôpital civil et militaire de Romorantin (Loir-et-Cher).
Mathias Nourisson, fils de Jean Nourisson et Madeleine Thibaudeau, matelot de 3eme classe sur le trois mats de commerce « Alfred Louis ». Il décédera à La Rochelle le 6 Janvier 1871 à l’âge de 20 ans.
Sur le monument aux morts, on retrouve 7 noms.
N’y figureront pas François Bonnin et Pierre Charruyer, né à La Foye le 8 janvier 1854, fils de François Charruyer et Madeleine Arnaud, cavalier de 2ème classe au 13 régiment de chasseurs, 4eme escadron, ce dernier étant décédé quelques années plus tard, le 20 février 1876 à l’hôpital de Versailles.
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