1616 : Contrat d'apprentissage du métier de maréchal-ferrant

Contrat offert par Pierre TAFFOIREAU, habitant à Niort, à René NOURRIGEON, fils d'un laboureur de La Foye, passé le 7 octobre 1616 chez Me SABOURIN, notaire à Niort.

Document communiqué par Stéphane DALLET.

Transcription originale de FROUGHOL et Jean Dominique PELLEGRINI

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Contexte

L'acte est rédigé au début du règne de Louis XIII, en 1616. Bien que couronné depuis 1610, le jeune roi n'a encore que 15 ans. C'est sa mère, Marie de Médicis, qui dirige le royaume.

Cette année-là l'hivers avait été très dur. La Seine et le Rhône avaient gelé et il avait beaucoup neigé. Ces conditions n'avaient pas empêché le duc de Guise de battre Condé à Saint-Maixent, le 6 janvier.

Quelques jours plus tard, une armistice avait été négocié à Niort entre la régente et les princes protestants. Cette trève aboutissait début mai au traité de Loudun, mettant fin à une guerre civile qui durait depuis plus d'un an. Condé était rentré à la cour, mais en septembre la reine le faisait arrêter sur les conseils de Richelieu, entraînant une nouvelle révolte des protestants.

Ce même mois, Pierre NOURRIGEON, laboureur au village, s'était mis d'accord avec Pierre TAFFOIREAU, maréchal-ferrant habitant à Niort. Ce dernier prendrait son fils, René, en tutelle, et ferait de lui son élève.

René a déjà 22 ans, ce qui est relativement âgé pour un apprenti. Il s'apprête à quitter La Foye pour la demeure de son nouveau maître, à Niort, où il résidera désormais jusqu'au terme de son apprentissage, en mars 1618 (soit 18 mois à commencer du 10 octobre 1616).

Son père, en échange du logis, de la nourriture, du blanchissage et de l'éducation fournis à son fils, s'acquittera d'une somme de 75 livres tournois, payable en deux versements : une première moitié le 1er novembre et le reste le 10 octobre de l'année suivante, soit après un an d'apprentissage.

Durant cette période, René ne pourra s'absenter qu'au dépend de son temps de formation, qui ne sera pas reconduit.

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Texte

Aujourd’hui Pierre TAFFOIREAU, maitre maréchal demeurant en cette ville de Niort, prend pour apprenti René NOURRIGEON, âgé de vingt deux ans ou environ, fils de Pierre NOURRIGEON, laboureur demeurant à La Foye-Monjault. Il promet de lui montrer et lui apprendre au mieux de son pouvoir les arts et métiers de maréchal et les choses en dépendant, et en outre de le nourrir, loger et blanchir en sa maison et dépendances ordinaires, pendant le cours d’un an et demi consécutivement, à commencer lundi prochain, dixième des présents mois et an, ledit NOURRIGEON fils devant obéissance audit TAFFOIREAU comme apprenti, sans pouvoir s'absenter sous peine de tous dépends, dommages et intérêts, et d’être contraint de retourner parachever ledit apprentissage et sans que pour ladite absence, ledit TAFFOIREAU ne soit tenu faire aucune division du prix dudit apprentissage, lequel est fait à ladite charge et outre moyennant la somme de 75 livres tournois, laquelle somme ledit NOURRIGEON père promet et sera tenu d'apporter et de payer audit TAFFOIREAU, en sa demeure de Niort, à savoir 37 livres 10 sols versés le jour de  la fête de la Toussaint prochaine (1er novembre), et la même somme de 37 livres 10 sols le dixième jour d’octobre de l’année suivante 1617, protestant ledit NOURRIGEON père de pouvoir compter ladite somme à son dit fils, apprenti, sur la cinquième partie que son dit fils a en sa communauté mobiliaire tout ce que dessus. 

Lesdits TAFFOIREAU & NOURRIGEON père et fils, personnellement établis et soumis en droit, ont respectivement stipulé et accepté, promis et promettent de garder et d'accomplir, et à ce faire ont juré leur foi obligé et hippothéqué tous et chacun leurs biens presents et futurs quelconques et outre lesdits NOURRIGEON père et fils leurs personnes à tenir pris et comme pour d'envers [...] royaux, renonçant etc. dont etc. jugées etc. fait audit Niort en l’étude de moi SABOURIN, le 7e jour d’octobre 1616 après-midi et à déclaré ledit NOURRIGEON père ne savoir signer.

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Transcription originale

Aujourd’huy Pierre TAFFOIREAU, maitre mareschal demeurant en ceste
ville de Nyort à prins et prand pour apprantif René NOURRIGEON aagé
de vingt deux ans ou environ, fils de Pierre NOURRIGEON, laboureur demeurant à la
Foie Monjault, promis et promect luy monstrer & apprandre au mieulx
de son pouvoir les arts & mestier de mareschal & choses en deppandants
et oultre le nourrir, loger & blanchir en sa maison & despans
ordinayres pandant le cours d’ung an & demy consecutifvement à
commancer lundy prochain dixiesme des présents mois & an, dezservant
& obeissant ledit NOURRIGEON filz, audit TAFFOIREAU comme apprantifz
soict tenuz aller sans se pouvoir absanter à paine de tous despans
dommages & interests et d’estre contrainct de retourner parachever ledit 
apprantissage et sans que pour ladite absance sy auculne 
advenoict ledit TAFFOIREAU soyt tenu faire aucune division du prix
dudit apprantissage, lequel est faict à ladite charges et oultre
moyenant la somme de soixante & quinze livres tournois
laquelle somme ledit NOURRIGEON père promect et sera tenu apporter
& paier audit TAFFOIREAU en sadite demeure audit Nyort, scavoir trante sept
livres dis sol dedans le jour & feste de toussainctz prochainement venant
et pareille somme de trante sept livres dis sols dans le
dixiesme jour d’octobre de l’année que l’on comptera mil six
centz dix sept, protestant ledit NOURRIGEON père de pouvoir compter
ladite somme à sondit fils apprantif sur la cincquiesme partie que sondit fils 
a en sa communaulté mobilliaire tout ce que dessus. Lesdits
TAFFOIREAU & NOURRIGEON père et fils personnellement establis
& soubsmis en droict etc ont respectivement stippullé & accepté
promis & promettent garder & acomplir, et à ce faire ont juré
leur foy obligé & hippotecqué tous & chacun leurs biens presents
& futurs quesconcques et oultre lesdits NOURRIGEON père &
fils leurs personnes à tenir pris et comme pour d'envers ... royaux
renonçant etc. dont etc. jugées etc. faict audit Nyort en l’estude
de moi Sabourin le septieisme jour d’octobre mil sixcentz seize
après midy et ad… ledit NOURRIGEON père ne scachant signer.

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